En se rendant à la salle Paul VI du Vatican, pour l’audience générale, le pape a fait une halte « Via dei Fondamenta » , au Nord de la basilique vaticane, où il a inauguré et béni la statue de Grégoire l’Illuminateur, le saint apôtre de l’Arménie.
La statue, de cinq mètres de haut, a été réalisée en marbre blanc de Carrare, à la demande du collège arménien de Rome et elle est l’œuvre du sculpteur arménien Kazan Khatchik.
A la fin de l’audience générale, Jean-Paul II a salué S. B. Nersès Bédros XIX, patriarche catholique de Cilicie des Arméniens, et les évêques qui l’accompagnaient.
Le Patriarche est venu à Rome pour assister à la bénédiction de la statue de saint Grégoire L’Illuminateur, qui sera placée dans une des niches extérieures de la Basilique vaticane.
Cette sculpture répond à un désir que le patriarche des Arméniens catholiques, le Catholicos Nersès Bedros XIX, avait exprimé à Jean-Paul II, en 2001, durant les célébrations pour les 1700 ans de la conversion du pays à l’Evangile.
Selon l’archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, le cardinal Francesco Marchisano, « c’est la première fois que la statue d’un saint de rite oriental est placée parmi les « fondateurs » », et cela exprime « la vérité naturelle des traditions et des rites de l’Eglise, qui contribuent à son enrichissement spirituel et font en sorte qu’elle puisse – selon l’heureuse expression de Jean-Paul II – respirer pleinement avec ses deux poumons ».
On sait cependant qu’en dehors de ces « fondateurs », deux Pères grecs soutiennent la chaire de Saint-Pierre, aux côtés des Pères latins : saint Augustin, mitré, et saint Jean Chrysostome, tête nue, d’une part et, d’autre part, saint Ambroise, mitré, et saint Athanase, tête nue.
Pour sa part le Catholicos Nersès Bedros XIX a célébré la messe en la basilique vaticane avant la bénédiction papale, et en présence d’un représentant du Catholicos de l’Eglise arménienne apostolique d’Etchmiadzine, de l’ambassadeur d’Arménie près le Saint-Siège, et d’un envoyé de la présidence de la République d’Arménie.
Selon une très ancienne tradition, le christianisme a pénétré en Arménie grâce aux apôtres Thaddée et Barthélemy. À la fin du IIIe siècle, la foi est devenue partie intégrante de la physionomie religieuse et culturelle du peuple arménien. En 301, saint Grégoire, connu pour cette raison comme l' »Illuminateur » de la nation arménienne, amena le souverain à la foi dans le Christ, celui-ci lui demanda le baptême, ainsi que toute sa cour.
Il est né vers 250, au cœur des disputes pour le pouvoir qui impliquaient sa famille. Il fut le seul survivant du massacre des siens. Il fut sauvé par sa nourrice et baptisé, mais aussi soumis à de longues tortures visant à lui faire sacrifier aux faux dieux, et abjurer sa foi dans le Christ, comme l’aurait voulu le roi Tridate.
Ses souffrances atroces sont devenues le symbole du génocide que l’Arménie allait subir bien des siècles plus tard, en 1915,
Le roi Tridate tomba alors gravement malade, et sa sœur eut un songe où la prière de Grégoire lui apporte la guérison. Le jeune fut alors libéré, et sa prière guérit le roi. Le roi, sa cour et le pays adoptèrent dès lors le christianisme.
Ordonné prêtre et évêque, Grégoire devint l’Illuminateur pour son œuvre d’annonce de l’Evangile et la fondation de l’Eglise dans ce pays. Il mourut vers 330.
Avec le concile de Chalcédoine, en 451, l’Eglise arménienne se sépara de l’Eglise latine, ce qui devait donner naissance à l’actuelle Eglise apostolique arménienne, distincte de l’Eglise latine comme de l’Eglise orthodoxe, et avec laquelle Rome entretien des relations très fraternelles.
Saint Grégoire l’Illuminateur est aussi très vénéré en Italie : il a donné son nom à un quartier de Naples qui conservait ses reliques, données récemment par Jean-Paul II à l’Eglise arménienne, et qui ont été placées dans la crypte de la nouvelle cathédrale inaugurée en 2001 à Erevan.
Il est aussi vénéré dans les Pouilles, où le village de Nardo l’a invoqué lors du tremblement de terre de 1743 : il a été épargné.