Amoris laetitia, ZENIT - HSM

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Amoris laetitia, une perspective «parfaitement traditionnelle», par Rocco Buttiglione

Et ce que le document apporte de nouveau

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En 2016, le philosophe italien Rocco Buttiglione avait salué dans Amoris laetitia une “perspective parfaitement traditionnelle”.
Une interview de Vatican Insider qui n’a rien perdu de son actualité et dans laquelle il met en évidence la nouveauté, pastorale, et non doctrinale, du document post-synodal qui noue la gerbe de deux synodes (2014-2015) sur la famille: “La nouveauté consiste à appliquer aussi au péché commis par les divorcés remariés les circonstances atténuantes prévues pour tous les autres péchés tels qu’ils sont cités dans le catéchisme de saint Pie X.”
La préoccupation pour « l’homme concret »
Il a salué dans Amoris laetitia un pas dans la direction indiquée par saint Jean-Paul II et sa « grande préoccupation » pour « l’homme concret, l’homme de la réalité, non pas celui décrit pas les livres, ou comme nous voudrions qu’il soit ».
Amoris laetitia, a-t-il fait observer « ne dit pas que les divorcés remariés peuvent recevoir la communion ou y prétendre, non ! Le divorce est très mauvais et il ne peut pas y avoir d’actes sexuels en dehors du mariage. Cet enseignement moral n’est pas changé. Le pape dit que maintenant, les divorcés remariés peuvent aller se confesser, commencer un parcours de discernement avec le prêtre. Et, comme on le fait pour toute confession, pour tout péché, le prêtre doit évaluer si toutes les conditions sont réunies pour que le péché soit considéré comme « mortel ». »
Puis il a ajouté : « A mes collègues qui ont dit des paroles fortes contre Amoris laetitia, je voudrais rappeler que saint Pie X – pas vraiment un pape moderniste – rappelait dans son catéchisme que le péché mortel requiert matière grave mais aussi pleine connaissance et consentement délibéré, c’est-à-dire la pleine liberté pour assumer complètement la responsabilité de ce qui est fait. »
La « pleine connaissance » et la « pleine volonté »
Et il a fait remarquer que justement « aujourd’hui, dans de nombreux cas, il n’y a pas pleine connaissance » : « Il y a des masses énormes de baptisés qui ne sont pas évangélisés. On pourrait dire : mais, dans ce cas, il y a le procès en nullité matrimoniale. Oui, c’est vrai. Même s’il faut rappeler que dans de nombreuses régions du monde ce n’est pas facile d’accéder aux tribunaux ecclésiastiques. Et ce n’est pas toujours aussi facile de découvrir la vérité. Nous vivons dans un monde de familles blessées, de personnes blessées, de personnes qui peuvent se trouver dans des situations dont elles ne sont pas capables de sortir. Il faut tout évaluer et les aider à sortir de la situation de péché, commencer un parcours, mais sans faire violence aux conjoints, qui les ont accompagnés dans la seconde union, et qui ont été proches d’eux dans un moment dramatique de leur vie… Nous parlons de choses qui demandent discernement, délicatesse, grande humanité, compassion, accompagnement… »
Ce qui ne change pas, ce qui change
Plus encore, le philosophe expliquait que « la morale et la doctrine sur l’indissolubilité du mariage n’ont pas changé ». Ce qui a changé c’est « la discipline pastorale de l’Église » : « Jusqu’à hier, sur le péché commis par les divorcés remariés, il y avait une présomption de culpabilité totale. Maintenant, pour ce péché, on évalue l’aspect subjectif, comme c’est le cas pour le meurtre, pour le fait de ne pas payer les impôts, l’exploitation des travailleurs, pour tous les péchés que nous commettons. Le prêtre entend et évalue également des circonstances atténuantes. (…) Il faut discerner. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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