A l’occasion de la Collecte pour la Terre Sainte (Pro Terra Sancta) du Vendredi Saint, 30 mars 2018, le Vatican lance un appel spécial pour les chrétiens de Syrie et d’Irak : « Démontrons-leur notre proximité, concrétisée par notre prière constante et par l’aide économique… Bien des chrétiens irakiens et aussi syriens veulent revenir sur leur terre où leurs maisons ont été détruites, les écoles, les hôpitaux et les églises dévastées. Ne les laissons pas seuls ! »
Dans une lettre adressée aux évêques du monde, datée du 14 février 2018, Mercredi des Cendres, le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales et Mgr Cyril Vasil’, secrétaire du dicastère, invitent à participer à cette collecte traditionnelle pour « nos frères de Terre-Sainte et du Moyen-Orient où le cri de milliers de personnes privées de tout, parfois même de leur propre dignité, continue à nous parvenir, un cri qui nous brise le cœur ».
« Edifier l’Eglise de Terre-Sainte, dans ses lieux de cultes et dans ses pierres vivantes que sont les fidèles chrétiens, est la responsabilité de toutes les Eglises particulières de la Chrétienté, conscientes que la foi au Christ a eu comme premier centre moteur l’Eglise Mère de Jérusalem », affirment-ils. Ils encouragent à « reprendre les pèlerinages en Terre-Sainte », qui sont notamment « un soutien appréciable pour la survivance de milliers de familles ».
AK
Lettre pour la Collecte Pro Terra Sancta
Excellence Révérendissime,
Le chemin de Carême que nous avons entrepris nous invite à monter à Jérusalem sur le chemin de la Croix où le Fils de Dieu accomplira sa mission rédemptrice. Dans ce pèlerinage, l’Esprit-Saint nous accompagne; Il nous révèle le sens de la Parole de Dieu. En dehors des sacrements, en particulier l’Eucharistie et la Pénitence, nous sommes renforcés par le jeûne, la prière et l’aumône. C’est un temps propice pour nous rapprocher du Christ en reconnaissant notre pauvreté et notre péché et en vivant l’abaissement du Fils de Dieu qui pour nous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de nous enrichir de sa pauvreté+(2 Cor 8, 9).
C’est aussi le temps par excellence pour se faire proche des autres en pratiquant les œuvres de charité, conscients que cette démarche de Carême n=est pas un acte solitaire, mais bien un itinéraire de solidarité où chacun est appelé à s=arrêter comme le Bon Samaritain pour s’approcher des frères qui ont du mal à se relever et à reprendre la route pour diverses raisons.
Cette année encore la Collecta pro Terra Sancta du Vendredi-Saint est pour les fidèles une occasion propice pour être unis à nos frères de Terre-Sainte et du Moyen-Orient où le cri de milliers de personnes privées de tout, parfois même de leur propre dignité, continue à nous parvenir, un cri qui nous brise le cœur et nous pousse à les étreindre de cette charité chrétienne, source sûre d’espérance.
Sans l’esprit du Christ qui « s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave, et devenant semblable à un homme; s’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix! » (Phi 2,7-8), le cri du frère reste inaudible et le visage de milliers de malheureux demeure invisible.
Quel pourrait être le lieu le meilleur pour méditer cet anéantissement du Fils de Dieu sinon les lieux mêmes qui conservent depuis plus de 2000 ans la mémoire de notre rédemption? Je signale plus particulièrement les deux basiliques, celle de la Nativité à Bethléem, construite sur la grotte où Jésus est né, et la Basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem, édifiée sur la tombe du Christ devenu le berceau de la vie avec la résurrection.
Toutes les deux, grâce à la collaboration et la générosité de tant de personnes de bonne volonté on été restaurées l’an dernier. Edifier l’Eglise de Terre-Sainte, dans ses lieux de cultes et dans ses pierres vivantes que sont les fidèles chrétiens, est la responsabilité de toutes les Eglises particulières de la Chrétienté, conscientes que la foi au Christ a eu comme premier centre moteur l’Eglise Mère de Jérusalem.
La communauté catholique de Terre-Sainte, sous ses divers aspects, comme celui du Diocèse Patriarcal de Jérusalem, celle de la Custodie Franciscaine et des autres Circonscriptions, comme celles orientales – gréco-melkite, maronite, copte, syro-catholique, chaldéenne, arménienne – avec les familles religieuses et les organismes de tout genre, a la vocation particulière de vivre la foi dans un contexte pluri-religieux, politique, social et culturel. Malgré les défis et l’insécurité, les paroisses poursuivent leur service pastoral avec l’attention préférentielle pour les pauvres; les écoles, lieux de rencontre entre les chrétiens et les musulmans préparent ensemble, nous l’espérons contre toute espérance, un futur de respect et de collaboration; les hôpitaux, les dispensaires, les hospices et les centres de rencontres continuent à accueillir, les malades et les nécessiteux, les réfugiés et les personnes de tout âge et de toute religion touchées par les horreurs de la guerre.
Nous ne pouvons pas oublier les milliers de personnes, dont les enfants et les jeunes, chassés par les violences de la guerre en Syrie et en Irak, la plupart en âge scolaire, qui font appel à notre générosité pour reprendre leur vie scolaire et rêver d’un futur meilleur.
En ce moment, une pensée particulière va à la petite communauté chrétienne du Moyen-Orient qui continue à soutenir la foi parmi les migrants en Irak et en Syrie ou parmi les réfugiés en Jordanie et au Liban, assistée par ses pasteurs, les religieux et les volontaires de différents pays. Le visage de ces personnes nous interroge sur le sens de notre propre être chrétien, leurs vies éprouvées nous inspirent. Le Saint-Père François, dans la célébration de la Journée Mondiale pour la Paix de cette année, affirme: « Avec un esprit miséricordieux, nous étreignons tous ceux qui fuient la guerre et la faim ou qui sont contraints de fuir leur terre à cause des discriminations, des persécutions, de la pauvreté et de la dégradation environnementale ». Démontrons-leur notre proximité, concrétisée par notre prière constante et par l’aide économique, tout spécialement après la libération de la Plaine de Ninive. Bien de chrétiens irakiens et aussi syriens veulent revenir sur leur terre où leurs maisons ont été détruites, les écoles, les hôpitaux et les églises dévastées. Ne les laissons pas seuls!
Nous sommes tous invités à reprendre les pèlerinages en Terre-Sainte, parce que la connaissance et l’expérience vécue dans les endroits de notre rédemption, en mettant nos pas dans ceux de Jésus, de Marie, de Joseph et des disciples, aide à approfondir notre foi et à comprendre le contexte dans lequel vivent les chrétiens de Terre-Sainte. De même, les pèlerinages constituent un soutien appréciable pour la survivance de milliers de familles.
En ces jours de préparation de la fête de Pâques, je vous invite fraternellement à vaincre la haine par l’amour, la tristesse par la joie, en priant et en œuvrant pour que la paix demeure dans chaque personne, spécialement de nos frères de Terre-Sainte et du Moyen-Orient.
À Vous, aux prêtres, aux consacrés, aux fidèles qui travaillent au bon succès de cette quête, j’ai la joie de transmettre la vive reconnaissance du Saint-Père François, unie à la gratitude de la Congrégation pour les Eglises Orientales. Et tandis que j’invoque sur Vous, sur votre ministère pastoral et sur tous les fidèles de votre juridiction, d’abondantes grâces divines, je vous souhaite une heureuse Fête de Pâques et je vous adresse un salut très fraternel dans le Seigneur Jésus.
Leonardo Card. Sandri
Préfet
+ Cyril Vasil’, S.I.
Archevêque Secrétaire
Le pape François remercie le card. Leonardo Sandri, ROACO 16 juin 2016, L'Osservatore Romano
Collecte pour la Terre Sainte : appel spécial pour la Syrie et l'Irak
Lettre de la Congrégation pour les Eglises orientales pour le Vendredi Saint