« J’aimerais qu’il devienne plus naturel d’avoir des femmes dans différents contextes ecclésiaux, de sorte que cela ne soit plus une question distincte à l’ordre du jour de l’Église », confie la sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, Linda Ghisoni. Mariée et mère de deux enfants, elle souhaite promouvoir l’implication des femmes, « pas en vue d’une répartition équitable du pouvoir entre hommes et femmes… mais afin que l’Église réponde à sa propre nature ».
« L’Église n’est pas seulement une structure, un lieu de culte, une institution érigée par une hiérarchie de prêtres… ce ne serait pas l’Église si les femmes n’avaient pas une part active », affirme-t-elle : « Nous nous rendons tous compte de la présence irremplaçable des femmes dans les paroisses, dans les réalités caritatives organisées par l’Église. »
Linda Ghisoni souligne aussi un autre aspect « très important » de la mission des femmes : « celui de la transmission de la foi à leurs enfants ». « Avec le lait maternel, les regards, souvent indicibles, entre une mère et un nouveau-né, les femmes façonnent une empreinte indélébile dans leurs enfants, ont la possibilité d’informer cette empreinte avec de nombreuses valeurs, avec la foi… Les femmes sont très importantes pour la transmission de la vie et de la foi d’une manière tout à fait particulière, je dirais qu’elles ont une vocation innée à prendre soin de la vie et des fragilités… qui fait d’elles des rocs même si toutes ne vivent pas une maternité biologique. »
La sous-secrétaire – numéro 3 – du dicastère évoque les « pas concrets » réalisés par Jean-Paul II et Benoît XVI en faveur des femmes. Sur leurs traces, « le pape François a très souvent redit l’importance d’impliquer les femmes dans la vie de l’Église, souhaitant que soient également confiés aux femmes des rôles décisionnels. Il l’a toujours fait mais, attention, sans jamais promouvoir une politique de ‘quotas de femmes' ».
Elle cite ses paroles du 22 février 2019, lors de la rencontre des présidents des Conférences épiscopales pour la protection des mineurs dans l’Église : « Ces paroles se sont imprimées de manière indélébile dans mon esprit et dans mon cœur, confie-t-elle : inviter une femme à parler sur les blessures de l’Église était pour lui inviter l’Église à parler d’elle-même et de ses blessures… et il concluait : ‘Il ne s’agit pas de donner plus de fonctions à la femme dans l’Église, il s’agit d’intégrer la femme comme figure de l’Église dans notre pensée et de penser aussi l’Église avec les catégories d’une femme’. »
Ainsi il faut promouvoir l’implication des femmes, « pas en vue d’une répartition équitable du pouvoir entre hommes et femmes, entre clercs et laïcs dans l’Église, mais afin que l’Église réponde à sa propre nature, à sa vocation comme peuple de Dieu en chemin, en mettant à profit l’apport de chacun, des hommes et des femmes qui, pour bien des raisons sociales, sont souvent restées en marge ».
Si elles sont « compétentes et dotées de l’amour de l’Église », les femmes peuvent en effet « assumer des fonctions jusqu’à récemment réservées aux seuls clercs ou encore seulement aux hommes ».
Evoquant la possibilité d’un Synode sur les femmes, Linda Ghisoni souhaite « qu’il ne se consacre pas exclusivement aux femmes comme à une question en soi » : « J’aimerais qu’il devienne plus naturel d’avoir des femmes dans différents contextes ecclésiaux, de sorte que cela ne soit plus une question distincte à l’ordre du jour de l’Église. »
Un synode dédié aux femmes, poursuit-elle, « pourrait permettre de traiter des thèmes dans une perspective universelle… des thèmes visant à sensibiliser, former et inspirer des décisions pastorales concrètes, peut-être déjà actuelles, mais non prises en considération ». Ce thème « pourrait déranger certains bien-pensants, notamment dans l’Église, ou ceux qui préfèrent encore une séparation ascétique, une répartition de fauteuils entre hommes mais, justement, certaines de ces dérives nous indiquent combien il est encore temps d’écouter les femmes, de parler d’elles, mais surtout de parler avec elles, avec les femmes ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat