Compassion, mais pas sans prudence : c’est le plaidoyer du p. Michael Czerny, pour l’accueil des migrants, le 24 novembre 2017. Le sous-secrétaire de la section « Migrants et réfugiés » du Dicastère pour le service du développement humain intégral a en effet présenté au Vatican le message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2018 (1er janvier), sur le thème « Les migrants et les réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix ».
Ce message, a-t-il souligné, « nous invite à considérer les migrants et les réfugiés comme des hommes et des femmes qui cherchent, portent et construisent la paix ». Car tel est le « mystère : ceux qui étaient niés dans leur pays d’origine… aident à construire là où ils arrivent ».
La compassion ne suffit pas
Le p. Czerny a recommandé la « compassion, ouvrir nos cœurs aux frères et sœurs qui cherchent un lieu sûr où vivre en paix ». Mais « elle ne suffit pas » : « La compassion doit être accompagnée de la prudence, entendue dans son sens latin : le discernement capable de gouverner les actions humaines. » En effet, « accueillir vraiment les autres demande un engagement concret et des formes efficaces de soutien, pour arriver à l’intégration ».
Le sous-secrétaire a illustré son propos avec l’exemple de la vie familiale, où chacun a « des besoins réels » qu’il faut distinguer des « caprices ». « Les parents “prudents” répondent aux besoins en allouant les ressources sur leur base, a-t-il noté. Si les ressources sont insuffisantes, ils modifient les objectifs – ils ne bloquent pas ni n’expulsent les membres qui ont trop de besoins. »
Ainsi les responsables politiques « ont le devoir de gérer des situations complexes et des changements rapides, et d’allouer des ressources limitées. Comme au sein d’une famille, nous avons besoin qu’ils soient aussi compatissants que “prudents”, capables d’attention et de soin. »
Sans avoir peur
Le p. Czerny a préconisé d’« adopter des mesures pratiques pour accueillir, protéger, promouvoir et intégrer … ainsi que de favoriser l’insertion des nouveaux arrivés dans la société ». Il s’agit de « regarder positivement le mouvement de masse global qui caractérise notre présent, sans en avoir peur ».
Les migrants quant à eux « ne doivent pas oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays où ils sont accueillis ».
Dans le contexte du projet des deux pactes mondiaux pour les migrants et pour les réfugiés des Nations unies (Global Compact), le sous-secrétaire a évoqué les 20 points d’action formulés par la section du dicastère mise directement sous l’autorité du pape. « Nous souhaitons, a-t-il déclaré, que les nouveaux Compact aident les nations du monde à partager de façon toujours plus équitable la responsabilité et les ressources pour le bien des plus vulnérables d’entre les migrants. »
Pour le Saint-Siège notamment, « les pays les plus riches devraient se montrer plus généreux dans les donations en faveur des lieux où arrivent beaucoup de demandeurs d’asile ».
Mgr Silvano Maria Tomasi, officiel du dicastère, est également intervenu, en soulignant au micro de Radio Vatican que « si nous désirons la paix, nous devons faire en sorte que les migrations ne soient pas une nécessité mais un choix et pour ceci il faut aussi bien le développement des pays de provenance que la lutte contre le trafic d’armes et contre l’exploitation de populations entières ».
Rencontre avec les migrants à Bologne © L'Osservatore Romano
Accueil des migrants : compassion et prudence, par le p. Czerny
L’exemple de la vie familiale