Cardinal Antonio Luis Tagle, Capture CTV

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L’évangélisation doit prendre la forme d’un dialogue, par le card. Tagle

Religion et politique à la Grégorienne

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« L’évangélisation en Asie, mais pas seulement là-bas, doit prendre la forme d’un dialogue surtout avec les cultures et les religions », déclare le cardinal Tagle. Une synthèse d’après Radio Vatican en italien.
Le dialogue des religions
Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, est en effet intervenu lors de la présentation du livre Religion and Politics, rédigé par des étudiants de l’Ecole Sinderesi, l’université pontificale Grégorienne, avec la Fondation Konrad Adenauer.
Le cardinal Tagle se rendra auprès des réfugiés de Syrie et d’Irak du 28 février au 2 mars, au cours d’une visite au Liban. Les Caritas Jordanie, Caritas Liban et Caritas Turquie continuent de fournir des aides aux réfugiés qui sont maintenant 5 millions.
Face aux fondamentalismes « irrationnels », le cardinal philippin affirme que les hommes de foi sont appelés à « prouver que les religions peuvent faire le bien, montrer qu’en travaillant ensemble, elles peuvent promouvoir le développement humain, et empêcher que la religion ne soit utilisée comme arme de destruction ».
Le dialogue concret des cultures
Le président de Caritas internationalis a aussi insisté sur l’importance de « solliciter et développer une intelligence culturelle », de façon à comprendre l’influence que peut avoir la culture sur notre manière de penser et sur celle de l’autre ; de « trouver les points communs et les différences » entre nous, « dans le respect et la volonté d’apprendre l’un de l’autre ».
Il s’agit, a-t-il expliqué, de « considérer concrètement la religion et la culture de l’autre, en nouant des liens d’amitiés ; de ne pas étudier les cultures uniquement dans les livres ou de manière abstraite. Les cultures, les religions, sont ancrées dans les personnes. C’est en faisant connaissance avec ces personnes, en parlant, en nous disputant et en riant avec elles, que nous pouvons entrer dans leur monde et leur culture ».
La miséricorde, au-delà des frontières de l’Eglise
Le jubilé de cette année, a poursuivi l’archevêque de Manille, invite à témoigner de la miséricorde de Dieu « au-delà des frontières de l’Eglise catholique », « à l’intérieur de l’Eglise mais aussi à l’extérieur », en allant au devant « d’autres frères et sœurs, proches ou lointains, avec une préférence pour ceux qui souffrent ou sont abandonnés ».
« Là où règne l’injustice, la miséricorde est absente. Les victimes de ces injustices ne connaissent pas la miséricorde ou sont victimes d’actions sans miséricorde. (…) Regardons ces victimes et étendons jusqu’à elles notre miséricorde, voyons en elles un frère, une sœur… », a demandé l’archevêque.
Et pour cela, il a invité à aller puiser « aux sources de la miséricorde présentes dans les religions » : un aspect « très présent en Asie, surtout dans les familles interreligieuses », où « maris et femmes de traditions religieuses différentes apprennent à être miséricordieux l’un avec l’autre, chaque jour ». En Asie, la famille, surtout ce genre de famille, devient une « école  de miséricorde », a-t-il fait remarquer.
Et les évêques d’Asie travaillent dans cette dynamique, a indiqué le cardinal Tagle, « avec les moines bouddhistes par exemple, avec qui ils partagent la nourriture à donner aux personnes de leurs communautés qui ne mangent pas à leur faim » : « Ils mendient de la nourriture pour les autres, pas pour eux… Un enseignement à tirer de ce témoignage de miséricorde : le meilleur doit être donné au plus démuni. »
Un jeune réfugié de Syrie
Le cardinal Tagle a lui-même témoigné de la terrible situation des réfugiés, qu’il a touchée du doigt lors de sa visite dans un camp en Grèce, à Idomeni : « Il y avait un jeune Syrien, tout seul. Alors que nous lui donnions de quoi manger, il m’a demandé : ‘Tu es musulman ?’ J’ai souri et lui ai répondu : ‘Non.’ Il s’est alors éloigné, son regard fixé au mien. Je me souviens encore de ses yeux, de nos regards qui se sont ‘rencontrés’, et toutes les nuits je prie pour ce garçon. Je ne connais pas son nom, mais il a reçu du pain d’un non-musulman et pendant un bref instant, il y a eu ‘contact’ entre deux personnes liées par la souffrance. »
Changements climatiques
Pour ce qui est des changements climatiques qui ont fait l’objet de deux documents de la Fédération des épiscopats d’Asie, il a rappelé que ce thème « n’intéresse pas seulement les scientifiques, les technocrates, mais aussi les groupes religieux qui pourraient s’unir et défendre leur cause ensemble ». Parmi eux ne pas oublier les religions traditionnelles indigènes qui, comme les grands groupes, ont leur mot à dire « dans la recherche d’une réponse en matière de justice, de paix et d’intégrité climatique ».

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Océane Le Gall

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