Cinq pistes pour la paix, selon le Message de Jean-Paul II

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Conférence de presse de présentation

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CITE DU VATICAN, Mardi 17 décembre 2002 (ZENIT.org) – Dans son Message 2003 pour la Journée mondiale de la paix, le pape Jean-Paul II fait, entre autres, cinq invitations à la communauté internationale et à tout un chacun: dépasser le « divorce » entre morale et politique, élaborer une « charte des devoirs », l’urgence du désarmement, une « nouvelle forme d’organisation de la famille humaine », et que la réponse au terrorisme ou à la violence ne soit jamais une autre violence.

(1) Du point de vue du rapport entre morale et politique, Jean-Paul II invite « à dépasser au niveau national comme international, le divorce entre exigences de la morale et exigences de la politique ».

« Le problème de la paix bien comprise ne peut éviter les aspects moraux, et surtout ceux reliés à l’affirmation de la dignité et des droits de la personne », affirme le pape.

(2) Dans cette perspective éthique, Jean-Paul II invite, à côté de la déclaration des droits de l’homme à élaborer une « charte universelle des devoirs »: l’encyclique de Jean XXIII fait le parallèle entre les droits humains fondamentaux et les devoirs correspondants, rappelait à ce propos Mgr Martino lors de la conférence de presse.

« Le temps n’est-il pas venu où tous doivent collaborer à la constitution d’une « nouvelle organisation de toute la famille humaine » pour assurer la paix et l’harmonie entre les peuples, et en même temps promouvoir leur progrès intégral ? », demande Jean-Paul II dans son Message.

Jean Paul II déplore en effet « les fréquentes hésitations de la communauté internationale concernant le devoir de respecter et appliquer les droits humains », protégés depuis 1948 par la « Déclaration universelle des Droits de l’homme ».

Cette charte des devoirs humains, explique le pape, « fournirait la base morale de la reconnaissance, partagée entre tous, d’un « ordre des choses" qui ne dépend pas de la volonté d’un individu ou d’un groupe ».

Jean-Paul II invite les responsables des Nations à « remettre courageusement en question leur manière de gérer le pouvoir et d’assurer le bien-être de leur peuple ».

Il cite à ce propos « la situation dramatique du Proche-Orient où, comme nulle part ailleurs, l’on ressent avec une telle acuité la nécessité d’utiliser de manière correcte l’autorité politique ».

Le pape dénonce « le conflit d’intérêts qui existe entre les membres de la communauté internationale » et il affirme: « La lutte fratricide qui ébranle chaque jour la Terre Sainte, opposant les forces qui tissent l’avenir immédiat du Moyen-Orient, fait comprendre l’exigence urgente d’avoir des hommes et des femmes convaincus de la nécessité d’une politique fondée sur le respect de la dignité et des droits de la personne ».

« Les rencontres politiques au niveau national et international ne servent la cause de la paix que si les engagements sont respectés de part et d’autre », rappelle le pape.

Mais, « dans le cas contraire, ces rencontres risquent de devenir insignifiantes et inutiles, et il en résulte que les gens sont tentés de croire de moins en moins à l’utilité du dialogue et de faire plutôt confiance à l’usage de la force pour résoudre les conflits ».

Et de conclure: « Les répercussions négatives qu’ont sur le processus de paix les engagements pris et non respectés doivent conduire les chefs d’Etat et de gouvernement à peser avec un grand sens de la responsabilité chacune de leurs décisions ».

Et dans le cas particulier de la Terre Sainte, Mgr Martino résume la position de Jean-Paul II, qui a parlé, rappelle-t-il, lors de la venue au Vatican la semaine dernière de M. Moshé Katsav, président d’Israël, de la nécessité de deux Etats en Terre Sainte (cf. ZF021212): « Ils sont condamnés à se parler et à faire la paix ».

(3) Jean-Paul II invite aussi au désarmement, non seulement parce que « sans le désarmement, la paix sera désarmée », selon la formule de Mgr Martino, mais parce que les fonds de l’armement devraient servir au financement du développement.

« Si le nouveau nom de la paix est le développement, écrit le pape, le désarmement pour le progrès devrait s’affirmer de jour en jour ».

« On n’éradiquera pas la faim tant que le monde continuera d’investir des milliards de dollars chaque année en dépenses militaires », rappelle Jean-Paul II. Mgr Martino précisait dans sa conférence de presse: 800 milliards de dollars!

Le Saint Siège demande à ce propos que soient respectés les engagements pris par les Nations riches en particulier pour la réduction de la dette internationale, souligne Mgr Martino.

(4) Le pape suggère la constitution d’une nouvelle forme d’organisation de la famille humaine tout entière et réaffirme, à la suite de Jean XXIII, sa confiance dans l’ONU, instituée pour promouvoir la paix dans le monde.

« Il est important d’éviter tout malentendu, précise Jean-Paul II : il n’est pas question ici de constituer un super-Etat mondial ».

Et d’expliquer: « On entend plutôt souligner qu’il est urgent d’accélérer les progrès déjà en cours pour répondre à la demande presque universelle de démocratie dans l’exercice de l’autorité politique, tant nationale qu’internationale, et pour répondre aussi à l’exigence de transparence et de crédibilité à tous les niveaux de la vie publique ».

A ce propos Mgr Martino rappelle que l’ONU n’est pas forcément ce qu’on en dit. Il prend par exemple la question de la conférence du Caire et du document final sur la population; Lors des conférences de Bucarest (1974) et de Mexico (1984), le Saint Siège n’avait pas signé le document final. Au Caire, le Saint Siège, tout en émettant des réserves, l’a signé. Il faisait la différence entre l’étape des négociations et de discussion des propositions avancées par les Etats membres et l’accord final sur un document.

Il précisait aussi que si le Saint Siège est seulement « observateur » à l’ONU – pour le moment, puisque le cardinal secrétaire d’Etat a évoqué dans une récente interview à un quotidien italien la perspective de devenir membre – il est aussi « membre » de différentes agences de l’ONU (pour les Réfugiés par exemple, l’UNHCR), et c’est donc en tant que membre qu’il participe aux débats des grandes conférences internationales.

Le message de Jean-Paul II pour la paix est d’ailleurs distribué à tous les pays membres de l’ONU. Jean XXIII y voyait, dit le pape, « un instrument crédible pour maintenir et renforcer la paix dans le monde ».

(5) La réponse « au terrorisme ou à la violence n’est jamais une autre violence ». Et « la paix n’est pas faiblesse mais force ». Mgr Martino a cité ces affirmations de Jean-Paul II vendredi dernier, 13 décembre, dans son discours à 7 ambassadeurs (cf. ZF021213).

Faisant allusion à une éventuelle opération « préventive » contre l’Iraq, toute « guerre préventive », serait une « guerre d’agression », a déclaré Mgr Martino, en répondant aux questions des journalistes.

Précisant ce que signifie le principe de légitime défense au niveau d’une Nation, Mgr Martino a ajouté: « La guerre préventive est une guerre d’agression et ne rentre pas dans la définition de guerre juste ».

Mgr Martino a par ailleurs estimé que les contrôles des inspecteurs des Nations unies en Irak devraient concerner également d’autres pays qui possèdent l’arme atomique.

Dans le texte écrit de son intervention, l’ancien représentant du Saint Siège à l’ONU précisait que depuis « le 11 septembre, la paix est menacée par le ‘cancer’ du terrorisme international qui met en danger, à présent, d’une façon imprévisible la stabilité et la sécurité au niveau national, régional et international ».

Il rappelait cependant que la lutte contre le terrorisme ne doit pas se faire « aux dépens des droits humains et humanitaires ».

Il renvoyait aussi au discours de
Jean-Paul II devant le Parlement italien le 14 novembre dernier (cf. ZF021114).

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ZENIT Staff

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