Lutter contre les "phobies": antisémitisme, christianophobie, islamophobie

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Le P. Lombardi analyse les rencontres du 28 novembre à Ankara

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Les religions, ensemble, peuvent contribuer à la construction de la paix, lutter contre les « phobies » et il semble même qu’il y ait de la part de certains musulmans un désir de « solidarité » du christianisme pour surmonter terrorisme et fondamentalisme, explique le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi sj, dans un entretien accordé, en italien, à Radio Vatican.

Le pape François et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont parlé, dans leur rencontre privée, des réfugiés, de l’engagement de la Turquie pour le réfugiés, le lutte contre le terrorisme et, souligné par les leaders musulmans, de l’islamophobie, en Occident et dans d’autres régions, « qu’ils sentent grandir, avec préoccupation », révèle le P. Lombardi.

« Naturellement, dit-il, c’est un thème que nous affrontons dans le cadre plus large de la lutte contre les phobies : islamophobie, christianophobie – que l’on connaît bien avec la persécution des chrétiens dans de nombreuses parties du monde, qui sont gravissimes – et il y a aussi l’antisémitisme. Donc là-dessus, le pape donne toujours une perpective très large et objective. Il dit que tout ce que va dans la direction du fondamentalisme et du refus de l’autre, du (refus) du respect de la liberté de l’autre, de sa liberté religieuse, doit être combattu avec beaucoup de décision. »

« Un autre point que le pape a abordé pendant ce dialogue, ajoute le P. Lombardi, est celui de la liberté d’expression, de la liberté d’exprimer sa pensée, d’exercer la raison: la personne humaine a une liberté qui doit être respectée et justement en tant qu’être rationnel et en tant que croyant, en tant qu’elle exprime sa pensée. Cela ne doit pas être opprimé. » 

Il souligne que c’était déjà « le message de Benoît XVI », non seulement en Turquie mais « à Ratisbonne, où il avait fait l’objet d’incompréhension, mais c’était un thème très profond et incontournable ». 

A ce sujet, il souligne que « la rencontre avec le Diyanet a été très importante parce qu’il a situé le rapport entre chrétiens et musulmans dans une perspective très ample, voire mondiale: on a parlé des problèmes de l’islam non pas seulement en Turquie, mais dans tant de pays d’Afrique, et d’autres pays du monde: l’islam se sent déchiré par des conflits, et il m’a donc semblé que, d’une certaine manière on ressentait le désir, de la part de l’islam, de la solidarité du christianisme pour lutter ensemble contre, disons, les maladies du monde d’aujourd’hui, y compris celles du terrorisme et du fondamentalisme. »

« Dans son discours, précise le P. Lombardi, le pape a employé des expressions très fortes comme « nous, musulmans et chrétiens »: « nous, musulmans et chrétiens » nous avons des choses en commun, des engagements communs ».

Le pape a dit en effet: « Nous, Musulmans et Chrétiens, nous sommes dépositaires d’inestimables trésors spirituels, parmi lesquels nous reconnaissons des éléments qui nous sont communs, même vécus selon nos propres traditions : l’adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la prière, l’aumône, le jeûne… éléments qui, vécus d’une manière sincère, peuvent transformer la vie et donner une base sûre à la dignité et à la fraternité des hommes. »

« Cela, continue le P. Lombardi, a donné, je crois, une perspective d’une grande respiration à cette rencontre »: « il s’agit de regarder ensemble le monde d’aujourd’hui et comprendre que les conflits, les tensions dans les grandes religions – et dans l’islam il y a tant de terrible conflits, – sont des questions cruciales pour le bien de l’humanité. »

Le P. Lombardi souligne l’appel du pape François à la « créativité » dans le domaine du dialogue interreligieux: le pape exprime le voeu que « le dialogue interreligieux trouve des voies, grâce à la créativité, pour se développer dans le cadre de la mondialisation, hélas travaillée par des conflits, des limites, des tragédies. Et comment les religions ensemble devraient donner une belle contribution pour la construction de la paix ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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