Le card. Ratzinger pour une « morale commune » aux croyants et aux « laïcs »

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A propos des racines chrétiennes de l’Europe

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CITE DU VATICAN, mardi 14 décembre 2004 (ZENIT.org) – Le cardinal Ratzinger et le président du sénat italien Marcello Pera sont convaincus que l’Europe a besoin de la « collaboration entre catholiques et « laïcs » pour retrouver une « morale commune ».

Le cardinal Ratzinger préconisait ce chemin lors d’une leçon publique sur le thème du livre écrit avec le président italien du sénat, et édité par Mondadori, « Sans racines. Europe, relativisme, christianisme et islam » .

Selon le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, il convient de « retrouver le concept commun d’une raison qui nous est commune » . Le cardinal Ratzinger s’exprimait en ces termes lundi 13 décembre dans le grand amphi de l’université pontificale du Latran lors d’une leçon publique sur les racines chrétiennes de l’Europe.

Le théologien a invité à la redécouverte de la loi naturelle comme base d’une éthique commune: « Nous devons, disait-il, – étudier l’accès à la loi naturelle – peut-être avons-nous besoin d’un autre nom, je ne sais – mais il est nécessaire de trouver le fondement pour trouver la responsabilité commune aux catholiques et aux laïcs, pour une action qui réponde non seulement au « faire » mais aussi au « devoir » et à la morale » .

Pour le cardinal bavarois, cette loi naturelle est indépendante de la foi: « Le droit naturel, expliquait-il, est indépendant de la foi. La foi peut aider à le trouver, mais ne dépend pas d’elle (…). Nous voulons un raisonnement sain et ouvert des consciences civiles nourries » .

« Le livre, a souligné le cardinal Ratzinger, veut être une invitation à un dialogue nouveau et véritable entre catholiques et laïcs, à ce moment de notre histoire avec de grandes possibilités mais aussi de lourdes menaces » .

« Au cours de ces dernières décennies, le pouvoir de l’homme a grandi de façon inimaginable et sa capacité de destruction est toute-puissante. Et nos facultés morales n’ont pas grandi, il y a une disproportion entre le pouvoir de faire et de détruire et les facultés morales » : « le grand défi consiste à trouver comment aider à surmonter cette disproportion » .

Le cardinal rappelait que le concile Vatican II visait à « parvenir à une entente entre la foi catholique et la « laïcité » , mais que la laïcité « peut être radicale et développer un « laïcisme » dogmatique et absolutisé qui ne voit la réalité de la foi que dans le monde du sujet et du privé » .

Et d’expliquer que la thèse des « laïcs radicaux » est que la culture des « Lumières » est « autosuffisante et qu’elle constitue le critère pour accéder à une communauté européenne » .

Or dans cette culture, on arrive à ce que les racines « ne comptent plus » et alors, la culture « se considère complète en elle-même » , c’est pourquoi le cardinal demandait: « Est-il vrai que les racines historiques sont des choses du passé, ou l’histoire est-elle aussi la forme présente ? »

« L’arbre vit-il de lui-même sans racines?, se demandait le cardinal Ratzinger. Il faisait remarquer: « Notre thèse est que l’arbre et les racines ont besoin l’un de l’autre: les « laïcs » voient les pathologies de la religion – Inquisition, persécutions – mais nous voyons également les pathologies de la raison seule » .

« Seule la complémentarité réciproque peut faire avancer la société » , a déclaré le cardinal Ratzinger.

Et pour ce qui est du rôle de l’Eglise, le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi a indiqué que « le catholicisme est actuellement la religion historique des Italiens mais ce n’est pas une religion d’Etat et il est juste qu’il en soit ainsi, parce que la foi doit être libre » : « L’Eglise est née en tant que communauté de martyrs mais non pas comme une religion d’Etat » .

« L’Eglise, soulignait le cardinal Ratzinger, n’a pas d’autres instruments que de guider les gens par la force de la conviction: Dieu lui-même est raison et amour, vu que croire en Dieu « logos » c’est croire en un Dieu qui a créé la raison et en même temps crée par amour » .

Mais « le catholicisme est-il aussi une force aujourd’hui » ? Il répondait: « Ma réponse et celle du président du sénat Pera est que l’arbre a besoin de racines » .

Le cardinal faisait encore observer que « la thèse est que la culture laïque, lorsqu’elle se sépare des racines devient dogmatique et perd sa force morale » : « la raison devient fonctionnelle et technique et n’a pas de facultés morales » , or, « sans capacité morale, la liberté devient une caricature d’elle-même » .

« On pense aujourd’hui que si une chose « peut être faite » , elle « doit être faite » . S’il en est ainsi, la liberté est absolue et elle n’a plus de critères moraux » , et si « le pouvoir faire devient un devoir faire » , alors on « perd la dignité humaine » .

Selon le diagnostic du cardinal Ratzinger, la crise actuelle de l’Europe est distincte de celle qui a provoqué mai 68 ou celle de la chute du communisme parce que dans ce cas, le marxisme se proposait comme « un grand moralisme scientifique » . En revanche, expliquait le cardinal, après la chute du mur, est venu le « vide » , et maintenant il ne reste que le « faire » le « construire ». La « raison morale » s’est « éteinte » , déplorait le cardinal Ratzinger.

« Le magistère de l’Eglise insiste beaucoup sur la raison de l’homme qui a la capacité morale de se réveiller de son sommeil. Par le passé, il y avait cette évidence qu’il existe une raison commune » , maintenant, « le christianisme doit convaincre par ses forces morales et certainement doit respecter les personnes qui n’ont pas le don de la foi ».

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ZENIT Staff

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