« Tout le monde appelle le pape “papa”. Cet amour entre les fidèles et le pape devrait être comme l’amour entre un père et son fils », a déclaré l’artiste chinois Yan Zhang, qui a comparé le pape François à la « montagne sacrée » dont il a offert une ébauche au fusain au pontife romain: « le blanc de la neige ressemble au blanc du vêtement du pape. La montagne, c’est lui et au milieu, la croix qu’il porte », a-t-il expliqué.
Le peintre chinois Yan Zhang a participé, ce mardi 21 novembre 2017, à une conférence de presse, dans la salle de presse du Vatican, pour présenter les deux expositions contemporaines qui se tiendront aux Musées du Vatican et à la Cité interdite, à Pékin, au printemps 2018.
Évoquant l’encyclique Laudato si’ du pape François, l’artiste a poursuivi : « La montagne sacrée est le symbole naturel du dialogue et de la civilisation de la rencontre », a-t-il dit. « L’amitié désintéressée entre la Chine et le pape François, et l’idée que nous sommes tous une seule famille, pousseront les hommes à repenser le rapport entre humanité, vie, société et nature. »
Voici notre traduction de la version italienne du discours prononcé en chinois.
HG
Allocution du maître Yan Zhang
Sainteté Pape François, chers invités,
C’est pour moi aujourd’hui un grand honneur parce que mes œuvres « Nature et Religion » s’unissent à des œuvres plus importantes et symboliques des collections chinoises des Musées du Vatican et du Musée national de la Chine, qui se tiendront en même temps aux Musées du Vatican et à Pékin.
En ce moment historique de grand engagement pour développer les relations civiles entre la Chine et le Vatican, en qualité de membre des 1,38 milliards de personnes de nationalité chinoise, je voudrais exprimer notre sincère hommage de véritable amitié à Sa Sainteté le pape François et à tous ceux qui ont contribué aux échanges culturels. Les deux expositions représentent les deux extrémités d’un pont de dialogue de civilisation – en tant que messager de cet échange culturel, c’est une joie et un privilège de transmettre les salutations et l’amitié du peuple chinois.
Le Vatican est le centre de la foi pour un sixième de la population mondiale et a été le cœur de la Renaissance européenne. Depuis la Renaissance, et ensuite avec la première Révolution industrielle, et surtout à la fin du XXème siècle et au début du XXIème siècle, on a observé dans le monde une énorme augmentation de la richesse matérielle et du progrès technologique. Et d’autre part, la relation entre les hommes, et entre l’homme et la nature, n’a jamais été aussi tendue. Bien souvent, l’humanité a développé jusqu’à la capacité de détruire notre écosystème et nous-mêmes. Cela vaut pour le 1,2 milliard de catholiques, pour le 1,38 milliard de Chinois et pour les 7,2 milliards d’habitants de notre monde, nous affrontons tous inévitablement le défi final qui se pose à la race humaine. La survie ou la destruction de la vie sur la terre dépendent de notre réponse à ce défi final pour l’humanité.
Depuis 1993, il y a 24 ans, j’ai commencé une réflexion systématique et continuelle sur ces thèmes, qui m’ont conduit à réaliser plus de 20 tableaux, dont les œuvres Cradling Arme et Iron Staff Lama, qui parcourent le thème de « Nature et Religion » à travers l’usage de la force expressive et tolérante qui est le propre de la peinture à l’huile et la mise au point sur la question finale de l’homme, qui est commune à la peinture et à la culture chinoises comme occidentales. Le 31 mai 2017, Cradling Arm et Iron Staff Lama – les œuvres qui représentent le mieux tous mes travaux et réflexions pendant ces vingt dernières années – ont été offerts en cadeau à Sa Sainteté le pape François en signe d’amitié au nom de 1,4 milliard de Chinois et qui ont été généreusement remis par le Saint-Père aux Musées du Vatican pour rejoindre la collection permanente et y être exposés.
J’ai peint une ébauche au fusain de la Montagne sacrée, qui a été présentée au Saint-Père. À la demande de la Bibliothèque vaticane, j’ai complété la reproduction en créant une peinture de l’ébauche pour la collection de la Bibliothèque.
Pour moi, le Kanrenmuqi est la montagne sacrée de toute l’humanité, qui incorpore l’essence de la religion en elle-même, représente le lieu d’un esprit permanent, devrait être l’éternité et ne peut être détruire !
Tout le monde appelle le pape « papa ». Cet amour entre les fidèles et le pape devrait être comme l’amour entre un père et son fils : le blanc de la neige ressemble au blanc du vêtement du pape. La montagne, c’est lui et au milieu, la croix qu’il porte.
Je voudrais enfin dire que peu importe la nation à laquelle nous appartenons ou le credo que nous professons, « rien de ce qui est dans le monde n’est sans importance pour nous ». Notre Mère la Terre qui est, comme le dit le pape François dans son encyclique Laudato si’, une mère belle qui nous accueille dans ses bras, nous montre que la grande famille des nations peut être tolérante et unie. La culture chinoise et la culture vaticane ont besoin de communication et d’échange, de même que toutes les cultures de la Terre.
La montagne sacrée est le symbole naturel du dialogue et de la civilisation de la rencontre. L’amitié désintéressée entre la Chine et le pape François, et l’idée que nous sommes tous une seule famille, pousseront les hommes à repenser le rapport entre humanité, vie, société et nature. L’esthétique de l’art fera émerger en nous la conscience complète de l’environnement, la bienveillance et la tolérance.
Le dialogue entre nous est possible et inévitable en raison de notre sentiment commun de bienveillance. Au XXIème siècle, l’extraordinaire plan destiné à construire un solide pont de dialogue entre Pékin et le Vatican fera certainement resplendir de nouveau la Route de la Soie ! Puissent l’amitié et la paix régner dans le monde !
© Traduction de Zenit, du chinois et de l’italien, Hélène Ginabat
M. Jiancheng et le maître Zhang, capture CTV 21/11/2017
Le peintre chinois Yan Zhang compare le pape à la «montagne sacrée» (traduction complète)
Deux expositions contemporaines au Vatican et à la Cité interdite