« Je me sentis plein de compassion pour les douleurs du Seigneur et je lui demandai ce que je pouvais faire. J’entendis cette voix : « Je t’associe à ma Passion » »: c’est en ces termes du le P. Pio de Pietrelcina, capucin, répond aux interrogations du Visiteur apostolique, le 15 juin 1921, trois ans après l’apparition des stigmates.
C’est à l’occasion du centenaire de ces stigmates que le pape François se rend demain, samedi 17 mars 2018, à Pietrelcina et à San Giovanni Rotondo, où le saint repose.
L’Osservatore Romano en italien du 17 mars 2018 publie cette transcription de la première déposition du Padre Pio, publiée dans le livre de Francesco Castelli, « Padre Pio sotto inchiesta. L’autobiografia segreta » (Milano 2008, pp. 218-221) et extraite des archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
AB
Le Padre Pio devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
15 juin 1921, 17 h.
Archives de la Congrégation pour la Doctrine de la foi
Première déposition du p. Pio da Pietrelcina, capucin
S’est présenté devant moi, soussigné Visiteur apostolique au couvent des Mineurs capucins, le dénommé R. P. Pio de Pietrelcina, lequel en touchant les Saints Evangiles, a prêté serment de dire la vérité, a déposé et répondu comme il suit:
Question: Votre nom et votre présentation.
Réponse: Je m’appelle p. Pio da Pietrelcina, au siècle Francesco Forgione, d’Orazio, j’ai 34 ans. Je me trouve dans ce couvent depuis septembre 1916.
Qu.: Le récit de votre vie.
Rép.: Je suis entré au noviciat de Morcone, province de Bénévent, en 1902 ou 1903 en janvier. L’année suivante, j’ai fait ma profession simple et, en temps voulu, régulièrement la profession solennelle. Du noviciat, je suis passé à S. Elia à Pianisi, province de Campobasso, pour y faire les études de littérature ; à part quelques mois à S. Marco alla Catola, j’ai fait toutes les études philosophiques pendant environ trois ans dans ce même couvent de S. Elia. Les études théologiques à Serra Capriola, province de Foggia et à Montefusco, pendant 4 ans. J’ai été ordonné prêtre en 1910, pendant le cours de théologie, à la fin de la deuxième année, ou de la troisième année, comme il me semble. Pendant cette période, je suis resté plusieurs fois chez moi pour des raisons de santé, fièvre du paludisme et plus tard bronchio-alvéolites. J’ai passé quelques mois à Foggia en 1916, puis je suis venu à S. Giovanni où je me trouve actuellement. Quant au service militaire, j’y suis resté quelques jours, toujours pour des raisons de santé, parce que j’ai été souvent envoyé en convalescence jusqu’à ce que, depuis 1915 quand j’ai été appelé, j’ai été définitivement licencié en mars avant l’armistice. Les quelques jours de service militaire, je les ai passés à Naples, en soins, à l’hôpital, et les convalescences dans ce couvent de S. Giovanni Rotondo.
Qu. : Quand avez-vous été habilité au ministère des confessions et de la prédication ?
Rép.: Je n’ai jamais prêché. J’ai été habilité aux confessions pour certains cas dans ma patrie depuis mon ordination sacerdotale environ (1911) ; ici, j’ai reçu de l’Ordinaire l’autorisation il y a environ trois ans : à Foggia, je ne confessais pas parce que, pour des raisons de santé, je n’avais même pas demandé l’autorisation.
Qu.: Que dites-vous de circonstances apparemment ordinaires qui ont eu lieu autour et au sujet de sa personne, par exemple à Foggia ?
Rép.: Jusqu’à 1912 à peu près, j’ai entendu que des bruits commençaient à être entendus aussi par d’autres à Foggia et qui venaient me voir, malade, pour entendre de quoi il s’agissait : et se présentaient à moi de mauvaises suggestions sous une forme extérieure, parfois des figures humaines, parfois des bêtes, etc. Depuis des années, ni les bruits ni les suggestions ne se répètent.
Qu.: D’autres faits de nature apparemment mystique vous sont-ils arrivés, outre ceux que vous avez mentionnés ?
Rép.: Oui, des apparitions, en état de veille, de Notre Seigneur, de la Vierge Marie et de saint François.
Qu.: Quand des faits de cette nature ont-ils commencé ?
Rép.: En 1911-1912 environ.
Qu.: Après qu’ont cessé les suggestions de nature apparemment diabolique, les fameuses apparitions ont-elles continué ou continuent-elles ?
Rép.: Oui, mais plus rarement.
Qu.: Ces apparitions étaient-elles muettes ou venait-il d’elles des avis, des exhortations, etc ?
Rép.: Oui, je recevais des exhortations à propos de moi-même et aussi des reproches, toutes sur la vie spirituelle : et de même à propos d’autres personnes.
Qu.: Racontez quelque chose de ce qu’on appelle les « stigmates ».
Rép.: Le 20 septembre 1918, après la célébration de la messe, tandis que je restai à faire l’action de grâce, comme cela est dû, dans le chœur, tout à coup, je fus pris d’un fort tremblement, puis le calme est revenu et je vis Notre Seigneur dans l’attitude de quelqu’un qui est sur la croix, mais je ne me souviens pas s’il avait la Croix, se plaignant de la mauvaise réponse des hommes, en particulier de ceux qui lui sont consacrés et le plus favorisés de sa part. De cela se manifestait qu’il souffrait et qu’il désirait associer des âmes à sa passion. Il m’invita à me laisser pénétrer de ses douleurs et à les méditer : en même temps, à m’occuper du salut de mes frères. Après cela, je me sentis plein de compassion pour les douleurs du Seigneur et je lui demandai ce que je pouvais faire. J’entendis cette voix : « Je t’associe à ma Passion ». Et à la suite de cela, la vision ayant disparu, je suis rentré en moi-même, je me suis raisonné et j’ai vu ces marques ici, desquelles coulait du sang. Auparavant, je n’avais rien.
Qu.: Est-ce que d’autres s’en sont aperçus, comment et quand ?
Rép.: Personne ne m’a posé de question directement, à part le Directeur, le p. Benedetto da S. Marco in Lamis. Il n’était pas là, il l’a peut-être su, il m’a écrit et ensuite il est venu.
Qu.: Qu’avez-vous fait à ces « plaies » depuis qu’elles sont apparues ?
Rép.: J’ai cherché à mettre des gants. Au début, pour arrêter le sang, j’utilisais de temps en temps de la teinture d’iode, mais un médecin m’a dit de ne plus l’utiliser parce que cela pouvait irriter davantage. On m’a fait mettre un peu de vaseline quand les plaies s’accentuaient ; j’en ai mis plusieurs fois, mais je n’en utilise plus depuis longtemps. Cela fait presque deux ans que je n’utilise plus rien.
La session est suspendue.
Ceci ayant été dûment approuvé et accepté, le p. Pio fut renvoyé avec le jurement « de silentio servando », qu’il prêta en touchant les saints Évangiles et en confirmation de tout ce qui précède, les signatures furent apposées.
P. Pio de Pietrelcina, capucin.
Acta sunt haec per me, Visitatorem Apostolicum.
L.L S Fr. Raphael C., Episc. Volaterr. Visit. Apost.
Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat
Saint Padre Pio, wikimedia commons
Le Padre Pio devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
« Je me sentis plein de compassion pour les douleurs du Seigneur »