Mgr Fitzgerald s’est rendu en Algérie la semaine dernière à l’occasion de l’ordination épiscopale de Mgr Claude Rault, nouvel évêque de Laghouat, dans le Sahara. Mgr Claude Rault, est un Missionnaire d’Afrique, un « Père Blanc », et il a été l’étudiant de Mgr Fitzgerald alors professeur et directeur de l’Institut pontifical pour les Etudes arabes et islamiques.
« Il y a encore des régions où des groupes islamiques peuvent accomplir des violences, mais il me semble que le pays retourne peu à peu à la normale. Il y a des difficultés, comme je l’ai lu dans les journaux, des manifestations contre le gouvernement et peut-être est-ce un signe positif dans le sens où c’est un signe de liberté que de pouvoir manifester. Et puis il reste la délicate question de la Kabylie, région berbère de l’Algérie, et un peu de tension entre Berbères et Arabes. Mais il me semble que l’Algérie n’est plus comme il y a quelques années : la situation s’est beaucoup améliorée ».
Pour ce qui est de la minorité chrétienne, elle est surtout composée, fait observer Mgr Fitzgerald, d’étrangers. Ils peuvent se réunir sans difficulté. Chaque diocèse peut publier des bulletins. Il n’y a aucune difficulté pour cela. Il y a donc une certaine liberté. Il est évident que pour certains, il est difficile de vivre la foi chrétienne dans un milieu complètement musulman. Ils ont à coup sûr un grand courage ».
Mais qu’en est-il du souvenir des sept moines Trappistes français de Notre-Dame de l’Atlas, et de l’évêque d’Oran, Mgr Pierre Claverie, assassiné le 1er août 1996, quelques semaines après les moines de Tibhirrine (Tib-harine, les jardins), dans la plaine de la Mitidja, et des autres religieux tués en Algérie ?
Mgr Fitzgerald répond : « Leur souvenir est très vivant. Dans la basilique de Notre-Dame d’Afrique, qui se trouve sur une colline, en dehors de la ville d’Alger, on a placé récemment des céramiques portant les noms de dix-neuf personnes, prêtres, religieuses et religieux, qui ont donné leur vie pour le peuple algérien, et pour le Royaume de Dieu en Algérie. On commence en partant de la gauche par les noms des quatre Pères Blancs tués en Kabylie, puis les noms des autres religieux. A droite, il y a le nom des sept moines Trappistes. Il est aussi intéressant que sur ce côté de la basilique se trouve aussi la sépulture du cardinal Duval qui, comme on s’en souvient, est décédé juste après le meurtre des moines trappistes. Il était déjà malade et la nouvelle l’a beaucoup bouleversé, il n’a pas tenu le choc ».
Mais que dire de la prochaine béatification de frère Charles de Foucauld ? « Je crois, répond Mgr Fitzgerald, que la famille chrétienne en Algérie, est très contente de cette nouvelle et de façon spéciale sa famille spirituelle. Beaucoup de Frères et de Sœurs de Jésus sont présents en Algérie, et il me semble qu’ils sont très heureux. Dans la litanie des saints chantée au cours de l’ordination épiscopale, on a nommé Charles de Foucauld : peut-être avons-nous anticipé ce décret du Vatican. Il est certainement reconnu comme un saint par l’Eglise locale. J’ai demandé si cela créerait des difficultés en Algérie, mais je crois que le climat a changé ; le président Bouteflika, par exemple, a organisé un congrès sur la figure de saint Augustin, et je crois que cette béatification aussi se passera sans difficulté ».