Univers © Wikimedia Commons / NASA

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La science, pour devenir "intimes" avec Dieu, par le fr Consolmagno

Pour rencontrer le « Dieu de la joie »

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« La science est une façon merveilleuse d’éprouver un sentiment d’intimité avec la création et par elle, de devenir intimes avec le Créateur », affirme le directeur de l’Observatoire du Vatican, le jésuite Guy Consolmagno. Dans les pages du quotidien italien Repubblica, il confie qu’il vénère « le Dieu de la joie » à travers la science.
L’astronome américain évoque la possibilité d’une « autre vie que la nôtre dans l’univers » : « d’autres lieux, y compris dans notre système solaire, ont tous les ingrédients pour rendre possible la vie comme nous la connaissons sur la Terre… nous savons qu’il s’agit de lieux où il vaut la peine d’envoyer des missions spatiales… Il vaut la peine de mettre en œuvre un effort pour en chercher les preuves. Toute science commence par cette forme de « foi ». »
Quant à la possibilité d’entrer en contact avec des intelligences extra-terrestres, il estime que « même si l’on découvre l’existence d’autres intelligences, il sera très difficile, sinon impossible, de communiquer avec elles. Tout bien considéré, nous trouvons parfois très difficile de communiquer y compris avec des membres de notre famille ».
Baptiseriez-vous un alien ? « Seulement s’il me le demande », répond le frère Consolmagno.
Il évoque la méfiance actuelle vis-à-vis de la science : « Il y a une grande peur de la vérité de nos jours, jusqu’à la vérité de l’amour. Enfants, nous apprenons que tout ce qui est à connaître, nous pouvons le lire dans les livres, mais quand nous mûrissons, nous nous rendons compte que tout ce que nous apprenons conduit à de nouvelles questions. Plus nous savons, plus nous comprenons que nous ne savons pas. »
« L’erreur, estime-t-il, est de penser que notre objectif est de trouver des ‘réponses’. Le véritable objectif et de toujours gagner plus de confiance avec ses questions. Si tu crois que ton épouse est ‘un problème à résoudre’, ton mariage est probablement dans une grave crise. Nous devons penser à la science et à la religion comme à des manières d’apprendre à connaître des vérités sans que l’on n’arrive jamais à une fin. »
« La science est une façon merveilleuse d’éprouver un sentiment d’intimité avec la création et par elle, de devenir intimes avec le Créateur », affirme-t-il encore.
Une idée fausse de Dieu
Il souligne que « pour dire qu’il n’existe aucun Dieu, il faut avoir une idée plutôt précise de comment est ce Dieu dont on dit qu’il n’existe pas… Peut-être que je ne croirais pas, moi non plus, en ce Dieu en lequel beaucoup ne croient pas ».
« Je soupçonne que beaucoup de ceux qui croient être athées pensent cela parce que l’idée qu’ils ont de ‘Dieu’ en effet est une idée fausse, poursuit-il. Peut-être s’imaginent-ils Dieu comme une sorte de Dieu de la nature par exemple de Zeus qui tient tous les atomes sur sa corde sans donner aucune autonomie à l’univers, et encore moins de liberté aux humains. Ils pourraient penser que Dieu est vindicatif ou coléreux ».
Pour l’astronome, « le problème est, clairement, que nous ne pouvons pas réellement comprendre ce qu’est Dieu ou qui il est, nous pouvons l’imaginer seulement par analogie. Et parfois, nos analogies colorent notre cadre de manière erronée. Si tu penses à Dieu comme à un père, ce que suggérait Jésus lui-même, mais si tu avais un très mauvais rapport avec ton père, tu pourrais avoir une image déformée de ce que peut signifier Dieu en tant que “père” ».
A travers la science, le Dieu de la joie
Au journaliste qui lui demande ce qu’il voit dans les étoiles, « le ciel, la science ou Dieu ? », il répond d’un ton plus personnel : « Je vois les étoiles. Mais les étoiles me rappellent la science que j’ai apprise et mes bons amis qui m’ont enseigné cette science. Elles me rappellent mon enfance, quand mon père m’enseignait les noms des étoiles les plus lumineuses, elles me rappellent quand j’allais avec mes amis regarder les étoiles dans des cieux sombres, ou quand je restais allongé pour apprécier la majesté du ciel au-dessus de ma tête. La joie que j’éprouve est la perception de la présence de Dieu. En d’autres termes, c’est à travers ma science, entre autres, que je vénère le Dieu de la joie. »
Enfin, le jésuite défend le respect de l’Eglise pour la science : « Tous ceux qui veulent un exemple d’Eglise en litige avec la science citent toujours le cas de Galilée : en bonne partie parce qu’il est l’unique exemple qui vienne effectivement à l’esprit. Mais si l’on regarde avec attention l’histoire de Galilée, on découvrira que son procès, qui a été certainement injuste, avait plus à voir avec la politique locale qu’avec la foi et la science. »
« Le cas de Giordano Bruno, rappelle-t-il encore, n’avait vraiment rien à voir avec la science. Son idée de nombreuses étoiles avec des planètes était déjà présente dans les écrits de Niccolò Cusano à la fin du Moyen-Âge et même Thomas d’Aquin parle de comment Dieu pourrait avoir créé de nombreux mondes. Ces cas ont été ressortis à la fin du dix-neuvième siècle par les gouvernements italiens anticléricaux pour participer à une tentative systématique de discréditer l’Église… au moment où le plus connu des astronomes en Italie Angelo Secchi, était un prêtre jésuite ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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