Mgr Janusz Urbanczyk - Stift Klosterneuburg

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La coopération internationale pour lutter contre la drogue, par Mgr Urbanczyk

La famille, un allié dans cette lutte et les jeunes, les premiers destinataires

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Mgr Urbanczyk a rappelé l’importance d’une « coopération internationale guidée par les mêmes principes et visant des objectifs communs », pour lutter contre la drogue : une « approche scientifique fondée sur des données probantes, multidisciplinaire, synergique et équilibrée garantit (…) que tous les efforts convergent et vont dans la même direction, mais aussi que toutes les ressources sont utilisées à leur plein potentiel ».

Mgr Janusz S. Urbanczyk, chef de la délégation du Saint-Siège, est intervenu à la 61e Session de la Commission des stupéfiants réunie à Vienne du 12 au 16 mars 2018. Il a exprimé la « profonde gratitude » du Saint-Siège « pour les efforts continus déployés par les États (…) pour lutter contre le problème mondial de la drogue ».

Le représentant du Saint-Siège a encouragé à faire en sorte que la famille soit non seulement partie prenante dans ce combat mais aussi « un allié sans lequel ces efforts ne peuvent avancer correctement ». La famille, a-t-il dit, doit jouer un rôle dans « la promotion de notre but ultime : un monde sans drogues ». Mgr Urbanczyk a aussi souligné l’importance de former les jeunes par une approche « véritablement globale », visant ce que l’Église appelle le « développement humain intégral ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Urbanczyk.

HG

Intervention de Mgr Janusz S. Urbanczyk

Madame la Présidente,

Le Saint-Siège est heureux de participer à cette 61ème session de la Commission des stupéfiants. Ma délégation voudrait vous féliciter, Madame la Présidente, ainsi que le Bureau de la Commission des stupéfiants, pour le travail considérable que vous avez tous accompli pour préparer et diriger cette session.

Des efforts communs dans la lutte contre le problème mondial de la drogue

Le Saint-Siège réitère une fois de plus sa profonde gratitude pour les efforts continus déployés par les États – avec l’aide de la Commission des stupéfiants et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime – pour lutter contre le problème mondial de la drogue en promouvant « la santé et le bien-être de toutes les personnes, de toutes les familles, de toutes les communautés et de la société dans son ensemble, et en favorisant des modes de vie sains grâce à des initiatives de réduction de la demande efficaces, exhaustives et scientifiquement fondées à tous les niveaux ». (1)

Depuis toujours, le principe fondamental de tous les efforts visant à combattre le problème mondial de la drogue est que « l’action universelle appelle une coopération internationale guidée par les mêmes principes et visant des objectifs communs ». (2) En écho à ce principe, la Commission des stupéfiants a affirmé l’année dernière que « s’attaquer et combattre le problème mondial de la drogue demeure une responsabilité commune et partagée qui exige une coopération internationale efficace et accrue et requiert une approche scientifique intégrée, pluridisciplinaire, synergique et équilibrée ». (3)

Ma délégation se félicite de cette reconnaissance car, entre autres, elle présente les principales caractéristiques d’un tel effort coordonné. La nature large et englobante d’une approche scientifique fondée sur des données probantes, multidisciplinaire, synergique et équilibrée garantit non seulement que tous les efforts convergent et vont dans la même direction, mais aussi que toutes les ressources sont utilisées à leur plein potentiel.

Il découle également d’une approche aussi large et englobante que des efforts sont faits pour engager toutes les parties prenantes en tant qu’alliés. Alors que les États jouent le rôle principal, nous serions négligents – et bien sûr fous – de ne pas reconnaître, en nous y unissant, le travail multiforme entrepris par les communautés locales et régionales, les écoles et les établissements d’enseignement, les organisations de la société civile et les associations de diverses formes, organisations religieuses et communautés, ainsi que la famille.

La famille : partie prenante et alliée

La famille reste pour le Saint-Siège non seulement une partie prenante dans nos efforts pour combattre le problème mondial de la drogue, mais un allié sans lequel ces efforts ne peuvent avancer correctement. Le pape François a souligné le rôle formateur important de la famille en la décrivant comme « la première école des valeurs humaines » (4), et une telle compréhension impliquerait certainement qu’elle joue un rôle dans la promotion de notre but ultime : un monde sans drogues.

La Convention unique de 1961 nous rappelle que « l’addiction aux stupéfiants constitue un grave fléau pour l’individu et est lourde de dangers sociaux et économiques pour l’humanité » (5). Un mal sérieux ne peut être vaincu seulement par des programmes gouvernementaux bien intentionnés : il doit être remis en question par les valeurs et les connaissances transmises à chaque homme et chaque femme, chaque garçon et chaque fille.

L’année dernière, la Commission a reconnu que « les programmes communautaires, familiaux et scolaires de prévention des toxicomanies ont pour but de fournir aux enfants et aux adolescents des informations sur les drogues, les compétences de vie et la résilience nécessaires pour faire face à différentes situations sans se tourner vers la drogue, ainsi que la capacité de résister à la pression de consommer des drogues ». (6)

Le Saint-Siège souhaiterait que les États et les acteurs non étatiques collaborent pour aider la famille à transmettre « des informations sur les drogues, les compétences de vie et la résilience » qui permettent à tous de dire « non » aux drogues.

Jeunesse et éducation complète

En faisant progresser ce travail de prévention axé sur la famille, une attention particulière doit être accordée aux enfants et aux jeunes, reflétant la reconnaissance par la Commission que « le problème mondial de la drogue continue de constituer une menace sérieuse pour la santé publique et le bien-être, les enfants et les jeunes en particulier, ainsi que leurs familles et leurs communautés ». (7)

S’il reste important d’aider les jeunes à éviter de tomber dans le réseau des drogues et de devenir asservis à la toxicomanie (8), cela devrait être accompagné d’une approche véritablement globale pour les former. Une telle formation devrait chercher à les placer carrément sur le chemin loin de la drogue et de l’attrait des drogues, à travers l’emploi, la formation et la scolarité, le sport et les activités récréatives, bref, à travers une vie saine. (9)

Cette formation des jeunes reflète ce que l’enseignement social catholique identifie comme « développement humain intégral ». Il prend pour base la dignité humaine inhérente de chaque femme et homme, fille et garçon, assurant des efforts de prévention vraiment équilibrés, évitant une attitude permissive envers la drogue, et évitant une approche centrée sur la punition sans pitié ni compassion. Le Saint-Siège applaudit les États et les parties prenantes qui sont en mesure de fournir un véritable équilibre dans leurs efforts antidrogues.

En conclusion, le Saint-Siège assure cette Commission de sa collaboration à tous les efforts pour s’attaquer au problème mondial de la drogue et promouvoir activement une société sans drogues illicites, ainsi que de son intérêt pour le segment ministériel CND de l’année prochaine et l’examen approfondi qu’offre l’année 2019, marquant le 10e anniversaire de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale pour une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

Merci, Madame la Présidente.

  1. Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS 2016), document final : « Notre engagement commun à lutter efficacement contre le problème mondial de la drogue et à y faire face », art. 1.
  2. Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972, Préambule.
  3. Commission des stupéfiants, Résolution 60/6.
  4. Pape François, Exhortation ap. Amoris lætitia, 274.
  5. Convention unique sur les stupéfiants de 1961 telle que modifiée par le Protocole de 1972, Préambule.
  6. Commission des stupéfiants, Résolution 60/7.
  7. Commission des stupéfiants, Résolution 60/7.
  8. Cf. pape François, Discours aux participants à la réunion commanditée par l’Académie Pontificale des Sciences sur : « Stupéfiants : problèmes et solutions à ce problème mondial », 24 novembre 2016.
  9. Cf. pape François, Discours aux participants à la 31ème édition de la Conférence internationale sur l’application des lois sur les drogues, 20 juin 2014.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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