Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens © Vatican Media

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Le pape François invite à "s’aventurer dans la promotion de l’unité"

Audience du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

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« Embrasser le risque de s’aventurer dans la promotion de l’unité : avec une obéissance fidèle et ecclésiale et sans éteindre l’Esprit », c’est l’exhortation lancée par le pape François qui précise : « C’est l’Esprit qui crée et recrée la nouveauté de la vie chrétienne et c’est le même Esprit qui rapporte tout à la véritable unité, qui n’est pas uniformité ». Dans cet esprit, le pape invite les catholiques à accueillir les « nouvelles expressions de vie chrétienne » d’inspiration pentecôtiste, charismatique ou évangélique qui, « sous la direction de l’Esprit, contribuent grandement à l’accomplissement de la mission d’annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre ».
Le pape François a reçu en audience les participants à l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens ce vendredi matin 28 septembre 2018, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique. Il a affirmé que « dans le trésor inestimable de la tradition, reçue des apôtres et gardée tout au long de l’histoire, l’Esprit-Saint n’est pas du tout éteint ou étouffé », mais « il continue d’œuvrer efficacement ».
Le pape a encouragé à multiplier les occasions de rencontre pour « construire des liens d’authentique fraternité » en dépassant la méfiance mutuelle, et à partager « la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, le service rendu aux plus démunis, l’annonce de l’Évangile, la défense de la dignité de la personne et de la vie humaine ». Et de conclure : « l’ouverture du cœur, la recherche de la communion et le discernement attentif sont les attitudes qui devront caractériser, selon l’Esprit, nos relations ».
Voici notre traduction du discours du pape François.
HG
Discours du pape François
Messieurs les cardinaux,
Chers frères évêques et prêtres,
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de vous accueillir et je suis reconnaissant envers le cardinal Koch pour les paroles qu’il m’a adressées. Je vous salue tous et je vous remercie vivement, collaborateurs, membres et consulteurs du Conseil pontifical parce que, par votre engagement quotidien, vous m’aidez à offrir mon ministère d’évêque de Rome comme un service d’unité et de communion, avec des modalités et des formes diverses, pour tous ceux qui croient dans le Christ.
Récemment, certaines rencontres avec des chrétiens de différentes traditions ont été d’une grande importance et d’un grand réconfort. Prier avec les chefs des Églises orthodoxes et orthodoxes orientales à Bari, en communion avec ceux qui souffrent dans le bien-aimé Moyen-Orient, nous a rappelé que nous ne pouvons pas rester indifférents devant les souffrances, malheureusement encore actuelles, de tant de nos frères et sœurs. Nous unir aux chrétiens de différentes traditions à Genève, dans le cadre du soixante-dixième anniversaire du Concile œcuménique des Églises, a été l’occasion de remercier Dieu des fruits abondants du mouvement œcuménique et de renouveler notre engagement irréversible dans la promotion d’une unité toujours plus grande entre les croyants. Célébrer avec beaucoup de frères pentecôtistes le cinquantième anniversaire du Renouveau charismatique catholique à Rome, au Circo Massimo, dans un des lieux où les chrétiens des premiers siècles ont le plus souffert pour le Christ, a permis aux catholiques et aux pentecôtistes d’exprimer les dons et les charismes donnés par le même Esprit dans une symphonie de louange au Seigneur Jésus, en renouvelant notre engagement à réaliser le mandat missionnaire jusqu’aux extrémités de la terre. Ce sont quelques-uns des moments saillants de ce parcours œcuménique que tous les chrétiens sont appelés à réaliser en marchant ensemble, en priant ensemble et en travaillant ensemble, dans l’attente que le Seigneur nous conduise à la recomposition de la pleine unité.
Et je voudrais ajouter aussi la réunion annuelle – Son Éminence a été présente à deux d’entre elles – avec le groupe « Jeunes 17 » des États-Unis et les pasteurs… : il y a une grande amitié et familiarité qui aide beaucoup.
Le thème choisi par votre assemblée plénière – « Pentecôtistes, charismatiques et évangéliques : impact sur le concept d’unité » – est très actuel. La croissance constante de ces nouvelles expressions de vie chrétienne représente un phénomène très significatif qui ne peut être négligé. Les formes concrètes des communautés qui s’inspirent de ces mouvements sont souvent liées au contexte géographique, culturel et social particulier dans lequel elles se développent et c’est pourquoi cette brève réflexion ne tiendra pas compte des situations singulières, mais se réfèrera au phénomène dans son ensemble. Avant tout, nous avons le devoir de discerner et de reconnaître la présence de l’Esprit-Saint dans ces communautés, en cherchant de construire avec elles des liens d’authentique fraternité. Cela sera possible en multipliant les occasions de rencontre et en dépassant la méfiance mutuelle, bien souvent motivée par l’ignorance ou par le manque de compréhension.
Et je voudrais vous offrir une expérience personnelle et faire un mea culpa. Quand (j’étais) supérieur provincial, j’avais interdit aux jésuites d’entrer en relation avec ces personnes – avec le Renouveau catholique – et j’avais dit que, plus qu’à une réunion de prière, cela ressemblait à une « école de samba » ! Ensuite j’ai demandé pardon et, en tant qu’évêque, j’avais une belle relation avec eux, avec la messe dans la cathédrale… Mais un chemin est nécessaire pour comprendre. Parmi les différentes activités que l’on peut partager, se trouvent la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, le service rendu aux plus démunis, l’annonce de l’Évangile, la défense de la dignité de la personne et de la vie humaine. Dans une fréquentation fraternelle réciproque, nous, catholiques, nous pourrons apprendre à apprécier l’expérience de tant de communautés qui, souvent de manières différentes de celles auxquelles nous sommes habitués, vivent leur foi, louent Dieu et témoignent de l’Évangile de la charité. En même temps, elles seront aidées à dépasser les préjugés sur l’Église catholique et à reconnaître que, dans le trésor inestimable de la tradition, reçue des apôtres et gardée tout au long de l’histoire, l’Esprit-Saint n’est pas du tout éteint ou étouffé, mais qu’il continue d’œuvrer efficacement.
Je suis conscient que, dans bien des cas, les relations entre catholiques et pentecôtistes, charismatiques et évangéliques, ne sont pas faciles. L’apparition soudaine de nouvelles communautés, liées à la personnalité de certains prédicateurs, contraste fortement avec les principes et l’expérience ecclésiologiques des Églises historiques et peut cacher le risque de se faire transporter par les vagues émotionnelles du moment et/ou de renfermer l’expérience de foi dans des environnements protégés et rassurants. Le fait que beaucoup de fidèles catholiques soient attirés par ces communautés est un motif de friction mais peut devenir, de notre part, un motif d’examen personnel et de renouvellement pastoral.
Nombreuses en effet sont les communautés qui, s’inspirant de ces mouvements, vivent d’authentiques expériences chrétiennes au contact de la Parole de Dieu et dans la docilité à l’action de l’Esprit, qui conduit à aimer, témoigner et servir. Ces communautés aussi, comme l’a enseigné le Concile Vatican II, ne sont pas du tout sans signification et sans valeur dans le mystère du salut (cf. Unitatis redintegratio, 3). Les catholiques peuvent accueillir ces richesses qui, sous la direction de l’Esprit, contribuent grandement à l’accomplissement de la mission d’annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.
En effet, l’Église grandit d’autant plus dans la fidélité à l’Esprit-Saint qu’elle apprend à ne pas l’apprivoiser mais à accueillir sans peur et en même temps avec un sérieux discernement sa fraîche nouveauté. L’Esprit-Saint est toujours nouveauté. Toujours. Et nous devons nous habituer. Il est nouveauté qui nous fait comprendre les choses plus profondément, avec davantage de lumière, et il nous fait changer beaucoup d’habitudes, y compris des habitudes disciplinaires. Mais il est le Seigneur des nouveautés. Jésus nous a dit que c’est lui qui nous enseignera ; il nous rappellera ce qu’il nous a enseigné, et ensuite il nous enseignera. Nous devons être ouverts à cela. Il faut donc éviter de camper sur des positions statiques et immuables, pour embrasser le risque de s’aventurer dans la promotion de l’unité : avec une obéissance fidèle et ecclésiale et sans éteindre l’Esprit (cf. 1 Ts 5, 19). C’est l’Esprit qui crée et recrée la nouveauté de la vie chrétienne et c’est le même Esprit qui rapporte tout à la véritable unité, qui n’est pas uniformité. C’est pourquoi l’ouverture du cœur, la recherche de la communion et le discernement attentif sont les attitudes qui devront caractériser, selon l’Esprit, nos relations. En cela, les dialogues menés par votre Conseil pontifical avec les pentecôtistes, avec les charismatiques et avec les évangéliques au niveau international, y compris à travers des initiatives comme le « Global Christian Forum », représentent une contribution importante et un encouragement à développer de meilleures relations au niveau local.
Cette semaine, j’ai eu la joie d’avoir des expériences œcuméniques mures sur la « Terre mariale » : la célébration œcuménique dans la capitale de la Lettonie, puis la rencontre œcuménique devant la Porte de la Vierge à Vilnius… Cela a constitué des moments de maturité œcuménique. Je n’avais jamais pensé que le mouvement œcuménique était aussi mûr dans ces lieux.
Avec la certitude que je peux compter sur votre dévouement, en plus de votre prière pour moi, je vous renouvelle l’expression de ma gratitude et je vous donne de tout cœur ma bénédiction.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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