Deux cent millions de femmes et de jeunes filles ont subi une excision: L’Osservatore Romano dénonce cette « violence » faite aux femmes comme une « pratique cruelle » et souhaite son éradication, à la Une de son édition en italien du 7 février 2018.
AB
Voici notre traduction complète de l’article du quotidien du Vatican:
Dans le monde, deux cent millions de femmes et de filles ont subi une excision. D’ici 2030, plus d’un tiers de toutes les naissances dans le monde auront lieu dans trente pays où cette violente pratique est admise. Ce sont certaines des données diffusées par l’Unicef et par l’Unfpa (Fonds des Nations Unies pour la population) à l’occasion de la Journée internationale contre les excisions féminines que l’on célèbre le 6 février.
« Les excisions féminines représentent beaucoup : un acte violent qui cause des infections, des maladies, des complications pendant l’accouchement et même la mort ; une pratique cruelle qui inflige des dommages émotionnels durables, perpétrée sur les plus vulnérables et les moins protégés de la société, à savoir les filles dans la tranche d’âge comprise entre l’enfance et 15 ans », ont déclaré Henrietta H. Fore, directrice générale de l’Unicef, et Natalia Kanem, directrice générale de l’Unfpa.
Sur les deux cent millions de femmes et de jeunes filles qui subissent cette pratique, plus de la moitié vivent dans seulement trois pays : l’Égypte, l’Éthiopie et l’Indonésie. La Somalie, la Guinée, et Djibouti sont les pays où l’infibulation est le plus répandue, concernant au moins neuf femmes sur dix, d’un âge compris entre 15 et 49 ans. Des données alarmantes proviennent d’autres pays comme le Tchad, la Gambie, le Mali, le Sénégal, le Soudan et le Yémen.
Le Moyen-Orient est aussi touché. On peut se rappeler en particulier l’ordre donné en 2014 par le prétendu État islamique de pratiquer l’infibulation à toutes les femmes du califat auto-proclamé – enfants comprises – expliquant cette brutale disposition par des motivations religieuses inexistantes.
Dans de nombreux pays, souligne l’Unicef, ces pratiques « sont des normes sociales profondément tenaces et enracinées dans les inégalités de genre ». Les motivations sont diverses : dans certains cas, il s’agit d’un rite de passage vers l’âge adulte, tandis que dans d’autres cas, la mutilation est considérée comme un moyen de réprimer la sexualité des femmes. Diverses communautés pratiquent l’excision en croyant assurer aux filles une bonne éducation, la garantie de se marier et l’honneur de la famille. D’autres les associent à des croyances religieuses.
« Les excisions féminines, soutiennent les représentants des agences Onu – sont quelque chose qui peut être arrêté ». Dans le monde, « la pression pour les éliminer augmente. La volonté politique, l’implication des communautés et les investissements ciblés changent les habitudes et les vies des personnes ». Dans les pays où l’Unfpa et l’Unicef travaillent ensemble pour mettre fin aux excisions féminines, les filles ont aujourd’hui beaucoup moins de probabilités d’être soumises à cette terrible pratique qu’il y a dix ans.
Depuis 2008, plus de vingt-cinq millions de personnes dans environ quinze pays ont publiquement répudié cette pratique. Au niveau mondial, la diffusion a décliné d’environ un quart par rapport à l’an 2000. Selon les agences Onu, « les taux d’excisions féminines peuvent diminuer rapidement dans des lieux où la question est abordée sans réserve de la part des gouvernements, des communautés et des familles ».
Toutefois, observent Henrietta H. Fore et Natalia Kanem, il y a encore beaucoup à faire. « Les tendances des populations dans différents pays parmi les plus pauvres au monde, où l’excision féminine est encore pratiquée, menacent de réduire les progrès accomplis. Si les progrès pour protéger le nombre grandissant de jeunes femmes à risque dans ces pays n’avancent pas plus rapidement, des millions de filles pourraient, d’ici 2030, être soumises à cette violence », affirment les responsables des Nations Unies.
Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat