Le président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, a été reçu par le pape François au Vatican ce mardi matin, 26 janvier 2016 : ils ont eu un entretien privé de 40 minutes.
Le président iranien est arrivé avec une suite de 25 voitures et il a été accueilli dans la cour Saint-Damase par le préfet de la Maison pontificale, Mgr Georg Gänswein.
Au moment de l’échange des cadeaux, dans la bibliothèque du palais apostolique, le président iranien a offert au pape un tapis précieux et un livre d’oeuvres d’art, et le pape a offert au président les médailles du pontificat et un exemplaire de son encyclique sur la protection de la création Laudato si’.
« Merci de votre visite », a dit le pape François au terme de l’entretien, avant de dire son espérance « dans la paix ». Le président iranien a demandé au pape de « prier » pour lui. Il a dit sa joie « d’être venu » et il a souhaité au pape « bon travail ».
Un communiqué du Saint-Siège précise que le président iranien s’est ensuite entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, accompagné de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Rapports avec les Etats.
La dignité de la personne et la liberté religieuse
« Ces entretiens cordiaux ont permis de souligner les valeurs spirituelles communes et les bons rapports entre la République islamique d’Iran et le Saint-Siège », dit le communiqué du Vatican, avant d’aborder en termes diplomatiques les sujets qui fâchent : « Il a également été question de la vie de l’Eglise en Iran et du rôle qu’assume le Saint-Siège en faveur de la dignité de la personne et de la liberté religieuse. »
Le Saint-Siège encourage la mise en œuvre loyale de l’accord sur le nucléaire : « Les parties ont évoqué l’accord sur le nucléaire et sa mise en application, ainsi que le rôle que l’Iran est appelé à jouer, avec d’autres pays de la région, dans la recherche de solutions politiques aux graves problèmes affligeant le Moyen-Orient, comme la diffusion du terrorisme ou le trafic d’armes. »
Enfin, un domaine dans lequel l’Iran et le Saint-Siège collaborent déjà : « Les entretiens ont permis de souligner l’importance du dialogue interreligieux et la responsabilité des communautés religieuses en faveur de la réconciliation, de la tolérance et de la paix. »
Hassan Rohani était attendu au Vatican au mois de novembre, mais il avait décidé de reporter son voyage à la suite des attentats de Paris.
Soixante ans de relations ininterrompues
« Cette tournée européenne marque une étape importante dans l’ouverture du pays, qui fait suite à l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015 », commente Radio Vatican qui rappelle les dates des visites d’autres chefs d’Etat iraniens au Vatican : Mohammad Khatami, président de la République islamique d’Iran de 1997 à 2005, a rencontré Jean-Paul II en 1999 au Vatican, et il est revenu le 8 avril 2005 pour ses obsèques.
Après avoir quitté la présidence iranienne, Mohammad Khatami est venu à titre privé, en 2007, pour un entretien avec Benoît XVI.
Quant au pape François, il a reçu la vice-présidente de la République islamique, Shahindokht Molaverdi, le 12 février 2015.
Paul VI avait rencontré le chah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, en 1970 lors d’une brève escale à Téhéran, sur le chemin de son voyage apostolique en Asie et en Océanie. Après la Révolution islamique de 1979, le Saint-Siège a conservé une représentation diplomatique à Téhéran : le nonce a pu assurer une présence spirituelle auprès des otages catholiques retenus à l’ambassade des États-Unis entre 1979 et 1981, qui ont ainsi pu recevoir l’eucharistie, rappelle Radio Vatican.
Liberté de culte
En Iran, les chrétiens sont reconnus mais comme une très petite minorité de 0,03 % de la population (plus de 76 millions d’habitants, dont 99 % de musulmans).
Selon l’Observatoire de la liberté religieuse de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED-France), « l’Iran a un engagement constitutionnel pour la liberté de religion. Dans le pays, ce que l’on entend avant tout par le terme de liberté religieuse est la liberté du culte – qui est exclusivement garantie aux zoroastriens, aux chrétiens et aux juifs, qui sont considérés comme des fidèles des religions traditionnelles qui existaient avant l’avènement de l’islam. Bien que la liberté d’exprimer sa foi en public n’existe pas en Iran, l’Iran est l’un des six pays au monde où la situation des minorités religieuses se soit améliorée au cours des deux dernières années, selon l’analyse effectuée par les rédacteurs du présent rapport ».
A l’occasion de la visite du président Rohani au Vatican et en Italie (notamment pour rencontrer des chefs d’entreprise et des investisseurs), une manifestation a été organisée ce mardi matin à Rome, au Panthéon, contre la peine de mort : l’Iran est le deuxième pays, après la Chine populaire (plusieurs milliers d’exécutions), pour le nombre des exécutions capitales, y compris pour les mineurs. Selon les chiffres d’Amnesty International, le nombre des exécutions a été, en 2014, de 289, reconnues officiellement, « et d’au moins 454 non reconnues par les autorités ».
Le pape François reçoit le président iranien Hassan Rohani (Photo: Sergio Mora)
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