Le p. Cantalamessa invite les croyants à témoigner de la joie à travers « la gentillesse »

Méditation de l’Evangile du dimanche 17 décembre

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ROME, Vendredi 15 décembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 3, 10-18

Les foules lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » A leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. »
Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

© AELF

Réjouissez-vous sans cesse

Le troisième dimanche de l’Avent est entièrement imprégné du thème de la joie. On l’appelle traditionnellement le dimanche « laetare », le dimanche « réjouissez-vous », selon les paroles de saint Paul dans la deuxième lecture : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous ». Dans la première lecture nous entendons les paroles du prophète Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! ». Dans le psaume, cet extraordinaire vocabulaire de la joie s’enrichit encore d’autres termes : « Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion ».

Arrêtons-nous sur cette parole. (L’Evangile est la suite du message de Jean-Baptiste que nous avons commenté dimanche dernier). Dans le poème « Le samedi du village », Giacomo Leopardi a exprimé le concept selon lequel, dans la vie présente, la seule joie possible et authentique est la joie de l’attente, la joie du samedi. C’est le jour rempli de joie précisément parce qu’il est rempli d’espérance. L’attente de la fête est plus belle que la fête elle-même. La possession d’un bien ne fait qu’engendrer la désillusion et l’ennui, car tout bien fini, se révèle inférieur à l’attente, et lasse ; seule l’attente est génératrice de joie authentique. C’est le cas précisément de la joie chrétienne dans ce monde : joie du samedi, qui prélude au Dimanche sans fin qui est la vie éternelle. Saint Paul dit que les chrétiens doivent être dans « la joie de l’espérance » (Rm 12, 12), ce qui ne signifie pas seulement qu’ils doivent « espérer être heureux » (après la mort), mais qu’ils doivent « être heureux d’espérer », heureux dès maintenant pour le simple fait d’espérer.

L’apôtre ne se limite toutefois pas à donner le commandement de se réjouir ; il indique également comment doit se comporter une communauté qui veut témoigner de la joie et la rendre crédible aux autres. Il dit : « Que votre sérénité soit connue de tous les hommes ». Le mot grec que nous traduisons par « sérénité » [traduit par « affabilité » en italien, ndlr] signifie tout un ensemble d’attitudes qui vont de la clémence à la capacité de savoir céder et de se montrer aimable, tolérant et accueillant. Nous pourrions le traduire par « gentillesse ». Il est nécessaire de redécouvrir avant tout la valeur humaine de cette vertu. La gentillesse est une vertu à risque ou même en voie d’extinction dans la société dans laquelle nous vivons. La violence gratuite dans les films et à la télévision, le langage délibérément vulgaire, la compétition à qui pousse le plus au-delà des limites du tolérable en matière de brutalité et de sexe explicite en public, créent en nous une accoutumance à toute expression de laideur et de vulgarité. La gentillesse est un baume dans les relations humaines. On vivrait tellement mieux en famille s’il y avait un peu plus de gentillesse dans les gestes, dans les paroles et avant tout dans les sentiments du cœur. Rien n’étouffe davantage la joie d’être ensemble que la grossièreté du style. « Une aimable réponse apaise la fureur, une parole blessante fait monter la colère « (Pr 15, 1-4). « Une bouche agréable multiplie les amis, une langue affable attire maintes réponses aimables » (Si 6, 5). Une personne gentille laisse une traînée de sympathie et d’admiration partout où elle passe.

Parallèlement à cette valeur humaine, nous devons redécouvrir la valeur également évangélique de la gentillesse. Dans la Bible, le terme « doux » n’a pas le sens passif de « soumis », « docile », mais le sens actif d’une personne qui agit avec respect, courtoisie, clémence envers les autres. La gentillesse est indispensable surtout pour celui qui veut aider les autres à découvrir le Christ. L’apôtre Pierre recommandait aux premiers chrétiens d’être toujours « prêts à la défense contre quiconque (leur) demandent raison de l’espérance qui est en (eux) », mais il ajoutait immédiatement : « Mais que ce soit avec douceur et respect » (cf. 1P 3, 15 s), ce qui signifie, avec gentillesse.

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ZENIT Staff

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