« Le dialogue se poursuit » entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, affirme le père Andrea Palmieri, sous-secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, dans un long article publié dans L’Osservatore Romano du 21 janvier 2020 où il dresse le bilan de l’année qui vient de s’achever. « L’année 2019, note-t-il, a vu se nouer une trame dense de relations entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. »
Dans son texte, le sous-secrétaire salue le 40e anniversaire de l’annonce de l’institution de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre les deux Églises, par le pape Jean-Paul II et le patriarche œcuménique Dimitri (le 30 novembre 2019) comme un événement d’une importance majeure. Dans son message adressé au patriarche œcuménique Bartholomée à cette occasion, le pape François a souligné les nombreux pas en avant réalisés par la Commission.
Au cours de ces quarante années, explique le p. Palmieri, la Commission s’est réunie en quatorze sessions plénières et a publié six documents importants : sur le mystère de l’Église et de l’Eucharistie, sur les sacrements et l’unité de l’Église, sur le sacrement de l’Ordre dans la structure sacramentelle de l’Église, sur l’uniatisme, sur la communion ecclésiale, conciliarité et autorité, sur la synodalité et le primat dans le premier millénaire.
Ces textes, note le sous-secrétaire, « montrent l’existence d’une ample et solide convergence de visions entre les Églises sur des questions théologiques, sacramentelles et ecclésiologiques fondamentales ». Malgré « un millénaire de séparation, souvent marqué par un fort esprit polémique », poursuit-il, les deux Églises « se sont accordées sur le fait qu’elles ont toutes les deux conservé la même structure ecclésiologique, fondée sur la même foi trinitaire, sur l’expérience sacramentelle et sur la succession apostolique ».
Primat et synodalité pendant le second millénaire et aujourd’hui
Au cours de son travail, explique le sous-secrétaire, « la Commission a commencé à aborder la question épineuse de l’exercice de la primauté de l’évêque de Rome, qui représente un point crucial des relations entre catholiques et orthodoxes ». Pour le moment, le comité de coordination de la Commission est occupé par l’étude d’un nouveau document intitulé « Primat et synodalité pendant le second millénaire et aujourd’hui », dont le processus de rédaction a commencé en 2018.
Dans ce document, poursuit le p. Palmieri, la Commission « n’entend pas tracer une histoire exhaustive du second millénaire », « mais veut se concentrer exclusivement sur les questions ecclésiologiques inhérentes au titre du texte ». Le comité de coordination a déjà consacré « à ce délicat travail » deux réunions qui ont eu lieu en novembre 2018 et en novembre 2019, toutes deux au monastère de Bose. Une nouvelle réunion est prévue pour septembre de cette année à Réthymnon, en Grèce.
Le sous-secrétaire explique que « le représentant du patriarcat de Moscou n’a pas participé » aux deux réunions du comité de coordination, car – à cause de la question ukrainienne – le synode de l’Église russe « a interdit à ses membres de participer à toute commission présidée par un évêque du patriarcat œcuménique » (et la Commission mixte internationale ainsi que le comité de coordination sont co-présidé, du côté orthodoxe par l’archevêque Job de Telmessos, du patriarcat œcuménique de Constantinople)
Des représentants du patriarcat de Bulgarie eux aussi, « depuis une dizaine d’années, ne participent pas aux réunions de la Commission ». Le p. Palmieri note que « tout en respectant les choix posés par les synodes respectifs », les catholiques ne peuvent « qu’exprimer le souhait que toutes les Églises orthodoxes reviennent prendre activement part au dialogue théologique ».
Une nouvelle pierre milliaire sur la voie du rapprochement
Le sous-secrétaire s’arrête aussi sur deux événements importants de l’année passée pour les relations entre les deux Églises : la visite du pape François à Sofia et à Bucarest, où il a rencontré le patriarche de Bulgarie Neofit (le 5 mai) et celui de Roumanie Daniel (le 31 mai), ainsi que la visite du patriarche œcuménique Bartholomée à Rome, où il a de nouveau rencontré le pape François (le 17 septembre).
Le père Palmieri souligne également « un geste de particulière importance dans les relations entre catholiques et orthodoxes » effectué par le pape François : le don de quelques fragments des reliques de saint Pierre que le pape a fait au patriarche œcuménique de Constantinople le 29 juin.
« Se référant à ce geste significatif », dans une lettre adressée au patriarche Bartholomée, le pape François écrivait qu’il « entend être une confirmation du chemin réalisé par nos Églises pour se rapprocher l’une de l’autre ».
À son tour, le patriarche Bartholomée a souligné la valeur œcuménique du don du pape François dans son discours à l’occasion de la fête de l’apôtre André, le 30 novembre dernier : « Ce don de notre frère le pape François, a-t-il dit, est une nouvelle pierre milliaire sur la voie du rapprochement… Le fait que les frères Pierre et André soient de nouveau réunis à travers la présence de leurs saintes reliques nous encourage à continuer avec encore plus d’emphase et d’espérance sur notre chemin vers l’unité souhaitée. »
Le sous-secrétaire termine son article en soulignant que « puisque le dialogue de la vérité est précédé et constamment soutenu par le dialogue de la charité, sans lequel il se réduirait à une discussion académique, nous pouvons être absolument certains que les rencontres et les gestes qui ont été précédemment rappelés donneront une nouvelle impulsion au dialogue théologique mené par la Commission mixte internationale ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat