Le pape François a fustigé la « culture laïciste » qui « veut enlever aussi des hôpitaux toute référence religieuse », y compris « la présence même des religieuses », en recevant les Sœurs hospitalières de la Miséricorde le 24 septembre 2016 au Vatican. Le refus du religieux dans les lieux de souffrance, a-t-il mis en garde, « s’accompagne de douloureuses carences d’humanité ».
Devant la congrégation de droit pontifical fondée à Rome en 1821 par la princesse Teresa Orsini Doria Pamphili, le pape a recommandé : « Quand vous approchez un malade, ayez dans le cœur la paix et la joie qui sont le fruit de l’Esprit Saint. Sur ce lit d’hôpital gît toujours Jésus, présent en cette personne qui souffre, et c’est Lui qui demande de l’aide à chacune de vous ».
Lorsque certains malades sont « agaçants », a-t-il ajouté, il faut se souvenir que « nous aussi nous agaçons le Seigneur, et il nous supporte et nous accompagne ». « Ne vous lassez pas d’être des amies, des sœurs et des mères pour les malades », a-t-il insisté.
Les Soeurs hospitalières de la miséricorde, qui sont aujourd’hui présentes notamment en Inde, à Madagascar, au Nigeria, en Argentine, au Cameroun et au Congo, font un quatrième voeu d’hospitalité, en plus des trois voeux de pauvreté, chasteté et obéissance. Un quatrième vœu « plus que jamais d’actualité », a estimé le pape François, « face à la multiplication des personnes sans famille, sans maison, sans patrie ».
AK
Discours du pape François
Chères sœurs, bonjour!
C’est avec joie que je vous accueille en ce jubilé de la miséricorde, dans lequel vous êtes particulièrement impliquées, celui-ci correspondant parfaitement à votre vocation. Je salue Mgr Fisichella, qui accompagne ce Jubilé. Je remercie Mère Paola Iacovone pour les paroles qu’elle m’a adressées ; et je remercie le Seigneur de la détermination que votre famille religieuse met à suivre fidèlement le charisme de ses origines, attentive aux nouvelles formes de pauvreté de notre temps. Vous êtes un signe concret de la façon dont s’exprime la miséricorde du Père. L’intuition de votre fondatrice, la Servante de Dieu Teresa Orsini Doria Pamphili Landi, montre de manière éloquente que la parole du Seigneur peut changer la vie de celui qui devient son disciple. Cette noble dame, laïque, soutenue par deux prêtres, se laissa guider par les paroles de Jésus : J’étais malade et vous m’avez visité (cf. Mt 25,36). Devant la faiblesse de la maladie, il ne saurait être question de distinction de statut, race, langue et culture ; nous devenons tous faibles et devons pouvoir compter sur les autres.
L’Eglise sent comme un engagement et une responsabilité son devoir d’être proche de tous ceux qui souffrent, pour leur apporter consolation, réconfort et amitié. Vous vivez en servant surtout vos frères et sœurs hospitalisés, pour que, grâce à votre présence et votre professionnalisme. ils se sentent davantage soutenus dans la maladie. Et pour faire cela, pas besoin de longs discours: une caresse, un baiser, être à côté d’eux en silence, un sourire. Ne renoncez jamais à ce si précieux service, malgré toutes les difficultés que vous pouvez rencontrer. Il arrive parfois, aujourd’hui, de voir qu’une culture laïciste veut enlever aussi des hôpitaux toute référence religieuse, à partir de la présence même des religieuses. Quand cela arrive, il n’est pas rare de voir que cela s’accompagne de douloureuses carences d’humanité, vraiment criantes dans les lieux de souffrance. Ne vous lassez pas d’être des amies, des sœurs et des mères pour les malades ; que la prière soit toujours la lymphe qui soutient votre mission évangélisatrice.
Quand vous approchez un malade, ayez dans le cœur la paix et la joie qui sont le fruit de l’Esprit Saint. Sur ce lit d’hôpital gît toujours Jésus, présent en cette personne qui souffre, et c’est Lui qui demande de l’aide à chacune de vous. C’est Jésus. Il nous arrive parfois de penser: « Certains malades sont agaçants ». Mais nous aussi nous agaçons le Seigneur, et il nous supporte et nous accompagne! Qu’être proche de Jésus et des plus faibles soit votre force. Le quatrième vœu qui caractérise votre famille religieuse est plus que jamais d’actualité, face à la multiplication des personnes sans famille, sans maison, sans patrie et qui ont besoin d’accueil. En vivant avec cohérence ce vœu particulier, vous assumez en vous les sentiments de Jésus Christ, « Lui qui était riche et s’est fait pauvre » (2 Cor 8,9). Que la sainte Mère de la miséricorde vous accompagne et qu’elle vous soutienne dans votre service quotidien auprès des plus faibles. Je vous bénis de tout cœur et vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.
Et maintenant, ma Mère, si vous avez la prière de consécration, nous pouvons consacrer ensemble l’Institut à la Mère de la Miséricorde.
Traduction de Zenit, Océane Le Gall