Andrea Tornielli © Vatican News

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Cas Emanuela Orlandi: le "désir de clarté du Saint-Siège", par Andrea Tornielli

Aucune « implication du Saint-Siège »

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« Emanuela Orlandi: désir de clarté du Saint-Siège », titre Vatican News ce 12 juillet 2019, mais « certainement pas – comme cela a été dit – l’admission par le Vatican de sa possible implication dans une affaire de dissimulation de cadavre », explique A. Tornielli.
En effet, le directeur éditorial de la Communication du Saint-Siège revient sur les fouilles effectuées du Cimetière teutonique, qui jouit de l’extraterritorialité à l’intérieur des murs du Vatican, le 11 juillet, à la demande de la famille d’Emanuela Orlandi, fille d’un employé du Vatican qui a disparu à l’âge de 15 ans, le 22 juin 1983.
La fouille des tombes a peut-être été suggéré à l’avocat de la famille par un photographe italien qui s’est naguère auto-accusé de l’enlèvement mais s’est révélé peu crédible, rapporte la presse italienne.
La collaboration du Vatican a été totale et « témoigne de la proximité avec la famille de la jeune fille disparue depuis 36 ans », indique la même source qui a traduit de l’italien:
« La surprise était perceptible sur tous les visages jeudi 11 juillet au matin lors de l’ouverture des deux tombes du cimetière teutonique du Vatican: elles étaient vides. Pas de traces d’urnes, de cercueils ou de restes humains.
Comme chacun sait, la magistrature vaticane avait accepté de mener cette activité investigatrice pour répondre aux souhaits de la famille d’Emanuela Orlandi, la fille d’un employé du Saint-Siège, âgée de quinze ans, mystérieusement disparue à Rome le 22 juin 1983: un signalement anonyme avait en effet indiqué que les restes de la jeune femme pouvaient avoir été enterrés dans l’une des vieilles tombes de ce cimetière.
Sur ordre du Promoteur de Justice du Vatican, Gian Piero Milano, deux tombes similaires et adjacentes, répondant au signalement anonyme, ont été ouvertes afin de vérifier qu’elles ne renfermaient pas de restes attribuables à la jeune fille disparue.
La décision d’ouvrir les deux tombes, en présence d’un expert désigné par la famille Orlandi, selon les normes techniques les plus modernes, représente un signe d’attention particulière et de proximité humaine et chrétienne avec la famille de la jeune fille. Mais certainement pas – comme cela a été dit – l’admission par le Vatican de sa possible implication dans une affaire de dissimulation de cadavre.
Les recherches ont démontré qu’aucun reste d’Emanuela Orlandi ne se trouvait ni dans la tombe signalée, ni dans la tombe adjacente. En conséquence, le résultat (prévisible) de l’enquête est négatif. Comme on le sait, sous les deux tombes portant les noms de deux princesses mortes au XIXe siècle, aucun reste de squelette humain n’a été trouvé, mais uniquement un grand caveau souterrain complètement vide, sans pierres tombales, inscriptions, ou sépultures, vraisemblablement refermé au siècle dernier, dans les années 1960.
Le fait que les deux tombes étaient dépourvues de restes a soulevé de nouvelles questions quant à la destination des ossements des deux nobles dames disparues il y a deux siècles. Mais toute tentative de déplacer l’attention sur le destin de ces dépouilles est absolument trompeuse. Les deux princesses ne faisaient pas l’objet d’une enquête. Seuls les restes d’une jeune fille de 15 ans décédée en 1983 étaient recherchés. Il convient donc de répéter tout d’abord que l’hypothèse prise en considération par l’enquête du magistrat concernait la découverte éventuelle des restes osseux d’Emanuela Orlandi. Or de ces restes, aucune trace n’a été trouvée.
Cela dit, la magistrature du Vatican a décidé de poursuivre des recherches concernant des travaux réalisés dans le cimetière et qui se sont déroulés en deux phases, dont la dernière au milieu des années 1960 avec la construction du nouveau palais du Collège teutonique. Les tombes des deux princesses se trouvent juste à côté du mur d’enceinte de ce bâtiment, et il est donc plausible qu’en creusant les fondations, elles aient été vidées des restes encore présents pour les déplacer ailleurs. Sur ce point, il est probable que de prochaines vérifications soient faites.
La précision des investigations et des relevés techniques, la décision de procéder à un test ADN des restes retrouvés, le professionnalisme documenté avec lequel les opérations ont été menées sous la direction du Promoteur de Justice et la coordination du Corps de Gendarmerie Vaticane dirigée par Domenico Giani, démontrent clairement la volonté du Saint-Siège de prendre au sérieux la demande de la famille. Cette volonté a été mise en œuvre en dépit du fait que la demande provenait d’un signalement anonyme dont il était impossible pour la Magistrature du Vatican de vérifier à l’avance le degré de fiabilité. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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