« Dignité de l’être humain : enseignements du judaïsme et du catholicisme au sujet des enfants »: c’était le thème de la 16ème réunion de la Commission bilatérale des Délégations du Grand Rabbinat d’Israël et de la Commission du Saint-Siège pour les rapports religieux avec le judaïsme, qui s’est tenue à Rome du 18 au 20 novembre 2018
La délégation juive était composée du rabbin Rasson Arusi, président de la Délégation juive, des rabbins David Rosen, Daniel Sperber et Avraham Steinberg et de M. Oded Wiener. La délégation catholique, du card. Peter Turkson, président de cette délégation, de Mgr Pierbattista Pizzaballa O.F.M., de Mgr Bruno Forte, de Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, de Mgr Pier Franceso Fumagalli et du p. Norbert J. Hofman S.D.B.
Ils sont particulièrement insisté sur l’importance de « familiariser » les enfants « avec le patrimoine biblique que partagent juifs et chrétiens ».
Voici notre traduction de la déclaration commune signée par les deux parties, que le pape François a reçues dans la soirée du 19 novembre. Elle est publiée par le Vatican en anglais ce 22 novembre.
HG
Déclaration commune
- En tant que président de la délégation catholique, le cardinal Peter Turkson a accueilli les partenaires juifs à Rome, invoquant la bénédiction de Dieu sur les délibérations. Le rabbin Rasson Arusi a répondu en exprimant la joie et la satisfaction de la délégation juive d’être réunie dans cette sainte entreprise commune et il a cité dans la prière le psaume 89,17 : « Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains».
- Ma Commission bilatérale s’est réunie à l’occasion de la Journée universelle des enfants des Nations Unies et a par conséquent consacré ses délibérations au sujet de la dignité humaine avec une référence particulière à l’enfant.
- La Commission a fait observer les progrès importants dans la société moderne concernant le sujet des droits humains, tels qu’ils sont indiqués dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et, en particulier, la Convention de 1989 sur les droits de l’enfant. Ces principes de l’inviolabilité de la vie humaine et de l’inaliénabilité de la dignité humaine trouvent leur pleine expression dans des relations entre l’individu et le Divin et entre l’individu et son prochain ; avec la responsabilité de pourvoir à cette expression dans la société. Nous avons un devoir spécial à l’égard des membres plus vulnérables de nos communautés et, en particulier, à l’égard des enfants, garants de la postérité, qui ne sont pas encore capables d’exprimer tout leur potentiel et de se protéger.
- Il a été discuté en profondeur de l’importance d’identifier les fondements éthiques de telles affirmations, étant donné que ces idéaux sont déjà enracinés avec une validité transcendante dans notre patrimoine biblique commun qui déclare que l’être humain est créé à l’image de Dieu (cf. Gen 1,26-27 ; 5,1-2).
- Le respect pour la dignité personnelle des enfants doit aussi prendre la forme d’une offre de la plus large gamme de stimulus et d’instruments pour développer leurs capacités de réflexion et d’action. Il n’est pas seulement nécessaire que les enfants se perçoivent comme l’objet d’une attention appropriée et aimante, mais aussi qu’ils soient dynamiquement engagés de telle manière que leurs capacités cognitives et pratiques soient stimulées. Pour que ce développement prenne place en accord avec les valeurs mentionnées, il est nécessaire de nourrir des relations aimantes authentiques et stables et de pourvoir à une nutrition, des soins de santé et une protection adéquates, ainsi qu’à la nécessaire éducation religieuse, scolarisation et à un apprentissage et une créativité informels.
- La société dans son ensemble, mais en particulier les parents, les professeurs et les guides religieux ont une responsabilité particulière quant à la croissance morale et spirituelle de l’enfant. Dans leurs délibérations sur les droits de l’enfant à l’autonomie et à la liberté, les membres de la Commission bilatérale ont souligné la tension entre garantir la plus grande liberté de choix d’une part et assurer une protection et des conseils de discipline d’autre part. Tout cela exige que nous nous abstenions de toute instrumentalisation d’une autre personne, dont la dignité devrait toujours être vue comme un objectif en soi.
- Les membres de la Commission bilatérale ont été reçus par le pape François au cours d’une audience spéciale où il a affirmé son attachement à ce travail et à la promotion des relations entre catholiques et juifs : « Nous sommes frères et les enfants d’un Dieu unique, et nous devons travailler ensemble pour la paix main dans la main », a-t-il dit. À cette rencontre, le pape a accueilli l’information qui lui a été transmise concernant l’ébauche d’un document de synthèse sur les questions liées à la fin de vie, faisant notamment référence aux dangers de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté par un médecin au lieu de fournir des soins palliatifs et le plus grand respect pour la vie donnée par Dieu.
- En conclusion de leurs délibérations, les membres de la Commission bilatérale ont rendu grâce au Tout-Puissant pour ses bénédictions sur leur vie et leur travail ; et pour ses dons, le fait d’être enfants eux-mêmes, comme cela est décrit dans le psaume 126,3, n’étant pas le moindre : « Des fils, voilà ce que donne le Seigneur, des enfants, la récompense qu’il accorde ». Pour assurer leur sain développement spirituel, il est particulièrement important de les familiariser avec le patrimoine biblique que partagent juifs et chrétiens.
- En outre, la Commission conseille vivement que ces textes de l’Écriture sainte soient étudiés dans les communautés respectives. De plus, l’enseignement de Nostra aetate (N.4) et les documents ultérieurs appartenant aux relations judéo-chrétiennes devraient être largement connus et diffusés au sein des deux communautés, pour fournir un élan à la réconciliation et à la coopération actuelles et bénies entre juifs et catholiques en vue de l’amélioration de leurs fidèles et de la société dans son ensemble.
Rome,
Le 20 novembre 2018 – Kislev 12th, 5779
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat