Le « groupe » de huit cardinaux devient un « Conseil » stable

Une expression de la communion épiscopale

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Le pape François transforme son « groupe » de cardinaux un « Conseil » de cardinaux : jusqu’ici le groupe de huit cardinaux des 5 continents institué par le pape, le 13 avril, un mois après son élection, pour le « conseiller » dans le gouvernement de l’Eglise était resté sans nom institutionnel, et ce n’était ni un conseil ni une commission. Il doit exprimer « la communion épiscopale » et épauler le successeur de Pierre. C’est une « nouvelle forme de consultation » instituée par le pape, souligne le P. Lombardi, mais cela n’introduit pas un « gouvernement collégial » dans l’Eglise.

Communion épiscopale et aide pour « Pierre »

Le Saint-Siège publie ce 30 septembre, en italien, un document « chirographe » en date de samedi, 28 septembre, constituant le « groupe » en « Conseil de cardinaux pour aider le Saint-Père dans le gouvernement de l’Église universelle et pour étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Pastor bonus sur la curie romaine. »

Une décision qui donne encore plus de force aux travaux qui vont les réunir trois jours, pour la première fois, à Rome, ensemble, de ce mardi 1er octobre, à jeudi, 3 octobre.

Le pape conçoit le rôle de ce Conseil comme « une expression de la communion épiscopale et de l’aide au ‘munus petrinum’ – (à la « charge de Pierre », ndlr) que l’épiscopat dispersé dans le monde peut offrir ».

Un souhait des cardinaux

Le pape rappelle que cette institution vient des souhaits exprimés par les cardinaux dans  les réunions préparatoires au conclave : les « Congrégations générales ». Ils ont souhaité l’institution d’un « groupe restreint de membres de l’épiscopat provenant des différentes parties du monde, que le Saint-Père pourrait consulter, individuellement ou collectivement, sur des points particuliers ».

Lors de différents synodes, des souhaits analogues avaient été exprimés par différents cardinaux : l’idée était dans l’air dès le pontificat de Jean-Paul II.

Le pape François explique que sa décision s’inscrit donc dans la suite des travaux des cardinaux : « Une fois élu sur le Siège romain, j’ai eu l’occasion de réfléchir à diverses reprises à cette question, et j’ai estimé qu’une telle initiative serait d’une grande aide pour accomplir le ministère pastoral de Successeur de Pierre que mes frères cardinaux ont voulu me confier. »

Et c’est pourquoi il a constitué ce « groupe des huit » : ils auront un rôle stable désormais, et non pas provisoire. Le pape a d’ailleurs testé, depuis cinq mois le fonctionnement de ce « conseil » avant de le confirmer dans son rôle en l’instituant.

Individuellement ou en tant que conseil

Il explique : « Après mûre réflexion, j’estime opportun que ce groupe, à travers ce chirographe, soit institué comme « Conseil de cardinaux », avec la charge de m’aider dans le gouvernement de l’Église universelle et d’étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Pastor bonus sur la curie romaine. Il sera composé des personnes précédemment indiquées, qui pourront être interpellées soit en tant que conseil, soit individuellement, sur les questions que, d’une fois à l’autre, je considèrerai dignes d’attention. »

Le Conseil compte donc actuellement huit cardinaux confirmés dans leur mission, cinq mois après leur nomination: Bertello (Cité du Vatican), Maradiaga (Honduras, coordinateur), Monsengwo (RDC), Errazuriz Ossa (Chili), Pell (Australie), Gracias (Inde), Marx (Allemagne), O’Malley (Etats-Unis) et Mgr Semeraro comme secrétaire (Italie).

Mais le pape se réserve de pouvoir modifier leur nombre selon les besoins, associant ainsi de plus près les évêques du monde à son service de Successeur de Pierre : « Ce Conseil, dont je me réserve le droit de configurer le nombre des membres selon ce qui me semblera le plus adapté, sera une nouvelle expression de la communion épiscopale et de l’aide au munus petrinum que peut offrir l’épiscopat réparti dans le monde. »

Nouvel instrument de consultation

Dans sa récente interview au P. Antonio Spadaro s.j., le pape soulignait sa façon de gouverner: il consulte. Il insiste: « Je veux des consultations réelles, pas formelles » (cf. Zenitdu 20 septembre 2013).

Voilà un instrument nouveau de consultation du pape, comme l’a souligné le P. Federico Lombardi s.j., lors d’une rencontre avec la presse, au Vatican, ce lundi 30 septembre : « un instrument qui enrichit le gouvernement de l’Eglise d’une nouvelle tonalité de consultation ». Il vient renforcer les instruments déjà à disposition du pape pour le gouvernement de l’Eglise par la consultation, l’aide qu’il peut avoir en consultant ».

Il relève les mots-clefs du « chirographe » : la synodalité, au sens étymologique de « marcher ensemble » comme caractéristique d’une « Eglise qui marche ensemble dans ses différentes composantes et le pape est en marche avec cette Eglise ; et le discernement qui est la recherche de la volonté de Dieu, à travers une consultation fréquente et patiente ».

Le directeur de la salle de presse du Vatican a précisé que les cardinaux se sont déjà réunis de façon informelle avant leurs travaux autour du pape, pendant trois jours, à partir de demain, 1er octobre. Ils ont déjà recueilli, a-t-il précisé, de suggestions et des propositions dans leurs aires géographiques et, de leur côté, les différents dicastères du Vatican et la secrétairerie d’Etat ont fait parvenir au pape quelque 80 documents dont le secrétaire du Conseil, Mgr Semeraro a préparé une synthèse.

Aucune obligation de consultation

Les travaux auront lieu le matin (sauf mercredi du fait de l’audience générale) et l’après-midi dans la bibliothèque de la « Terza Loggia » du palais apostolique du Vatican, dans l’appartement papal, utilisé seulement pour l’angélus ou les audiences officielles. Mais les cardinaux sont logés comme le pape à Sainte-Marthe.

Quant à la présence du pape, le P. Lombardi a précisé : « Le pape prévoit de faire une introduction très brève et d’écouter. Substantiellement, la présence du pape est une présence d’écoute de ces conseillers qui auront beaucoup à apporter par leurs considérations, étant donné que le matériel est abondant ».

En outre, il a précisé que la constitution de ce « Conseil » n’introduit pas un « gouvernement collégial » dans l’Eglise dans le sens où le pape « n’est en aucune manière conditionné » dans le sens où le pape ne « doit » pas ni le consulter ni le réunir : « il s’agit d’un conseil auquel il peut être demandé de donner son avis ».

Autrement dit, le pape conserve sa totale liberté d’action et sa totale responsabilité de décision : son autorité n’est pas diminuée, mais plutôt fortifiée par ce Conseil.

Enfin, le P. Lombardi fait observer qu’il n’y a pas de « décisions éclatantes » à attendre cette première consultation : pas de publication de document ni de communiqué final. Autrement dit la machine se met en route et le pape prend le temps des consultations, du discernement dans la prière, du diagnostic, avant d’envisager des solutions aux besoins de l’Eglise qui auront été identifiés, selon « la volonté de Dieu » à chercher ensemble. On comprend que les travaux soient protégés par le silence.

Avec Hélène Ginabat pour la traduction du « Chirographe »


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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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