Pie X © Wikimedia commons / Sirilusmax

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La sainteté n’est pas un objectif pour un petit nombre, par le card. Stella

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Messe à Riese pour la fête de saint Pie X

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« Ne perdons pas courage ! La sainteté n’est pas un objectif pour un petit nombre, mais c’est la voie sur laquelle le Seigneur invite chacun de nous pour remplir de joie notre vie ». Tel est l’encouragement du cardinal Beniamino Stella, préfet de la Congrégation pour le clergé, qui a présidé une messe en l’honneur de la fête de Pie X, à Riese (Italie), le village d’origine du saint pape, le 21 août 2017.
Être disciple, a-t-il souligné, « requiert la pauvreté, entendue non seulement comme partage des biens matériels, mais aussi comme espace de liberté intérieure pour pouvoir suivre le Seigneur ; on n’est disciple que lorsque, abandonnant librement ses sécurités, on s’ouvre à la disponibilité de la rencontre avec Dieu et avec ses frères ».
D’après L’Osservatore Romano, le cardinal Stella a apporté de la part du pape François des objets ayant appartenu à Giuseppe Melchiorre Sarto – Pie X, à la communauté de Riese : trois lettres autographes adressées à son frère Angelo, un set de couverts utilisés lorsqu’il était cardinal, des vêtements, et des photos. Ils seront exposés derrière l’autel majeur de l’église où il a été baptisé et où il a célébré sa première messe.
Voici notre traduction des extraits de l’homélie publiés dans L’Osservatore Romano.
AK
Le pape du catéchisme, par le card. Beniamino Stella
Quand nous vénérons les saints et nous confions à leur intercession, nous vivons l’expérience de la proximité du Seigneur qui prend soin de nous à travers l’aide de certains de ses frères. Je souligne le mot ‘proximité’ parce que – nous devons le confesser – nous pensons souvent à la sainteté comme quelque chose d’abstrait, une perfection lointaine et trop distante des fragilités de notre chair humaine. Nous finissons ainsi par voir les saints comme des figures impeccables qui, toutefois, n’ont pas grand-chose à faire avec notre humanité pétrie de travail et de sueur quotidienne. La sainteté devient un but inatteignable et, pour nous justifier un peu, nous disons souvent « Je ne suis pas un saint ! »
C’est vrai : Aucun de nous n’est saint. Et pourtant, la sainteté est la grande vocation que Dieu adresse à chacun de nous. Elle ne consiste pas à être parfaits ou à exhiber des œuvres extraordinaires mais, avant tout, à laisser agir en nous la grâce de Dieu, c’est-à-dire nous ouvrir à lui pour lui permettre de transformer notre cœur. Il ne s’agit pas de ne jamais nous tromper ou de ne pas faire l’expérience des chutes – ce qui d’ailleurs est impossible – mais de rester toujours disponibles, y compris dans les moments les plus obscurs, à la rencontre avec le Seigneur.
Le petit Giuseppe Sarto s’est fait saint, non pas en faisant des choses extraordinaires, mais en se laissant forger dans son esprit et dans son cœur par l’amour du Seigneur. Déjà enfant, ici, à Riese, dans la vivante communauté paroissiale, il a appris à « répondre » à la messe et il participait avec attention et vivacité au catéchisme. À ce moment-là, il ne pouvait pas imaginer que le Seigneur allait faire de lui un grand pasteur de l’Église universelle, lui confiant aussi la tâche d’annoncer la foi chrétienne justement à travers un catéchisme. En reprenant la liturgie de la parole de ce soir, j’ajoute qu’être saint signifie concrètement deux choses : donner la primauté à Dieu en refusant toute idolâtrie ; tout vendre pour suivre le Seigneur, en restant son disciple. Pour se laisser transformer par la rencontre avec le Seigneur, nous devons affronter chaque jour un combat spirituel dans lequel nous renonçons à toutes les idoles qui voudraient prendre une place dans notre cœur. Comme nous le raconte ce soir la première lecture, le véritable péché du peuple d’Israël est l’idolâtrie. Dans des moments de faiblesse ou de besoin, les Israélites oublient les bienfaits du Seigneur et se vouent à d’autres dieux.
À bien y penser, c’est le péché qui caractérise depuis toujours le cœur de l’homme et de la société. Aujourd’hui encore, anciennes et nouvelles idolâtries se substituent à Dieu.
Rester fidèle au Seigneur et permettre qu’il transforme notre vie est possible uniquement si nous ne nous laissons pas séduire par les idoles : trop souvent, la joie et la consolation de l’Évangile n’ont pas de prise sur nous parce que, dans notre cœur, nous adorons d’autres dieux : notre moi, les idées auxquelles nous sommes attachés, les raisons auxquelles nous ne voulons pas renoncer, les biens matériels, le fait de toujours nous mettre nous-mêmes et nos intérêts personnels au centre. Enfin, d’autres idolâtries comme la recherche obsessionnelle de l’argent et du pouvoir, ou le mythe de l’efficacité, blessent aussi notre société et ne nous permettent pas de vivre dans un monde juste et habitable.
Au fond, le jeune homme riche de l’Évangile de ce soir doit lui aussi rencontrer cet obstacle qui l’empêche d’ouvrir librement son cœur à Jésus ; les richesses occupent son cœur au point de le paralyser et de le rendre triste, quand le Seigneur lui demande un élan en avant, un pas courageux supplémentaire pour passer de la simple observance de la loi à devenir disciple. Être disciple, en effet, requiert la pauvreté, entendue non seulement comme partage des biens matériels, mais aussi comme espace de liberté intérieure pour pouvoir suivre le Seigneur ; on n’est disciple que lorsque, abandonnant librement ses sécurités, on s’ouvre à la disponibilité de la rencontre avec Dieu et avec ses frères.
Il est beau, dans la circonstance de cette fête patronale, que vous inauguriez ici, à Riese, la Maison de la charité qui sera un lieu d’accueil et de service des pauvres. En effet, à quoi servirait-il de cultiver le culte et la piété, de prier, d’offrir des supplications et des vœux à notre saint patron, si ensuite nous n’étions pas disposés à suivre par notre vie le Seigneur Jésus et à avoir le même cœur de compassion et solidaire avec celui qui est dans le besoin ? Jésus le dit à cet homme riche et aussi à nous : vends ce que tu as et donne-le aux pauvres. Cela signifie, dépouille-toi de toi-même, de la prétention d’avoir toujours tout et d’être au centre ; apprends à accueillir la joie qui vient du fait de savoir partager ton temps, l’écoute, l’amour et les choses de la terre avec les frères qui te sont proches, spécialement avec celui qui est seul, abandonné, découragé, souffrant ou pauvre.
Très chers amis, en regardant saint Pie X, ne perdons pas courage ! La sainteté n’est pas un objectif pour un petit nombre, mais c’est la voie sur laquelle le Seigneur invite chacun de nous pour remplir de joie notre vie ; même si nous devons nous mesurer tous les jours à nos fragilités et à nos faiblesses ; si tous les problèmes quotidiens nous pèsent ; si, parfois, nous sommes fascinés par l’idolâtrie et que nous cédons à la pensée que la richesse, le pouvoir, le fait d’être à la première place sont la source de notre bonheur ; si même des petites et des grandes situations de notre vie personnelle, familiale et sociale nous pèsent et nous découragent, nous devons continuer à nous ouvrir avec confiance au Seigneur qui est le gardien de notre vie et ne nous laissera pas vaciller.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Hélène Ginabat

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