Les chiffres, les métiers, les péchés de l'IOR, par J.-B. de Franssu

Print Friendly, PDF & Email

Jour deux pour le nouveau président de la banque commerciale du Vatican

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Les chiffres, les métiers, et les péchés de l’IOR : pas de langue de buis pour Jean-Baptiste de Franssu qui a répondu ce matin aux questions de Jean-Pierre Elkabbach au micro d’Europe 1, ce jeudi 10 juillet, deuxième jour de son travail comme nouveau président de la banque commerciale du Vatican, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR). Jamais un Français n’avait été appelé à ce poste depuis la fondation de l’institut en 1942.

Les chiffres de l’IOR et ses clients

« L’institut gère aujourd’hui 6 milliards d’euros pour toutes ses clientèles. Sous différentes formes : 2 milliards d’euros de dépôts, 3.4 milliards sous forme de produits de gestion, et il y a également des dépôts d’actifs. »

« Il y a 15 500 clients aujourd’hui, à l’institut. »

« Depuis que le Benoît XVI, suivi par le pape François, ont souhaité une plus grande transparence et une adhésion aux principes internationaux dans le domaine financier, environ 2 000 comptes ont été fermés. »

Les métiers de l’IOR

« Cet institut a été créé en 1942, pendant la guerre, époque où le Saint-Siège était coupé du monde, avec pour mission de servir les différentes congrégations et les diocèses de par la monde, ainsi que les personnes qui travaillent au Vatican. »

« La banque commerciale (…) a deux grands métiers : son premier, c’est d’offrir des services en matière de paiements bancaires pour les congrégations et les diocèses de par le monde, et les personnes qui travaillent au Vatican ; le deuxième, c’est de gérer leur patrimoine, le patrimoine de ces institutions et de ces particuliers. »

« Elles peuvent le confier à l’IOR mais elles peuvent le confier à d’autres établissements. Il est évident que lorsqu’elles décident de le confier à l’IOR, elles le font dans une démarche de partage de valeurs éthiques. »

 » Elles peuvent confier au Vatican la gestion d’une partie de leurs richesses. C’est de ça dont il s’agit. »

 « Lebut de cette institution est de servir le Saint-Siège, les congrégations et les diocèses, dans une démarche volontaire, avec les personnes qui sont au Saint-Siège, laïcs ou hommes de Dieu. »

« Si vous n’êtes pas un employé ou un retraité du Vatican, vous ne pouvez déjà plus avoir un compte au sein de l’institut IOR. »

« Parce que nous avons des règles, comme établissement bancaire ou de gestion. Nous avons des principes, des clientèles sur lesquels nous nous concentrons. Nous essayons de ne pas nous disperser. »

« Oui. Elle a des relations commerciales avec d’autres établissements de par le monde et cela continuera. »

« L’objectif est notamment de gagner de l’argent. Mais ce n’est pas une entreprise commerciale comme une autre. C’est un institut qui est là pour servir le Saint-Siège, et dans le cadre des activités menées, évidemment que nous allons gagner de l’argent. Tout ça pour permettre au Saint-Père et à l’Eglise d’aider les pauvres et à la propagation de la foi. »

(Micro-crédit ?) « La question a déjà été posée par mon prédécesseur et je l’explorerai à nouveau. C’est sûr que l’Eglise, compte tenu de sa présence dans les pays les plus pauvres, a un rôle à jouer dans ce domaine. »

« Je n’ai pas du tout envisagé des acquisitions pour le pape François, et ce qu’on me demande de faire ne se rapporte pas à ce genre d’activités. Mais tout ce qu’on me demandera visera à donner aux clientèles de cet institut les produits et services de qualité qu’ils sont en droit d’attendre. »

Les péchés de l’IOR

« Je crois qu’il y a une sorte d’exagération, de focalisation sur cet établissement qui a été très grande. Ceci dit, il n’y a jamais de fumée sans feu. Il y a des opérations qui ont été délictueuses dans le passé, mais c’est derrière nous. »

(Des malversations cachées qui rapportaient beaucoup ?)

« Beaucoup, je ne sais pas. Mais qui ont coûté beaucoup à l’Eglise, en tout cas. Et des malversations, oui, il y en a eu. »

(On disait que la mafia italienne venait blanchir son argent au Vatican.)

« On a dit beaucoup de choses. »

(On a également dit qu’il y avait eu des morts.)

« Oui, on l’a dit également. »

  (On l’a dit mais c’est vrai.)

« C’est vrai. »

A propos du pape François

 « Le pape est guidé par trois grands principes en ce qui concerne les activités administratives et financières : la transparence, la responsabilité et la tolérance zéro. »

« Il ne protégera personne. »

« C’est très simple : transparence, toujours plus de transparence, la responsabilité, et tolérance zéro sur toutes les activités menées par l’institut. »

« On a travaillé très vite mais on avait surtout une autorité qui était très exigeante et qui voulait des résultats rapides. Et c’était le Saint-Père. »

« Le pape a été très actif. Nous avons eu la joie, l’honneur et la chance de travailler avec lui à plusieurs reprises. Nous avons toujours eu en face de nous quelqu’un qui nous a écoutés très attentivement et a guidé nos réflexions avec l’ambition de faire évoluer la curie, à Rome. »

« Il a beaucoup écouté, c’est un homme d’écoute. Mais il a aussi parlé, exprimé ses opinions. Il nous a guidés dans les réflexions que nous menions. »

« Il nous a dit : « Je n’aime pas l’argent, mais j’en ai besoin pour aider les pauvres…  et j’ai besoin d’argent pour la propagation de la foi. » »

« C’est un immense honneur qui m’est fait. Etant catholique pratiquant, c’est quelque chose qui m’est très cher. C’est un homme qui est totalement donné. Dans le monde dans lequel nous vivons où, trop souvent, de plus en plus de choses n’ont plus d’importance, voilà un homme de 77 ans qui travaille jour et nuit et a donné sa vie pour le bien commun. C’est une autorité, une personnalité impressionnante, qui a un très grand focus et sait où aller pour le bien commun. Nous avons toujours eu des relations très précises. »

« Regardez ces moments extraordinaires de cette rencontre en Mahmoud Abbas et Shimon Peres dans les jardins du Vatican, il y a quelques semaines. Cette autorité, on la voyait, elle était présente. Qui a pu faire ce qu’il a fait dans ce cadre-là ? Encore une fois, dans le monde d’aujourd’hui, où on est soumis en permanence aux jeux de pouvoir, voir une personnalité qui ressort avec une telle autorité, c’est très marquant. »

 La grande réforme

« Il y a un ministre de l’économie au Saint-Siège, désormais. Cela faisait partie des recommandations que nous avions émises. Le ministère est à côté de la secrétairerie d’Etat, concentrée sur les affaires diplomatiques et religieuses. Le secrétariat d’économie s’occupe, lui, des dossiers économiques et administratifs. » 

Les laïcs dans l’Eglise

« C’est un des thèmes forts du Saint-Père. Plus de laïcs doivent être impliqués dans la vie de l’Eglise, et plus particulièrement dans le domaine administratif, économique. Et comme le Saint-Siège, c’est l’Eglise universelle : plus de laïcs du monde entier, plus de femmes, plus d’hommes qui doivent représenter l’Eglise de par le monde. Si vous avez regardé les autres annonces faites hier, un certain nombre de comités techniques ont été mis en place, avec des gens issus d’Amérique latine, d’Europe, d’Asie… »

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel