Anti-Defamation League, 9 fév. 2017 © L'Osservatore Romano

Anti-Defamation League, 9 fév. 2017 © L'Osservatore Romano

Le pape François condamne l’antisémitisme et appelle à la non-violence active (traduction intégrale)

Juifs et catholiques ensemble contre la haine

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Une nouvelle fois le pape François condamne l’antisémitisme comme contraire aux « principes chrétiens », il prône l’éducation à la non-violence active en réponse à la violence actuelle et remercie l’Anti-Defamation League justement pour son action dans ce domaine de l’éducation. Il appelle de ses vœux l’action conjointe de juifs et catholiques contre la haine, en citant ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI : ce dernier affirmait notamment que l’on ne peut pas être catholique et antisémite.
Le pape a reçu une délégation d’une trentaine de membres de l’organisation juive des Etats-Unis Anti-Defamation League ce jeudi 9 février 2017 au Vatican.
Une visite mise sous le signe de la construction de ponts, comme l’indique l’ADL sur son compte Twitter : « #ADLRomeMission nous renforçons les relations avec @pontifex et la communauté #Catholique ». Ils citent l’article de David Fox Sandmel dans le Time of Israël qui dit notamment: « Nous allons à Rome pour construire des ponts ».
Voici notre traduction intégrale, rapide, de travail des paroles du pape, à partir de l’original en italien.
AB
Discours du pape François
Chers amis,
Je vous souhaite chaleureusement la bienvenue, et je vous remercie des paroles courtoises que vous m’avez adressées.
Mes prédécesseurs saint Jean-Paul II et Benoît XVI ont déjà reçu des délégations de votre organisation, qui entretient des rapports avec le Saint-Siège depuis l’époque du Concile Vatican II. Je suis reconnaissant pour le fait que ces contacts se sont intensifiés : comme vous l’avez bien souligné, notre rencontre est un nouveau témoignage  non seulement de notre engagement commun, mais aussi de la force bienfaisante de la réconciliation, qui guérit et transforme les relations.
C’est pourquoi nous rendons grâce à Dieu qui certainement se réjouit de voir l’amitié sincère et les sentiments fraternels qui animent aujourd’hui Juifs et Catholiques. Et nous pouvons ainsi répéter avec le psalmiste : « Comme il est bon, comme il est doux pour des frères de vivre ensemble ! (…) Parce que là le Seigneur envoie la bénédiction, la vie pour toujours » (Ps 133,1.3).
Si la culture de la rencontre et de la réconciliation engendre la vie et produit l’espérance, la non-culture de la haine sème la mort et moissonne le désespoir.
L’an dernier, je me suis rendu au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il n’y a pas de mots ni de pensées adéquates face à de semblables horreurs de cruauté et de péché. Il y a la prière, pour que Dieu ait pitié et que de telles tragédies ne se répètent pas.
C’est pourquoi, continuons à nous aider les uns les autres, comme le souhaitait le Saint Père Jean-Paul II, à « permettre à la mémoire de jouer son rôle nécessaire dans le processus de construction d’un avenir où l’iniquité indicible de la Shoah ne soit jamais plus possible» (Lettre d’introduction au document « nous nous souvenons : une réflexion sur la Shoah » 12, 1998): un avenir d’authentique respect de la vie et de la dignité de tout peuple, et de tout être humain.
Hélas, l’attitude antisémite, que je déplore à nouveau, sous toutes ses formes, comme en tout contraire aux principes chrétiens et à toute vision digne de l’homme, est encore répandu aujourd’hui. Je redis que « l’Eglise catholique se sent particulièrement le devoir de faire tout ce qui est en son pouvoir,  avec nos amis juifs, pour repousser les tendances antisémites » (Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, Parce que les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables, 47).
Aujourd’hui, plus que par le passé, la lutte contre l’antisémitisme peut bénéficier d’instruments efficaces comme l’information et la formation. A ce propos, je vous remercie de votre œuvre et parce que vous accompagnez la lutte contre la diffamation par l’engagement à éduquer, à promouvoir le respect de tous et à protéger les plus faibles.
Protéger le trésor sacré de toute vie humaine, de sa conception jusqu’à sa fin, en en préservant la dignité, est le meilleur chemin pour prévenir toute forme de violence.
Face à cet excès de violence qui se répand dans le monde, nous sommes appelés à un « plus » de non-violence, ce qui ne signifie pas passivité, mais promotion active du bien. En effet, s’il est nécessaire, d’extirper l’herbe du mal, il est encore plus urgent de semer le bien, de cultiver la justice, de faire grandir la concorde, de soutenir l’intégration, sans jamais se lasser. C’est seulement ainsi que l’on pourra récolter un fruit de paix. Je vous y encourage, avec cette conviction que rendre disponibles les conditions d’une vie digne, promouvoir la culture, et favoriser partout la liberté de culte, y compris ne protégeant les croyants et les religions de toute manifestation de violence ou d’instrumentalisation, sont les meilleurs antidotes au surgissement de la haine.
Je vous suis également reconnaissant pour le dialogue que vous nourrissez avec l’Eglise catholique à différents niveaux.
J’invoque la bénédiction du Tout-Puissant sur notre commun engagement et sur notre chemin d’amitié et de confiance fraternelle: que dans sa bonté Il nous accompagne et qu’Il nous aide à porter des fruits de bien.
Shalom alekhem! 
[Texte original: Italien] © Traduction de ZENIT, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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