La méthodologie de Benoît XVI : frapper à la porte du coeur du Christ

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Analyse du card. Amato

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Dans son étude en trois partie sur « Jésus de Nazareth », Benoît XVI a « frappé à la porte du cœur du Christ », estime le cardinal Amato qui analyse la méthodologie du pape émérite.

L’Osservatore Romano du 30 ottobre 2013 rapporte des extraits de l’intervention du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, lors du symposium de la Fondation Joseph Ratzinger qui s’est tenu à l’Université pontificale du Latran et au Vatican.

Le cardinal est intervenu sur la trilogie « Jésus de Nazareh », rendant hommage à Benoît XVI qui « a frappé à la porte du cœur du Christ » : « si le pape émérite écrit sur le Christ c’est parce qu’il le cherche, le désire, l’aime, et parce qu’il lui est reconnaissant pour l’abondance de son pardon, de sa miséricorde, de sa grâce ».

Pour le cardinal, les trois volumes « respirent à pleins poumons » le « vaste et laborieux chantier interdisciplinaire » actuel, nourri de « l’archéologie, de la papyrologie, de l’étude comparée des biographies gréco-romaines avec les Évangiles ».

En effet, estime-t-il, « les liens entre le fondement historique et son importance théologique et spirituelle sont indispensables pour une proposition christologique complète et fiable. Et c’est sur cette ligne que Benoît XVI dialogue avec les plus grands chercheurs de l’antiquité chrétienne : pour réaffirmer la valeur historique et documentée des éléments bibliques ».

Le cardinal définit ainsi le cadre méthodologique de Benoît XVI : « une interprétation ecclésiale (exégèse canonique) qui se fie aux résultats de l’enquête historique et critique, mais sans donner pour autant un caractère absolu à leur valeur et sans partager cette attitude de suspicion méthodique ».

Ses critères d’interprétation sont donc: « confiance dans les sources historiques dignes de foi rapportées dans le Nouveau Testament; affirmation de l’unité et de la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament; importance herméneutique de la tradition vivante de l’Église; attention à l’analogie de la foi, c’est à dire à la conformité des correspondances propres aux éléments de foi ».

Benoît remédie à trois limites de la christologie contemporaine, poursuit le cardinal : « une grave « déchristologisation » qui réduit Jésus à un simple modèle d’humanité plutôt accommodant, qui n’exige rien et approuve tout; le refus de la présence du surnaturel dans l’histoire qui conduit à une interprétation séduisante « scientifique », mais en réalité « idéologique », de son image; enfin, une actualisation mal comprise qui devient un critère arbitraire pour juger de l’authenticité ou pas des paroles et des actions de Jésus, négligeant ainsi les éléments centraux du mystère du Christ pour ne mettre l’accent que sur ce qui est « supposé » être « actuel » ».

Dans son triptyque, Benoît XVI « relit l’ « histoire » de Jésus dans son ensemble, c’est à dire dans sa double valeur d’événement espace – temporel (Historie) et d’événement salvifique (Geschichte) ».

L’histoire « est un support ineffaçable de la réalité de Jésus, non seulement pour ne pas en faire un héros imaginaire ou un simple maître d’humanité atemporel, mais aussi pour ne pas tomber dans un fidéisme acritique », ajoute le cardinal Amato.

Il conclut : « on a donc dans ces trois volumes une inédite et extraordinaire synthèse de la « Christologie prépascale », qui est substantiellement un don concret de Jésus, avant Pâques, de tous les indices pour une compréhension correcte de son mystère. Une christologie qui, de la part de Jésus, est déjà explicite, mais qui, avant Pâques, reste encore implicite pour les disciples, qui le confesseront avec foi uniquement lorsqu’ils le rencontreront sous les traits du Ressuscité. »

Avec Océane Le Gall pour la traduction

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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