La paix dans le monde et « l’espérance chrétienne » étaient des thèmes clés du discours du Doyen du Corps Diplomatique, Armindo Fernandes do Espírito Santo Vieira, ambassadeur d’Angola, à la rencontre annuelle du pape François avec les ambassadeurs du Corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, ce 8 janvier 2018.
Les défis, présentés par le pape François dans le récent Message pour la Journée Mondiale de la Paix, « sont traités par la diplomatie avec la conviction que la paix est importante pour les pays en crise, mais aussi pour les nations qui s’occupent des conséquences », a souligné l’ambassadeur. « Les solutions sont complexes, mais non impossibles, a-t-il ajouté, et elles doivent être satisfaisantes pour le présent, avec des effets positifs pour le futur, sans renoncer à la mémoire du passé et des cas sublimes. »
Au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, l’ambassadeur a souhaité au pape de réussir « pleinement toutes les initiatives qui sont à venir en 2018 » et a cité « les paroles de Saint Philippe Néri, le saint de la joie » qui avait demandé : “Quand donc, chers amis, commencerons-nous à faire le bien ?”
« Que cette question, a conclu l’ambassadeur, stimule le travail de la diplomatie, principalement quand il faut faire face aux difficultés, et soit source d’espérance pour tous ceux d’entre nous qui croient que le monde peut être meilleur. »
Voici le discours du Doyen du Corps Diplomatique publié par le Bureau de presse du Saint-Siège.
MD
Discours du Doyen du Corps Diplomatique
Très Saint-Père,
Au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, j’ai à nouveau l’honneur de Vous présenter les vœux de bonne santé et de fructueux résultats dans la poursuite de Votre mission évangélisatrice. Qu’il me soit permis de réitérer devant Votre Sainteté les prémices qui caractérisent le service diplomatique, en faisant, entre autres, du dialogue le principal moyen pour affronter les défis qui menacent la paix.
Nous constatons avec admiration Vos efforts pour apporter consolation et encouragement aux personnes dans le besoin, avec une espérance inébranlable. En effet, c’est à cette espérance chrétienne que le Saint-Père a dédié les catéchèses de cette année à peine terminée, indiquant aux chrétiens, et à tous ceux qui désirent apprendre de ce concept, un chemin pour la construction de l’avenir.
Avec l’espérance nous nourrissons l’avenir, enseigne Augustin, saint et philosophe. Cela se passe dans nos esprits, où nous abolissons le temps, où nous nous rappelons le passé et où nous avons la perception des faits actuels [1]. Cependant, on espère en croyant [2], et on croit en agissant : nous voyons ainsi Vos exemples quotidiens, germes de l’avenir, dont les résultats sont attendus.
Les activités prévues pour les prochains mois exigent de nous un regard intégral sur l’être humain, pour que nous comprenions la portée de Vos actions. Mentionnons certains évènements qui peuvent présenter un intérêt particulier, comme le Synode des Évêques qui va se réunir pour réfléchir sur les jeunes, la foi et le discernement, en Octobre prochain, et la Journée Mondiale de la Jeunesse annoncée pour le début de l’année 2019, au Panama. Les familles recevront également une attention particulière lors de la Rencontre Mondiale qui aura lieu en Août prochain, en Irlande.
Votre Sainteté a également annoncé une Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour la région Panamazonique, qui propose un endroit unique d’étude sur la forêt et ses peuples d’origine, invoquant à nouveau des thèmes illustrés avec exemplarité dans l’Encyclique Laudato si’. La complexité des relations humaines y est mise en évidence, sans négliger le contexte plus large, l’environnement, où se déroulent des évènements capables de changer le cours de l’histoire. C’est pour cela qu’en tant que représentants des pays qui font partie de la Communauté Internationale, nous réaffirmons nos engagements en matière de développement durable, amplement partagés dans la Conférence de Paris et corroborés dans les conférences suivantes, dont celle réalisée récemment en Allemagne.
Saint-Père,
Vos Voyages ont été l’occasion de renouveler la nécessité d’une attention toute particulière face au délicat moment que le monde traverse. À Fátima, Vous avez élevé une prière à Marie pour que chacun d’entre nous devienne pèlerin, en abattant des murs et en surmontant des frontières. Vous avez prié pour la réconciliation en Colombie, avec des paroles qui, dans leur essence, s’appliquent à des processus de paix nécessaires et espérés dans diverses nations. Vous avez rappelé la valeur de la sagesse pour l’application de la justice, quand Vous vous adressiez aux autorités et à la diplomatie lors de votre visite au Myanmar et au Bangladesh. En Égypte, vos mots ont été sans équivoque : «Aujourd’hui il faut des bâtisseurs de paix, non des armes ; aujourd’hui il faut des bâtisseurs de paix, non des provocateurs de conflits ; des pompiers et non des pyromanes ; des prédicateurs de réconciliation et non des propagateurs de destruction.»
Dans ce sens, nous nous rappelons que nous célébrerons cette année le premier centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, un conflit marqué non seulement par le nombre de pays impliqués, mais par le degré de destruction des armes et machines utilisées. Malheureusement, on a fait preuve de moyens encore plus néfastes pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le consensus sur la tragédie des pertes humaines, sous toutes ses formes, a poussé les pays à fonder l’ONU et d’autres organisations qui représentent et travaillent au nom de la Communauté Internationale pour la sauvegarde de la paix et pour le bien des peuples.
Parmi elles, on peut citer la FAO, que Votre Sainteté a visitée l’an dernier et où Vous avez mis en évidence certains thèmes mentionnés ici. Vous avez, tout particulièrement, rappelé le drame des migrations forcées en offrant symboliquement à l’Institution une sculpture représentant l’enfant syrien Aylan, emblème des victimes en fuite. Ce sont des actions qui renforcent les appels à la générosité des nations, particulièrement face aux tensions et aux difficultés en Afrique, en Amérique Latine, en Asie, en Europe et au Moyen-Orient.
De tels défis, que votre Sainteté a illustré aussi dans le récent Message pour la Célébration de la Journée Mondiale de la Paix, sont traités par la diplomatie avec la conviction que la paix est importante pour les pays en crise, mais aussi pour les nations qui s’occupent des conséquences. Entre autres, on peut noter la gestion des réfugiés, au niveau social, économique, culturel et éthique. Les solutions sont complexes, mais non impossibles, et elles doivent être satisfaisantes pour le présent, avec des effets positifs pour le futur, sans renoncer à la mémoire du passé et des cas sublimes. Jésus et Sa famille, en se réfugiant en Égypte, reflètent l’espoir de ceux qui recherchent un abri et inspirent ceux qui doivent chercher des solutions. Il incomba à la terre africaine d’ouvrir ses portes à l’hospitalité qui représente le juste et attendu secours à la “Sainte Famille”. Aujourd’hui, cependant, pour plusieurs raisons malheureusement, hommes, femmes et enfants ont besoin de parcourir ce chemin avec la même expectative à la recherche d’un espoir nouveau.
Très Saint-Père,
L’année que nous venons de terminer a également été marquée par des menaces et des tensions non négligeables. Entre temps, c’est au cours de cette même année que la majorité des pays, consciente des dangers que les armes de destruction massive représentent pour l’humanité, a signé le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires. En témoignant de telles préoccupations et en renouvelant votre confiance dans le dialogue, Votre Sainteté a été le pionnier d’une initiative inédite qui a réuni promoteurs de la paix, représentants des nations et spécialistes de la question. Nous Vous sommes très reconnaissants pour ces gestes.
Pour finir, le moment est aussi opportun pour exprimer notre peine pour les conflits qui n’ont pas encore cessé complètement et pour les victimes dans des dizaines de pays, frappées par différentes attaques terroristes. Nous ne pouvons oublier la récente tragédie en Égypte et les attentats en Australie, au Bangladesh, en Belgique, au Cameroun, en Espagne, aux États-Unis, en Finlande, en France, en Irak, en Iran, au Nigéria, au Pakistan, au Royaume-Uni, en Russie, en Suède, en Turquie, entre autres.
Nous ne pouvons oublier les victimes de conflits en Afghanistan, en République Centre-Africaine, en République Démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan du Sud, en Syrie, au Yémen.
Sainteté,
Malgré les points négatifs que nous venons de mentionner, il est impératif de réagir avec espérance, comme Vous nous l’avez rappelé tout au long de l’année. Je souhaite, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, que Votre Sainteté réussisse pleinement toutes les initiatives qui sont à venir en 2018. Je conclus avec les paroles de Saint Philippe Néri, le saint de la joie, par sa façon de rassembler les jeunes. “Quand donc, chers amis, commencerons-nous à faire le bien ?” Que cette question stimule le travail de la diplomatie, principalement quand il faut faire face aux difficultés, et soit source d’espérance pour tous ceux d’entre nous qui croient que le monde peut être meilleur.
En vue de Vos engagements au Chili et au Pérou la semaine prochaine, nous Vous souhaitons bon voyage et encore une fois Bonne Année et bonne santé Pape François !
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[1] Augustin d’Hippone. Les Confessions.
[2] Idem. Traité de la Foi, de l’Espérance et de la Charité.
Voeux au Corps diplomatique © Vatican Media
Corps diplomatique : la paix dans le monde et "l’espérance chrétienne"
Discours du Doyen des ambassadeurs (texte intégral)