Congrès eucharistique de Québec : renouveler la pratique et les valeurs religieuses

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Analyse du secrétaire du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques

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ROME, Vendredi 13 juin 2008 (ZENIT.org) – Le 49 Congrès eucharistique international s’ouvrira à Québec dimanche 15 juin. Il se terminera le 22 juin. L’enjeu pour le Canada est important.

Nous reprenons ci-dessous l’analyse du secrétaire du Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux, Ferdinand Pratzner, publiée par L’Osservatore Romano en langue française du 10 juin.

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C’est le Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux qui propose au Pape le siège d’un Congrès eucharistique international. Celui qui demande les assises d’un congrès a surtout des raisons et des motivations de type pastoral. Mais il n’est pas rare qu’elles soient liées, au moins au début, à des événements significatifs de nature civile et sociale. L’Eucharistie nous a été donnée pour la «vie du monde».

Le choix de Québec – où aura lieu du 15 au 22 juin 2008, le 49 Congrès eucharistique international – est lié à la commémoration du 400 anniversaire de la ville canadienne. En 2000, Mgr Maurice Couture, alors archevêque de Québec, avait proposé à la Conférence épiscopale, en plein accord avec le maire de la ville, le projet de faire culminer les célébrations civiles et religieuses dans un Congrès eucharistique. De là est née l’idée d’accueillir le prochain Congrès eucharistique international dans la ville de Québec.

Le Canada «eucharistique»

Du reste, le Canada revendique une petite «primauté» dans l’histoire des Congrès eucharistiques: en 1910, il a hébergé le premier congrès célébré en dehors du continent européen (le 21 de la série, qui a eu lieu à Montréal). Ce sont surtout les religieux sacramentins qui se sont activés à sa préparation: le P. Alphonse Pelletier, en tant que secrétaire général, et le P. Letellier, en tant que rapporteur, qui parla des œuvres eucharistiques du vénérable Pier Giuliano Eymard, et le P. Galtier, qui approfondit la «prédication eucharistique» et «La portée doctrinale et pratique du décret Sacra Tridentina Synodus», publié par le Pape Pie X en 1905 sur la communion fréquente et quotidienne. Cela fut presque une «révolution eucharistique» dans une période où la communion se faisait rarement, et la première seulement à 12 ou 13 ans. D’autres interventions furent dédiées à «L’œuvre des prêtres adorateurs», «La ligue sacerdotale de la communion» et «Les avantages de la ligue eucharistique des prêtres».

Jusqu’en 1965, se sont succédé en terre canadienne pas moins de 154 Congrès eucharistiques à différents niveaux: un national, un provincial, trente diocésains, quatre-vingt-dix-neuf régionaux, vingt-et-un paroissiaux. La province de Québec s’est notamment distinguée avec l’organisation du Congrès national (1938) et quatre-vingt-quinze autres congrès.

Le 49 Congrès eucharistique international poursuit le chemin de la longue histoire des Congrès eucharistiques nés dans la seconde moitié du XIX siècle en France. C’est une femme, Emilie Tamisier (1834-1910), sur une inspiration de Pier Giuliano Eymard (1811-1868), appelé l’«apôtre de l’Eucharistie», qui prit l’initiative d’organiser, avec l’aide d’autres laïcs, prêtres et évêques, et avec la bénédiction du Pape Léon XIII, le premier Congrès eucharistique international à Lille, dont le thème était: «L’Eucharistie sauve le monde».

Les premiers Congrès étaient inspirés par la foi vivante dans la présence réelle de la personne de Jésus Christ dans le sacrement de l’Eucharistie. En conséquence, le culte eucharistique s’exprimait de manière particulière dans l’adoration solennelle et dans de grandioses processions. A partir des décrets de saint Pie X sur la communion fréquente Sacra tridentina Synodus (1905) et sur la communion des enfants Quam singularis (1910), on faisait, dans la préparation et la célébration des Congrès, la promotion de la communion fréquente des adultes et de la première communion des enfants.

Dimension missionnaire

Avec le pontificat de Pie XI, les Congrès eucharistiques internationaux commencent à être célébrés sur tous les continents par rotation, et acquièrent ainsi une dimension missionnaire. En effet, il suffit de considérer que l’expression «réévangélisation» a été utilisée pour la première fois dans la préparation du Congrès eucharistique international de Manille en 1937.

A partir du 37 Congrès célébré à Munich en Bavière (1960) les Congrès eucharistiques internationaux ont pris la physionomie de la Statio Orbis, une pause au cours de laquelle les Eglises particulières de différentes parties du monde s’unissent en communion avec le Pape ou avec son légat dans une ville autour du Christ dans son mystère eucharistique, pour manifester et approfondir la foi au moyen de célébrations, d’adorations et de processions, de catéchèses et de témoignages de vie eucharistique.

Dans le sillage des Congrès internationaux sont nés les Congrès eucharistiques nationaux, diocésains et autres dimensions territoriales, avec la même finalité: faire connaître et aimer davantage le Christ dans son mystère eucharistique, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise.

L’inspiration et l’idée d’origine qui continuent à animer les congrès eucharistiques à tous les niveaux ont été résumées dans cette formule de l’article 2 du statut du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux: «Faire toujours mieux connaître, aimer et servir Notre Seigneur Jésus Christ dans son mystère eucharistique, centre de la vie de l’Eglise et de sa mission pour le salut du monde».

L’appel du cardinal Ouellet

Tous les Congrès eucharistiques internationaux, en tant qu’événement de l’Eglise universelle, invitent toutes les Eglises particulières dans le monde à une nouvelle évangélisation. Le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, siège primatial du Canada, a lancé, dans une lettre pastorale, un puissant appel pour la préparation du 49 Congrès eucharistique, qui devrait faire prendre conscience aux catholiques de son pays de leur indifférence religieuse. L’intention du cardinal est de «rejoindre le grand mouvement eucharistique international» qui s’affirme un peu partout – surtout depuis 2000 – dans l’Eglise universelle, en recueillant les fruits du renouveau liturgique confirmés également par les documents les plus récents sur l’Eucharistie: de l’Encyclique de Jean-Paul II Ecclesia de Eucharistia (2003) jusqu’à l’exhortation post-synodale de Benoît XVI Sacramentum caritatis (2007). Le cardinal a souligné qu’il était désormais temps de porter un nouveau regard sur l’Eucharistie à partir de la grande tradition spirituelle et culturelle. «L’heure est venue – écrit-il – de renouveler la nouvelle alliance, personnelle et communautaire en même temps, avec nos valeurs et nos pratiques religieuses, et concrètement avec le Christ qui vient depuis des siècles pour rencontrer notre peuple dans la Sainte Eucharistie». Des mots qui ont trouvé un fort écho dans la préparation du Congrès dans tout le Canada.

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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