En ce lundi 27 avril 2020, Journée de la mémoire de la Shoah, 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, Vatican News rappelle les visites des trois papes, le Polonais Jean-Paul II, l’Allemand Benoît XVI et l’Argentin François au camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau.
Le 7 juin 1979, Jean-Paul II, est le premier pape à franchir les grilles du camp d’Auschwitz-Birkenau, y célèbre la messe: peut-être un million de personnes sont présentes, malgré le régime communiste. Le 28 mai 2006, c’est le pape Benoît XVI qui visite le camp d’extermination nazie en Pologne. À ces trois pèlerinages, parmi les tragiques pages de l’histoire, se joint le chemin que le pape François a voulu silencieux, le 29 juillet 2016.
« Des parcours séparés par les années, mais communs par la prière. Les pas de Jean-Paul II, Benoît XVI et François se mêlent aux traces de vies brisées par la cruauté aveugle, qui ont triomphé de la mort. Comme celle de saint Maximilien Kolbe qui a donné sa vie à Auschwitz pour sauver celle d’un autre innocent », commente Vatican News en italien.
Le pèlerinage de Jean-Paul II
Radio Vatican rappelle que le pape Jean-Paul II a célébré la messe dans le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, en 1979. Il a dénoncé l’inhumanité de ce lieu « construit sur la haine et le mépris de l’homme au nom d’une idéologie folle » et avec une volonté d’extermination du peuple juif: c’est un « lieu construit sur la cruauté » auquel on accède par une porte avec l’inscription : « Le travail rend libre ».
Un panneau, a encore souligné saint Jean-Paul dans son homélie, au « son cynique » parce que son contenu « était radicalement contredit » par ce qui se passait à l’intérieur.
Il a mentionné ses nombreuses visites à ce camp camp nazi, « Golgotha du monde contemporain »: « Je suis venu ici souvent, je ne pouvais pas ne pas venir ici comme pape. Je viens m’agenouiller sur ce Golgotha du monde contemporain… et je m’arrête en particulier devant la pierre qui porte l’inscription en langue hébraïque: cette inscription rappelle le souvenir d’un peuple dont les fils et les filles étaient destinés à l’extermination totale. Devant cette pierre, il n’est permis à personne de passer avec indifférence. »
Le pape polonais s’est arrêté devant les stèles : « Auschwitz avec ces pierres, qui témoignent de ce qu’ont subi des nations, est un tel compte avec la conscience humaine. On ne peut pas le visiter seulement. Il faut se demander avec crainte à cette occasion où se trouvent les frontières de la haine ». Auschwitz est un « témoignage de la guerre » qui apporte « une croissance démesurée de la haine, de la destruction et de la cruauté ».
La visite de Benoît XVI
C’est pendant son voyage apostolique en Pologne, en 2006, que le pape allemand s’est rendu dans le camp nazi. Un « lieu d’horreur, d’accumulation de crimes contre Dieu et contre l’homme qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire », a dit le pape Benoît en parlant de la Shoah. « Le pape Jean-Paul II est venu ici en tant que fils du peuple polonais. Je suis ici aujourd’hui en tant que fils du peuple allemand », a déclaré Benoît XVI issu d’une famille bavaroise profondément anti-nazie.
Il s’est dit « fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a obtenu le pouvoir à travers des promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur, du recouvrement de l’honneur de la nation et de son importance, avec des prévisions de bien-être mais aussi par la force de la terreur et de l’intidimidation, de sorte que notre peuple a pu être utilisé et abusé comme instrument de leur frénésie de destruction et de domination ».
Le pape Benoît XVI a souligné l’impératif de la mémoire pour que cela ne se reproduise jamais plus: « Le lieu où nous nous trouvons, est un lieu du souvenir, c’est le lieu de la Shoah. Le passé n’est jamais uniquement le passé. Il nous concerne et nous indique les voies à ne pas prendre et celles à emprunter ».
La prière du pape François
Plus de paroles, mais « le silence et la prière ont rythmé les moments de la visite », le 29 juillet 2016, du pape François au camp d’Auschwitz-Birkenau », souligne Radio Vatican: « Le pape est passé lentement, à pied, sous l’écriteau tristement célèbre « Arbeit macht frei », « Le travail rend libre ». Sur la place de l’appel, où les prisonniers des nazis étaient pendus, François touche et embrasse une des poutres qui soutiennent la structure utilisée pour les pendaisons. À l’entrée du « Bloc 11 », François rencontre dix survivants de la Shoah. Après ces moments intenses, au cours desquels les regards, les caresses et les étreintes alternent avec les poignées de main, le pape marche lentement vers le mur des exécutions par balle. Il tend la main pour le toucher, reste immobile quelques instants. En ce lieu, il laisse une bougie. » Puis, assis, « François reste seul, longtemps en silence, absorbé dans sa prière.»
Le pape François a aussi rencontré des « Justes »: « Enfin le pape François parcourt, à bord d’une voiture électrique, la route qui longe les voies des trains sur lesquels arrivaient les convois avec les déportés. Dans le camp de Birkenau, le pape marche devant chacune des 23 stèles commémoratives du Monument international en souvenir des victimes du nazisme. Ce sont des minutes de silence, interrompu seulement par les pleurs d’un enfant. La visite se termine par la rencontre avec 25 justes des Nations, des femmes et des hommes qui ne se sont pas laissé vaincre par le mal.»
Avec une traduction d’Hélène Ginabat