« Pour le Saint-Siège « la légalisation des soi-disant « drogues douces », même partiellement, est discutable sur le plan législatif, mais elle échoue à produire les effets désirés » », déclare Mgr Bernardito Auza.
Mgr Auza, Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU est en effet intervenu lors de la « Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le Problème mondial de la drogue », à New York, le 21 avril 2016.
Il invite notamment à mettre en valeur le rôle des familles dans la lutte contre la toxicomanie des jeunes et la prévention.
Il appelle de ses voeux une « coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée ».
Voici notre traduction intégrale de sa prise de position.
A.B.
Discours de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Ma délégation se félicite de la convocation de cette Session spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le Problème mondial de la drogue et tient à remercier tous ceux qui ont participé à la phase préparatoire de cette Session spéciale.
Le Saint-Siège rejette fermement l’usage de drogues illégales et la légalisation de l’usage de narcotiques. Dans son discours à la trente-et-unième édition de la Conférence internationale sur la lutte anti-drogue, le pape François a affirmé que « ce n’est pas en libéralisant l’usage de la drogue que l’on parviendra à réduire l’étendue et l’influence de la toxicomanie ; en revanche, il est nécessaire d’affronter les problèmes sous-jacents à l’usage de ces drogues, par la promotion d’une plus grande justice, en éduquant les jeunes aux valeurs qui construisent la vie en société, en accompagnant les personnes en difficulté et en leur donnant une espérance pour l’avenir. » Pour le Saint-Siège « la légalisation des soi-disant « drogues douces », même partiellement, est discutable sur le plan législatif, mais elle échoue à produire les effets désirés. »
En outre, Sa Sainteté a insisté sur le fait que « « le combat contre la drogue ne peut pas être gagné avec la drogue. La drogue est un mal et avec le mal il ne peut y avoir ni résignation ni compromis. » En disant « non à tout type de consommation de drogue », nous devons en même temps « dire ‘oui’ à la vie, ‘oui’ à l’amour, ‘oui’ aux autres, ‘oui’ à l’éducation, ‘oui’ à davantage de possibilités de travail. Si nous disons ‘oui’ à tout cela, il n’y aura pas de place pour les drogues illicites, pour l’abus d’alcool, pour d’autres formes de dépendances. »
Le Saint-Siège ne peut suffisamment souligner l’importance de la famille comme pierre angulaire de la prévention, du traitement, de la réhabilitation, de la réintégration et des stratégies sanitaires. La famille forme la base même de la société. Quand un membre est dépendant, toute la famille souffre. Les graves conséquences des membres qui abusent de substances mènent dans bien des cas au déséquilibre dans les relations familiales et met la famille à rude épreuve. L’effet négatif de la drogue illicite sur la famille s’étend à la communauté et finit par déstabiliser la société civile.
La recherche vient continuellement étayer le rôle clé que joue la famille dans la lutte contre l’abus de drogues et elle confirme que les principes fondateurs de l’interaction sociale sont appris à la maison. Ainsi, les enfants qui ont un environnement familial aimant reçoivent généralement l’éducation nécessaire pour les aider à dire « non » aux drogues illicites. Les fléaux associés à la production et au trafic de drogues illicites existent à cause de la demande d’individus dépendants. Par conséquent éduquer nos enfants et nos jeunes sur le mal que cause l’abus de drogues est un élément important dans la lutte contre la consommation de la drogue du côté de la demande.
Même au sein de familles ayant des liens forts et dans des communautés vivant harmonieusement et paisiblement, certains individus tombent malheureusement dans la consommation de drogue. Eux aussi ont besoin du soutien et de l’attention de leur famille et de leur communauté. Les personnes souffrant de l’abus de drogue requièrent tout le soutien que nous pouvons leur donner, y compris de services sanitaires et sociaux complets qui soient accessibles, effectifs et abordables.
Tous les crimes liés aux drogues illicites ne sont pas de gravité égale. Les trafiquants de drogues internationaux, les revendeurs locaux et les utilisateurs de drogues doivent être traités différemment selon le principe de proportionnalité. Des réponses disproportionnées seraient contre l’esprit de justice et n’aideraient pas à la réhabilitation de ceux qui sont devenus dépendants des drogues illicites.
Le problème de la drogue et les maux qui en découlent transcendent les frontières et affectent les citoyens dans le monde entier. C’est pourquoi la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée est indispensable pour pouvoir les contrer. La compréhension la plus fondamentale de la dignité humaine impose à la communauté internationale, en particulier à travers les normes et les mécanismes du droit international, à faire tout ce qu’elle peut pour protéger tous les citoyens du monde du fléau des drogues illicites.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Bernardito Auza, UNTV capture
ONU: la légalisation des "drogues douces", un échec
Intervention du Saint-Siège à l’ONU