Rencontre oecuménique avec les jeunes Tallinn (Estonie) 25 sept. 2018 © Vatican NewsRencontre oecuménique avec les jeunes Tallinn (Estonie) 25 sept. 2018 © Vatican News

Rencontre oecuménique avec les jeunes Tallinn (Estonie) 25 sept. 2018 © Vatican News

Estonie : l'amour n'est pas mort, lance le pape aux jeunes

Rencontre œcuménique à Tallinn

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« Jeunes, l’amour n’est pas mort, il nous appelle et nous envoie, il demande seulement que l’on ouvre son cœur », a lancé le pape François aux jeunes d’Estonie, au cours d’une rencontre œcuménique à laquelle il a participé à Tallinn, ce 25 septembre 2018. A quelques jours de l’ouverture du Synode sur les jeunes (3-27 octobre), il a donné le ton de l’événement : que l’Eglise soit accueillante, à l’écoute, attirante, transparente. Il s’agit de renverser les situations qui éloignent les jeunes, de partager leurs larmes et leurs joies, de « se laisser interroger » par eux.
Le pape était en effet dans le pays toute la journée, en conclusion de son voyage de quatre jours dans les Pays baltes qui comprenait aussi la Lituanie et la Lettonie. Après avoir rencontré les autorités estoniennes, il s’est rendu en fin de matinée à l’église luthérienne Kaarli (Saint-Charles) de la capitale, où il a été accueilli par des chants et des applaudissements à tout rompre.
La rencontre s’est ouverte par un salut de l’archevêque luthérien Urmas Viilma, qui a déploré un « analphabétisme religieux » chez les jeunes, quand bien même l’Estonie était-elle un pays pionnier dans l’informatique. L’archevêque a encouragé les jeunes à défendre leur droit de connaître la foi chrétienne « sans déviations et partialités ».
Deux jeunes ont ensuite introduit des chants interprétés par une chorale : « Pour nous, en Estonie, la musique est une façon d’exprimer nos sentiments et de montrer notre affection. Pape François, aujourd’hui nous voulons vous faire le don de notre musique. » A suivi le témoignage de Lisbel, 18 ans, luthérienne, fille d’un père alcoolique violent. C’est la découverte de la foi qui l’a sortie de sa haine : « L’amour de Jésus m’a donné la force de pardonner complètement à mon papa et de me libérer de tous les mauvais souvenirs. »
Puis le témoignage de Tauri, jeune orthodoxe, qui découvrit un lien personnel avec Dieu à l’adolescence, étudia la théologie, devint agnostique, pensant que toute sa foi était une idée qu’il s’était créée lui-même. Mais c’était « un processus de purification », a-t-il affirmé : « Dans ce vide athée, paradoxalement, je trouvai de nouveau Dieu. » Il réalisa qu’il s’était fait une idée de Lui, et que tout s’écroulait s’Il n’y correspondait pas. Aujourd’hui Dieu est pour lui une « évidence », il ne se laisse pas enfermer dans les concepts humains, a-t-il ajouté en substance.
Le jeune Mirko, catholique, a exprimé sa recherche de beauté par le théâtre, et son questionnement : « Comment garder son âme pure, faire les choix justes, sans perdre son âme ? »
Renverser les situations qui éloignent les jeunes
« Beaucoup parmi vous demandent que quelqu’un vous accompagne et vous comprenne sans juger et qu’il sache vous écouter, comme aussi répondre à vos interrogations », a constaté le pape dans son discours, en déplorant : « Si souvent, les communautés chrétiennes s’enferment sans s’en apercevoir et n’écoutent pas vos inquiétudes ». Et de faire observer : « A vous les jeunes, il arrive souvent que les adultes autour de vous ne savent pas ce qu’ils veulent ou attendent de vous; ou parfois, quand ils vous voient très heureux, ils se méfient; et s’ils vous voient inquiets, ils relativisent ce qui vous arrive. »
« Nous avons vraiment besoin de nous convertir, de découvrir que pour être à vos côtés, nous devons renverser tant de situations qui sont, en définitive, celles qui vous éloignent », a martelé le pape, dans son allocution ponctuée de paroles d’abondance de cœur : « C’est laid quand une Eglise, une communauté se comporte de telle façon que les jeunes pensent : “Il ne me diront rien d’utile pour ma vie”… Certains demandent même expressément qu’on les laisse tranquilles, car ils trouvent la présence de l’Eglise pénible voire irritante. Ils sont indignés par les scandales sexuels et économiques, face auxquels ils ne voient pas une nette condamnation. »
A la veille du Synode des évêques, il a tracé la conduite de l’Eglise : « Nous voulons pleurer avec vous si vous pleurez, accompagner vos joies de nos applaudissements et de nos éclats de rire, vous aider à vivre à la suite du Seigneur. » Non aux « attitudes dans lesquelles il a été plus facile pour nous de parler, de conseiller, de proposer à partir de notre expérience, plutôt que d’écouter, de se laisser interroger et éclairer par ce que vous, vous vivez », a insisté le pape : « Nous voulons (…) être une communauté transparente, accueillante, honnête, attirante, accessible, joyeuse, une communauté qui communique et où chacun peut participer, c’est-à-dire une communauté sans peur. »
Faisons que l’amour soit vivant
Le pape a cité la chanteuse Kerli Koiv dans son single « Love is dead » : « L’amour est mort, l’amour s’en est allé, l’amour ne vit plus ici ». « Et ils sont nombreux ceux qui font cette expérience: ils voient que l’amour de leurs parents s’est épuisé, que l’amour des couples à peine mariés se dissout », a-t-il regretté.
« Jeunes, a interpellé le pape, l’amour n’est pas mort, il nous appelle et nous envoie, il demande seulement que l’on ouvre son cœur… Il semblerait que l’amour soit mort, mais nous savons qu’il n’en est pas ainsi, et nous avons une parole à dire, quelque chose à annoncer, avec peu de discours et beaucoup de gestes. Parce que vous êtes la génération de l’image et de l’action plus que de la spéculation, de la théorie. » « Non, s’il vous plaît ! Faisons que l’amour soit vivant, et nous devons tous faire cela ! »
Le pape a aussi encouragé à « aller là où se trouve l’humanité la plus blessée; là où les hommes, au-delà des apparences de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher une réponse à la question du sens de leur vie… nous n’irons jamais seuls: Dieu vient avec nous. « La vie chrétienne est vie, avenir, espérance, ce n’est pas un musée », a-t-il affirmé en conclusion : « là où il y a Jésus, il y a toujours le renouveau, il y a toujours l’opportunité de la conversion, de laisser derrière soi tout ce qui nous sépare de lui et de nos frères. »
Au terme de la rencontre, le pape a déjeuné avec la suite papale au Couvent des sœurs brigittines à Pirita.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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