Card. Vlk, wikipedia

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Hommage du card. Re au défunt card. Vlk, défenseur des valeurs chrétiennes de l’Europe

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« Une foi intrépide et par une fidélité tenace »

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Le cardinal italien Giovanni Battista Re rend hommage au défunt cardinal Miloslav Vkl, archevêque émérite de Prague comme à un « défenseur des valeurs chrétiennes de l’Europe », dans l’homélie de la messe célébrée en sa mémoire, publiée par L’Osservatore Romano, dans son édition quotidienne du 26 avril 2017.
Une messe de suffrage pour le card. Miloslav Vlk, mort le 18 mars dernier, a été célébrée dans la basilique romaine de la Santa Croce. Voici le texte de l’homélie prononcée par le cardinal Re, préfet émérite de la Congrégation pour les évêques.
Voici notre traduction intégrale de cet hommage.
AB
En mémoire du cardinal Miloslav Vlk
Un défenseur des valeurs chrétiennes de l’Europe
Giovanni Battista Re
À un peu plus d’un mois du passage de cette terre à l’éternité du card. Miloslav Vlk, après une douloureuse maladie qu’il a supportée avec une grande confiance en Dieu, nous sommes ici pour nous souvenir de lui dans cette basilique dont il a été titulaire.
Nous voulons nous souvenir de lui avec la gratitude et l’estime qui sont dus à un grand témoin de la foi pendant les moments de dure persécution de l’Église. La Tchécoslovaquie – les deux nations étaient alors unies en un seul État – a été le pays où le communisme soviétique fut le plus dur et le plus rigoureux, cherchant à éliminer toute manifestation religieuse et à déraciner Dieu des cœurs humains. La lutte contre le christianisme fut grande et habilement organisée. Il suffit, à ce sujet, d’évoquer ce qu’a écrit le cardinal Korec dans son livre, « La nuit des barbares ».
Le card. Vlk eut une enfance difficile, mais dès ses premières années, il reçut une éducation profondément catholique. Sa grande aspiration à devenir prêtre se heurta à une persécution ramifiée contre l’Église en raison de laquelle, après avoir travaillé dans les champs, il devint ouvrier dans une usine d’automobiles ; il interrompit ce travail lorsqu’il fut appelé au service militaire. Son désir de devenir prêtre le conduisit à utiliser tous ses moments libres pour étudier.
Finalement, en 1964, il réussit à fréquenter la faculté de théologie des saints Cyrille et Méthode qui, de fait, était un séminaire sous le contrôle de l’État. Dans ce contexte, le jeune Miloslav Vlk eut l’occasion de rencontrer le mouvement des Focolari qui fut pour lui d’un grand soutien humain moral et spirituel. Les ‘focolarini’ lui procuraient des livres à lire qui lui étaient très utiles et qui l’aidèrent à mûrir sa propre spiritualité, caractérisée par l’imitation de Jésus abandonné sur la Croix. « Comme le Christ s’est senti abandonné, mais qu’il a continué à porter sa croix, expliquera-t-il lorsqu’il sera cardinal, ainsi je continuai de porter ma croix dans les années sombres et dures de ma vie ».
En 1968, pendant le printemps de Prague, il fut ordonné prêtre. L’idée et le désir de devenir prêtre étaient nés en lui lorsqu’il avait 11 ans. Les difficultés rencontrées ne l’avaient pas découragé, mais l’avaient seulement fortifié dans sa vocation même si elles repoussèrent à l’âge de 36 ans son accès au but qu’était le sacerdoce.
Comme c’est connu, ce printemps dura peu de temps à cause de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques qui suprimèrent le gouvernement de Dubcek. Le révérend prêtre Miloslav Vlk commença à être mal vu des autorités communistes en raison de l’influence qu’il exerçait sur les jeunes. Il fut confiné dans un village loin de la ville, mais même dans cette zone perdue dans la campagne, il fut jugé dangereux par le régime. On lui imposa l’interdiction absolue d’exercer le ministère sacerdotal. Il dut donc retourner au travail qui fut celui de laveur de vitre dans la ville de Prague où il exerça en même temps le ministère sacerdotal dans la clandestinité, confessant et célébrant la messe en cachette chez des amis.
Pendant cette période, il entra dans la première communauté du mouvement des Focolari en Tchécoslovaquie, apparaissant extérieurement comme un laïc, même si tous devinaient son esprit sacerdotal. La spiritualité des Focolari l’inspirera quelques années plus tard dans le choix de sa devise épiscopale : « Ut omnes unum sint », paroles du Christ, mais qui reflètent une orientation centrale du mouvement fondé par Chiara Lubich.
Finalement, en Tchécoslovaquie, en 1989, sans effusion de sang et avec des événement d’une succession très rapide, le grand tournant historique arriva, et avec lui la liberté.
La figure du père Miloslav Vlk put ainsi émerger à la lumière du soleil avec ses dons humains et sacerdotaux, illuminées par une foi intrépide et par une fidélité tenace au Christ et à l’Église. En 1990, il fut nommé évêque du diocèse de Ceské Budejovice, vacant depuis 18 ans, et l’année suivante, en 1991, il fut nommé par le pape archevêque de Prague, succédant au cardinal Tomasek, connu comme le « vieux chêne » qui avait su résister à toutes les intempéries des années du régime communiste.
Après la division de la Tchécoslovaquie et la naissance de la République tchèque et de la République slovaque, l’archevêque Vlk fut élu président de la Conférence épiscopale tchèque et, en 1993, il fut élu président du Conseil des conférences épiscopales européennes, une charge qu’il assuma avec dévouement, défendant les valeurs chrétiennes et les racines chrétiennes de l’Europe.
Au consistoire de 1994, il fut créé cardinal par le pape Jean-Paul II et titulaire de cette basilique.
Ainsi, les rues de Prague qui, pendant huit ans, l’avaient vu passer comme laveur de vitres, le virent quelques années plus tard passer comme archevêque et cardinal. En 1995, elles purent l’admirer aux côtés du pape Jean-Paul II. Ceux qui l’avaient regardé en tant que laveur de vitres avec une sympathie humaine l’apprécièrent dans les années suivantes comme pasteur zélé et généreux, engagé dans un authentique renouveau spirituel et ecclésial, préoccupé d’indiquer à tous la voie qui conduit au ciel. La force de sa foi, qui le soutint dans les années difficiles, devint une anxiété pastorale irrépressible et un désir de rendre vivant l’Évangile dans la société et de faire du bien à tous.
Ce soir, nous sommes nombreux ici non seulement pour accueillir la grande leçon qui nous vient de sa vie, mais surtout pour prier pour lui, réconfortés par la certitude que le cardinal Vlk est maintenant immergé dans l’immensité de l’amour de Dieu. Les affirmations qui ont résonné, dans la première lecture de la messe, « Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons au Seigneur » nous aident. Ces paroles solennelles situent l’événement de la mort dans une perspective de foi. La vie humaine tout entière est renfermée dans le mystère de Dieu qui est un mystère d’amour : le Christ nous a aimés jusqu’à se donner pour nous sur la croix. Et c’est dans la certitude que Dieu nous aime que se trouvent la racine et le fondement de notre espérance et de notre courage pour savoir aller de l’avant, même dans les moments difficiles, comme sut le faire le cardinal Vlk.
Ensuite, dans l’Évangile, le Christ nous a dit : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et qui vit et croit en moi ne mourra pas ». Nos jours sur cette terre ne sont pas une course vers le néant : nous avons un destin d’éternité. La mort n’est pas la fin : c’est le début de la réalité la plus vraie et la plus importante. Après la mort, il y a une vie sans couchant dans le bonheur avec Dieu et avec les personnes bonnes connues sur cette terre. En effet, la mort est la rencontre la plus élevée et la plus importante : la rencontre avec Dieu. Rencontre avec ce Dieu en qui le cardinal Vlk a cru et espéré et dont il a témoigné avec un courage et une cohérence qui restent pour nous un exemple et un avertissement. La leçon de sa vie ne doit pas tomber dans l’oubli. Le cardinal Miloslav Vlk restera dans l’histoire de l’Église et des peuples slaves parmi les figures lumineuses qui, avec la force de leur foi, ont témoigné de leur pleine fidélité au Christ dans des temps et des situations difficiles. Que sa mémoire demeure en bénédiction.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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