L’euthanasie est « une voie erronée, et très, très dangereuse », prévient Lucetta Scaraffia dans L’Osservatore Romano en italien daté du 1er avril 2017. Elle relève les similitudes entre l’euthanasie et la peine de mort et elle avertit qu’il est « facile d’être victime des manipulations idéologiques ».
Au fil de sa tribune dans le quotidien du Vatican, Lucetta Scaraffia évoque l’euthanasie du DJ italien Fabiano Antoniani dans une clinique de Suisse, avec l’administration du médicament Pentobarbital utilisé pour les condamnés à mort aux Etats-Unis.
Lucetta Scaraffia s’inquiète de « cette confusion entre condamnation à mort et mort volontaire » : « deux réalités si différentes et pourtant si profondément similaires », assène-t-elle.
Elle dénonce le « jeu de miroir » entre les associations qui prônent une « mort digne », « douce et heureuse » et les associations de lutte contre la peine de mort, qui imputent au même médicament des effets abrupts. Un jeu qui « empêche de voir la réalité », estime-t-elle, et « qui témoigne combien il est facile d’être victime des manipulations idéologiques ».
L’historienne italienne met en parallèle cette situation avec le roman « La mort moderne », du suédois Carl-Henning Wijkmark, qui imagine la mort planifiée de tous les seniors. « Mais, pour y parvenir, rappelle Lucetta Scaraffia, ils doivent transformer la mort, de disgrâce redoutée à objet de désir, c’est-à-dire la rendre ‘attirante, désirable, et la demande d’euthanasie sera spontanée’ ».
« Nous nous laissons si facilement convaincre que l’on peut “acheter” une mort facile et indolore », constate-t-elle : « en lisant les articles relatifs aux deux scénarios, l’euthanasie et l’exécution capitale, en général on reste convaincu qu’il s’agit de réalité profondément diverses ».
« Mais tout change, ajoute-t-elle si nous découvrons que la substance est la même, et que le procédé est exactement identique, qu’il s’agisse d’une clinique coûteuse ou d’une prison pour condamnés à mort ».
« Nous ne pouvons plus continuer à voir deux expériences distinctes, conclut Lucetta Scaraffia : ici peut-être la torture, là une libération dans la dignité. (…) Nous devenons conscients que l’on en sait très peu sur la mort, sur combien de temps il faut pour mourir, surtout sur la façon dont ce processus implique les aspects les plus humains — l’esprit, le psychisme, l’esprit — et non seulement le corps dans sa matérialité ».