Le patriarche orthodoxe russe Cyrille Ier a accueilli le pape François à son arrivée dans la salle présidentielle de l’aéroport José Marti de La Havane (Cuba), ce vendredi 12 février vers 14h15 (20h15) à Rome.
Ils se sont embrassés trois fois avant d’échanger quelques phrases. Puis ils se sont prêtés, debout, aux flashes des photographes avant de s’asseoir pour commencer leurs entretiens.
Une rencontre historique que le pape a qualifiée de « don de Dieu », en un « jour de grâce », dans ce tweet: « Aujourd’hui est un jour de grâce. Cette rencontre avec le Patriarche Cyrille est un don de Dieu. Priez pour nous. »
Dans l’avion de Rome, le pape avait parlé d’un « voyage exigeant, trop serré, mais tellement voulu : tellement voulu par mon frère Cyrille, par moi-même et aussi par les Mexicains ».
Des observateurs à Rome évoquent la « chute d’un mur d’incommunicabilité de quasi mille ans ».
Une rencontre que les martyrs du Moyen-Orient ont en quelque sorte « hâtée »: c’est « l’oecuménisme du sang », selon l’expression du pape François. Quelque 100 000 chrétiens seraient tués chaque année et 1,5 million sont persécutés. Le pape et le patriarche partagent un même souci de protéger les chrétiens d’Orient.
Et l’impact de la rencontre se répercutera dans toute l’orthodoxie, en particulier à l’occasion du concile pan-orthodoxe qui aura lieu en Crète du 16 au 27 juin prochain.
Pendant la rencontre, le patriarche Bartholomée de Constantinople a posté un tweet sur le compte du patriarcat oecuménique (@EcuPatriarch) dans lequel il assure, en anglais, de sa prière pour ses « frères en Christ, le pape François et le patriarche Cyrille », se réjouissant que « le dialogue commencé en 1964 par Athénagoras et Paul VI continue de porter du fruit ».
Le pape et le patriarche ont eu un entretien de deux heures, avec deux interprètes, l’un en russe l’autre en espagnol.
Puis, en présence du président Raul Castro, ils signeront une Déclaration commune, et ils prononceront deux discours notamment les sentiments qui les habitent à l’occasion de ce moment historique.
Le pape repartira ensuite de la Havane pour Mexico où il doit arriver trois heures plus tard, vers 2h du matin, heure de Rome. A 79 ans, le pape sera en voyage depuis 18heures. Il arrivera à plus de 2 000 mètres d’altitude. Il repartira pour Rome le 17 février (arrivée le 18).
Le patriarche russe était arrivé la veille à Cuba: il restera sur l’île avant de partir pour le Paraguay où il sera les 14 et 15 février, pour partir ensuite au Brésil jusqu’au 21 février.
Dans l’avion, à son retour d’Istanbul (Turquie), en novembre dernier, le pape François avait dit : « Je veux rencontrer le patriarche orthodoxe Cyrille; il peut décider où et comment et je viens! »
Le métropolite Hilarion, responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou a pour sa part indiqué que des orthodoxes ne souhaitaient pas que cette rencontre se tienne en Europe, parce que l’Europe est « le continent de la division des Églises », alors que ces rencontres « ne sont pas destinées à souligner les divisions, mais plutôt à en maquer la fin ».
Pour Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, le patriarche Cyrille a, par son voyage, et sa rencontre avec le pape François, « rompu l’embargo autour de la Russie » en faisant un geste à la fois ecclésial et politique.
Le patriarche Cyrille et le pape François - La Havane © L'Osservatore Romano
Cuba: le patriarche Cyrille et le pape François, enfin!
Une rencontre qui est « un don de Dieu »