« Je vous exhorte à aimer les nouvelles générations, à vous faire compagnons de voyage de leur chemin parfois confus mais riche de rêves, qui font eux aussi partie de l’appel de Dieu. » C’est la mission qu’a confiée le pape à la Congrégation des Fils de Marie Immaculée, dont il a reçu des représentants ce 20 septembre 2018.
A l’occasion d’un congrès organisé à Rome pour le 150e anniversaire de la mort de leur fondateur Joseph Frassinetti (1804-1868), le pape a encouragé ces religieux dédiés à l’enseignement à promouvoir davantage le rôle des laïcs, « hommes et femmes ».
Voici notre traduction du discours prononcé par le pape.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de votre Congrès, par lequel vous célébrez le 150e anniversaire du passage du vénérable Joseph Frassinetti à la vie éternelle : et je remercie le supérieur général, père Amici, pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de tous. J’ai apprécié que dans le Congrès il y ait eu une collaboration fraternelle entre clergé et laïcs, avec le présence de nombreux religieux. C’est un des signes des temps de l’Eglise aujourd’hui, mais c’est aussi un des éléments qui ont caractérisé le ministère du Fondateur : la promotion de l’apostolat des laïcs, hommes et femmes. Je vous exhorte à continuer sur cette voie, en rendant vos communautés paroissiales et religieuses des lieux où l’on respire un esprit de famille, d’accueil, de respect et de collaboration apostolique généreuse.
Ce Congrès s’est déroulé environ un an après votre Chapitre général, où ont été traités des thèmes importants. Il s’agit donc d’un pas en avant dans l’engagement de mettre en oeuvre les lignes qui ont émergé du Chapitre et de rendre les fidèles qui vous sont confiés, toujours plus participants de la mission et du charisme de la Congrégation. L’Eglise ne se lasse pas d’exhorter les religieux à une fidélité dynamique à leur identité charismatique, avec docilité à l’Esprit et fort sens ecclésial. Une telle fidélité dynamique exige un discernement constant, qui est un don surnaturel (Cf. Exhort. ap. Gaudete et exsultate,170), mais demande aussi l’engagement, l’écoute, le dialogue. La devise de votre Chapitre général étaient les paroles du Seigneur rapportées dans l’Evangile de Jean : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35). Je vous encourage à vivre le commandement de Jésus toujours plus comme vraiment distinctif de votre façon d’être chrétiens et consacrés, dans le sillage de Joseph Frassinetti, qui cultiva les amitiés spirituelles et promut la fraternité entre les prêtres.
Le Concile Vatican II a réaffirmé avec clarté et profondeur la vocation universelle des fidèles à la sainteté, enracinée dans l’appel baptismal. Mes prédécesseurs ont développé cet thème avec richesse de motivations et créativité d’expressions. On a parlé de la haute mesure de la vie chrétienne, de la nécessité de répandre la bonne vie de l’Evangile avec tendresse, cohérence et courage.
Parmi les Pasteurs qui, au 19e siècle, ont diffusé l’idéal de la sanctification du Peuple de Dieu, le vénérable Frassinetti mérite une mise en relief, aussi bien pour l’exemple de sa vie et de ses relations, que pour ses écrits riches en encouragement d’un chemin humble, serein et courageux à la suite du Christ. Au fondement de l’amitié avec Dieu, il pose le désir de l’aimer et l’offrande de la totalité de soi-même. Il est bien, donc, que vous vous dédiiez à mettre à profit les idéaux frassinettains, dans la vie de tous les jours, en tirant du trésor de la spiritualité ecclésiale « du neuf et de l’ancien » (cf. Mt 13,52).
L’engagement vocationnel est un élément important de votre charisme, avec une attention particulière à toutes les dimensions de la vie de consécration spéciale. Nous savons que c’est toujours Dieu qui appelle, mais nous pouvons et nous devons collaborer à créer des biens terrestres où la semence surabondante de l’appel puisse s’enraciner et ne pas être gaspillé. L’Eglise se préoccupe en outre avec sollicitude de la formation initiale et permanente des personnes appelées, à la vie sacerdotale comme religieuse. Lors de votre dernier Chapitre, cette problématique a été bien traitée, en faisant écho à la grande ardeur vocationnelle de Joseph Frassinetti. Je souhaite que cet engagement de prière, de catéchèses, d’accompagnement, de formation vocationnelle, ait toujours une place privilégiée dans la vie et dans la pastorale de votre Congrégation.
Je voudrais ensuite me référer au prochain Synode des évêques sur les thèmes Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. La participation spirituelle à cet événement, qui concerne tous les fidèles, devrait vous trouver particulièrement sensibles et coopératifs en vertu de la dimension éducative et jeune de votre charisme. Don Frassinetti, comme son ami Don Bosco, ont saisi le rôle stratégique des nouvelles générations dans une société dynamique et projetée vers le futur. Je vous exhorte à aimer les nouvelles générations, à vous faire compagnons de voyage de leur chemin parfois confus mais riche de rêves, qui font eux aussi partie de l’appel de Dieu.
Chers frères, votre charisme vous pousse vers quelques défis cruciaux du moment de l’histoire ecclésiale que nous vivons. Il est important que vous soyez présents dans ce processus, sans délire de grandeur mais avec le désir de faire tout ce que vous pouvez, en gardant dans le cœur l’attitude évangélique des serviteurs inutiles. Ne vous laissez pas décourager par les difficultés de ce témoignage et demandez à la Vierge Marie de vous accompagner, ainsi que les jeunes qui vous sont confiés, vers la pleine communion avec Jésus Christ. La Mère de l’Eglise et de chacun de nous, veut nous aider à vivre en plénitude la grâce de Dieu et à vivre comme disciples missionnaires qui portent du fruit dans l’annonce, dans la rencontre et dans le service. Je vous bénis tous, ainsi que votre apostolat, et je vous demande de prier pour moi. Merci !
Traduction de Zenit, Anne Kurian
