Benoît XVI encourage la France sur le chemin de la « laïcité positive »

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Il estime que la méfiance du passé entre l’Etat et l’Eglise s’est transformée en dialogue

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ROME, Vendredi 12 septembre 2008 (ZENIT.org) – Dans son discours au président de la République française, Nicolas Sarkozy, et aux autorités de l’Etat, ce vendredi, à l’Elysée, le pape Benoît XVI a affirmé qu’une « nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité, est devenue nécessaire ».

Le pape a souligné qu’entre l’Etat français et l’Eglise « la méfiance du passé s’est transformée peu à peu en un dialogue serein et positif, qui se consolide toujours plus ».

« Un nouvel instrument de dialogue existe depuis 2002 et j’ai grande confiance en son travail, car la bonne volonté est réciproque, a-t-il ajouté. Nous savons que restent encore ouverts certains terrains de dialogue qu’il nous faudra parcourir et assainir peu à peu avec détermination et patience ».

La question de la laïcité était l’un des thèmes les plus attendus du voyage de Benoît XVI en France. Un thème qui a suscité de grands débats ces derniers jours.

Le pape a fait référence à ces débats et a rappelé que « le Christ avait déjà offert le principe d’une juste solution lorsqu’il répondit à une question qu’on Lui posait : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Benoît XVI a repris l’expression de « laïcité positive » utilisée par le président Sarkozy lors de sa visite à Rome il y a quelques mois et reprise dans le discours du président au pape, ce matin, à l’Elysée, une expression qu’il a invité à approfondir.

« En ce moment historique où les cultures s’entrecroisent de plus en plus, je suis profondément convaincu qu’une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité est devenue nécessaire », a-t-il ajouté.

Concernant cette « laïcité », le pape a expliqué qu’il  « est en effet fondamental, d’une part, d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’État envers eux », et d’autre part « de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu’elle peut apporter, avec d’autres instances, à la création d’un consensus éthique fondamental dans la société ».

Cette fonction de la religion est particulièrement nécessaire dans la société actuelle « qui offre peu d’aspirations spirituelles et peu de certitudes matérielles ».

Préoccupation pour les jeunes

Le pape a confié sa préoccupation pour les jeunes en disant : « Certains d’entre eux peinent à trouver une orientation qui leur convienne ou souffrent d’une perte de repères dans leur vie familiale. D’autres encore expérimentent les limites d’un communautarisme religieux. Parfois marginalisés et souvent abandonnés à eux-mêmes, ils sont fragiles et ils doivent affronter seuls une réalité qui les dépasse ».

« Il est donc nécessaire de leur offrir un bon cadre éducatif et de les encourager à respecter et à aider les autres, afin qu’ils arrivent sereinement à l’âge responsable. L’Église peut apporter dans ce domaine sa contribution spécifique », a-t-il ajouté.

Le pape a également évoquer le problème de l’ « avancée sournoise de la distance entre les riches et les pauvres » ainsi que la protection de l’environnement.

« À travers ses nombreuses institutions et par ses activités, l’Église, tout comme de nombreuses associations dans votre pays, tente souvent de parer à l’immédiat, mais c’est à l’État qu’il revient de légiférer pour éradiquer les injustices », a-t-il dit.

Une nouvelle Europe

Le pape a également fait allusion à l’actuelle présidence française de l’Union européenne en affirmant que c’est l’occasion pour ce pays de « témoigner de l’attachement de la France aux droits de l’homme et à leur promotion pour le bien de l’individu et de la société ».

« Lorsque l’Européen verra et expérimentera personnellement que les droits inaliénables de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, ainsi que ceux relatifs à son éducation libre, à sa vie familiale, à son travail, sans oublier naturellement ses droits religieux, lorsque donc cet Européen saisira que ces droits, qui constituent un tout indissociable, sont promus et respectés, alors il comprendra pleinement la grandeur de la construction de l’Union et en deviendra un artisan actif », a affirmé le pape.

Cette unité doit se construire, selon lui, sur « le respect des différences nationales et des diverses traditions culturelles qui constituent une richesse dans la symphonie européenne ».

La France a des racines chrétiennes

Le pape a dit son appréciation de la France et de Paris une ville qui lui est « familière ».

« J’y reviens avec joie, heureux de l’occasion qui m’est ainsi donnée de rendre hommage à l’imposant patrimoine de culture et de foi qui a façonné votre pays de manière éclatante durant des siècles », a-t-il dit.

Benoît XVI a rappelé la grande contribution de la France à l’Eglise mais aussi celle du christianisme dans le façonnement de la France : car « les racines de la France – comme celles de l’Europe – sont chrétiennes », a-t-il ajouté.

« Implantée à haute époque dans votre pays, l’Église y a joué un rôle civilisateur auquel il me plaît de rendre hommage en ce lieu », a-t-il affirmé, en rappelant les parmi les signes présents dans l’histoire et la culture française, « les milliers de chapelles, d’églises, d’abbayes et de cathédrales qui ornent le coeur de vos villes ou la solitude de vos campagnes ».

Le pape a conclu en souhaitant « paix et prospérité, liberté et unité, égalité et fraternité » pour la France, en confiant ces souhaits « à l’intercession maternelle de la Vierge Marie, patronne principale de la France ».

« Que Dieu bénisse la France et tous les Français ! », a conclu Benoît XVI.

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ZENIT Staff

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