« Lucien a été un homme heureux et qui rendait les autres heureux », a affirmé le cardinal Maurice E. Piat, lors de la béatification de Lucien Botovasoa (1908-1947), le 15 avril 2018 à Madagascar. Le laïc et père de famille, tertiaire franciscain, a été tué en haine de la foi à Vohipeno (Madagascar).
Homélie Béatification Lucien Botovasoa
Introduction
a) Je suis très reconnaissant envers l’Eglise de Madagascar de nous avoir donné un 3e Bienheureux Lucien Botovasoa après Bienheureux Victoire Rasoamanarivo et Bienheureux Raphaël Rafizinga. C’est le signe que l’Eglise de Madagascar est comme une branche vivante de l’arbre de vie, comme un sarment bien attaché au tronc de la vigne puisqu’il porte de si beaux fruits.
b) Comme vous savez le Pape François a écrit récemment une belle lettre aux fidèles catholiques pour nous inviter à vivre la sainteté. Plusieurs choses qu’il dit dans cette lettre s’éclairent quand je lis et je médite le récit de la vie de Lucien. Et cela m’a beaucoup touché personnellement, beaucoup éclairé, comme si j’avais besoin de Lucien pour bien comprendre et bien réagir à la lettre du Pape François.
1. Par exemple, le Pape François dit que la sainteté
a) N’est pas réservée aux religieux, aux prêtres, aux moines ; mais que la sainteté peut se vivre dans la vie ordinaire de chrétiens ordinaires qu’on rencontre au marché, dans la rue, au travail. « La sainteté de la porte d’à côté ».
Voyez la simplicité de Jésus sur la route d’Emmaüs, il marche avec les 2 disciples découragés, il les écoute, les éclaire, il reste avec eux pour le repas.
b) Or, Lucien a vécu une belle, une grande sainteté dans une vie ordinaire
- dans sa vie d’étudiant, en étant appliqué, régulier, en faisant de ses études non pas un moyen de se glorifier socialement mais un moyen de servir ses frères ;
- dans sa vie de fils – en allant régulièrement aider son père dans ses plantations ;
- dans sa vie d’époux fidèle, attentionné ;
- dans sa vie de père de famille, très présent, qui transmet la foi à ses enfants ;
- dans sa vie d’enseignant qui se donnait totalement à ses élèves ;
- dans sa vie de citoyen – intègre – refusant toute corruption, artisan de paix, – refusant toute vengeance.
- Le Pape nous dit aussi dans sa lettre : a) La sainteté c’est un bonheur, une joie qui illumine notre vie. C’est pourquoi Jésus, dans son enseignement nous dit
Heureux les pauvres de cœur
Heureux les doux
Heureux les miséricordieux
Heureux les artisans de paix
La sainteté nous rend heureux
b) Lucien a été un homme heureux et qui rendait les autres heureux
- à l’école
- dans sa famille avec son épouse/ses enfants
- dans son village
Il rayonnait d’un bonheur simple
- il n’avait pas besoin de grandes richesses pour être heureux
- il n’avait pas besoin d’honneur pour être heureux
- il n’avait pas besoin de pouvoir pour être heureux
mais il vivait un bonheur qui s’exprimait dans une vie de service humble, une vie toute donnée à sa famille, à ses élèves, à son village
- La sainteté nous dit encore Pape François, c’est l’amour
- C’est se laisser aimer par Jésus qui nous aime malgré nos faiblesses, nos péchés. C’est faire confiance à cet amour qui veut nous relever, nous guérir
- La sainteté c’est aussi aimer ce Jésus à son tour, lui donner notre vie.
- Lucien a découvert la bonne nouvelle de l’amour du Christ grâce à une dame catéchiste Marguerite Kembarakala.
- Lucien a fait confiance à la miséricorde de Jésus, à ce Jésus qui lui disait dans le silence de son cœur « Ne crains pas, je suis avec toi. Tu comptes pour moi ».
- Lucien a découvert le bonheur d’aimer son prochain gratuitement, le bonheur de pardonner, le bonheur de faire la paix, le bonheur d’aimer avec patience, sans chercher de récompense, le bonheur d’aimer et de prier pour ses ennemis.
- Lucien a vécu la « Béatitude »
- « Heureux les miséricordieux »
- « Heureux les artisans de paix
- « Heureux les doux ».
- La sainteté est aussi un combat spirituel nous dit Pape François.
Jésus lui-même a mené ce combat en résistant aux tentations du diable au désert, et aussi à l’agonie lorsqu’il en renonçait, à faire sa volonté pour faire la volonté du Père.
Lucien aussi a résisté aux tentations de ceux qui voulaient l’utiliser à des fins politiques. Il a résisté à ceux qui voulaient le corrompre, le faire agir contre sa conscience.
Lucien a vu que la volonté de Dieu était qu’il donne sa vie pour sauver la vie de beaucoup de ses frères et Lucien a renoncer à se sauver pour sauver ses frères, sa famille.
Lucien a suivi Jésus avec confiance jusqu’au don de sa vie.
C’est pourquoi aujourd’hui nous nous rappelons de lui et nous rendons grâce à Dieu pour le témoignage qu’il a donné jusqu’au martyr.
- La sainteté, c’est aussi une force d’attraction, quelque chose qui nous attire
Quand un homme nous aime jusqu’à donner sa vie pour nous, nous sentons qu’il y a là une source de vie, un chemin de vie.
Jésus a dit « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » et aujourd’hui encore il nous attire, il nous rassemble, il nous donne du courage, de la joie.
Lucien, de par sa manière de vivre et de parler de sa foi a attiré beaucoup de gens
- Il a attiré ses élèves à qui il enseignait le catéchisme
- Il a attiré ses propres enfants à qui il transmettait la foi, le bonheur de faire confiance à Jésus
- Il a attiré ses voisins, ses concitoyens par son intégrité – son refus de voler de l’argent, par sa manière de faire la paix – son refus de vengeance
- Il a même attiré ses ennemis à qui il a pardonné
- Il a attiré le roi qui l’avait condamné et qui s’est converti
Conclusion
Aujourd’hui la vie et le martyr de Lucien sont comme une semence de vie qui va porter du fruit.
Jésus a dit « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas il reste seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits ».
Rendons grâce à Dieu d’avoir suscité à Vohipeno un si bel exemple de sainteté simple, joyeuse, humble, patiente qui rayonne – qui attire.
Et demandons au Seigneur pour chacun de nous la grâce de nous laisser attirer par Jésus et par son martyr Lucien. Et cela portera beaucoup de fruits dans la vie de famille, dans la vie sociale et politique.
Lucien nous a ouvert un chemin de vérité et de vie, un chemin de lumière et de joie.
Laissons-nous entraîner nous aussi à aimer nos frères et sœurs humblement, simplement. A aimer gratuitement, sans chercher notre avantage, sans chercher des honneurs, mais simplement pour servir et donner notre vie.