La publication de l’Instruction Redemptionis Sacramentum, sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très Sainte Eucharistie, peut soulever le besoin de certains pasteurs d’obtenir des précisions afin de répondre aux questions pouvant leur être posées à ce sujet.
Les notes suivantes sont destinées aux pasteurs et aux fidèles pour leur réflexion. Celles-ci ont été préparées par l’Office national de liturgie du Secteur français de la Conférence des évêques catholiques du Canada, en consultation avec l’Office national de liturgie du Secteur anglais.
Pour la mise en œuvre de l’Instruction Redemptionis Sacramentum, il est utile de rappeler les points suivants :
1. L’Instruction doit être lue dans le prolongement de la Lettre encyclique du pape Jean-Paul II du 17 avril 2003, Ecclesia de Eucharistia.
2. L’Instruction s’accompagne d’une présentation du Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Son Éminence le Cardinal Francis Arinze.
3. Tout ce qui est cité dans Redemptionis Sacramentum en référence avec la « Présentation générale » (institutio generalis) de la troisième édition typique du Missel Romain, n’est pas encore en vigueur au Canada, en attente des approbations requises des Évêques du Canada et de la recognitio du Saint-Siège.
4. Tel que le rappelle le Concile Vatican II, dans sa Constitution sur la sainte liturgie, Sacrosanctum Concilium, n° 26, « Les actions liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est « le sacrement de l’unité », c’est-à-dire le peuple saint réuni et organisé sous l’autorité des évêques. C’est pourquoi elles appartiennent au Corps tout entier de l’Église… »
Notes
Les notes suivantes sont destinées aux pasteurs et aux fidèles pour leur réflexion. Celles-ci ont été préparées par l’Office national de liturgie du Secteur français de la Conférence des évêques catholiques du Canada, en consultation avec l’Office national de liturgie du Secteur anglais, sur l’Instruction Redemptionis Sacramentum, approuvée le 25 mars 2004 et publiée le 23 avril 2004 par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Voici quelques observations à propos de l’instruction de la Congrégation du Culte divin et de la Discipline des sacrements.
1. La nature du document
Ce document est une instruction d’une congrégation, approuvée par le Souverain Pontife sous forme ordinaire. Elle n’appartient pas au droit législatif, mais s’apparente à un acte de droit administratif. Sa nature disciplinaire est marquée par son sous-titre : « sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie ».
Le document ne fournit ni catéchèse ni théologie de l’eucharistie. Le vocabulaire utilisé est nettement du côté disciplinaire. Ainsi, dans la version française, le terme « norme/s » revient 66 fois alors que celui de formation n’apparaît que quatre fois. Le premier chapitre, « Le gouvernement de la Sainte Liturgie », constitue un résumé des grands principes du droit liturgique et le 8e et dernier, « Les remèdes », traite des procédures et des sanctions en cas d’abus liturgiques. L’instruction renvoie à plusieurs autres documents (Sacrosanctum Concilium, Dies Domini et Ecclesia de Eucharistia) pour une réflexion de nature théologique ou catéchétique.
2. L’objet du document
L’objet est clairement précisé au n° 2 : traiter de « certaines questions se rapportant à la discipline du Sacrement de l’Eucharistie » sans « présenter l’ensemble des normes relatives » à celle-ci et en indiquer d’autres « qui explicitent et complètent les précédentes ». En cela, l’instruction n’innove pas, elle constitue un rappel des normes déjà existantes et en précise la portée au besoin.
La lecture montre que la Congrégation vise à contrer et à corriger un certain nombre d’abus, à stimuler le respect intégral des normes liturgiques. « Tous ont l’obligation de se conformer aux dispositions, qui proviennent de l’autorité ecclésiastique légitime » (n° 7). Ces abus sont abordés plus explicitement à la fin du document. Il s’agit des délits plus graves qui portent atteinte à la sainteté de l’Eucharistie; ceux-ci doivent être dénoncés à la Congrégation qui est la seule autorité apte à les traiter (n° 172). Pour les autres types d’abus moins graves, certains peuvent mettre en danger la validité ou la dignité du sacrement (n° 173). Enfin, une dernière catégorie est celle des normes contenues dans les livres liturgiques; ces abus doivent aussi être corrigés (n° 174-175). Dans chacun des chapitres, on trouve l’énumération de nombreuses pratiques abusives. La lecture de la table des matières permet de suivre les questions abordées.
3. Les destinataires du document
En principe, toute l’Église latine et en elle, toutes les catégories de fidèles. Redemptionis Sacramentum mentionne spécifiquement l’importance du rôle de l’Évêque diocésain, « principal dispensateur les Mystères de Dieu dans l’Église particulière qui lui est confiée » (n° 19); des prêtres « coopérateurs loyaux, avisés et nécessaires de l’ordre épiscopal (…) appelés à servir le peuple de Dieu (n° 29); et des ministres laïques qui « pour le bien de la communauté et de toute l’Église de Dieu… exercent, selon la tradition, certaines fonctions dans le cadre de la célébration de la sainte Liturgie » (n° 43).
Les évêques. On leur rappelle qu’en vertu de leur mission d’organisateur, de promoteur et de gardien de toute la vie liturgique de leur diocèse (n° 19), ils doivent procéder à une enquête chaque fois qu’on porte à leur connaissance un délit ou un abus vraisemblablement commis à l’encontre de la très sainte Eucharistie (n° 178).
Les prêtres. Ils sont très explicitement visés. On leur reproche une mauvaise compréhension de la créativité et de l’adaptation en liturgie, suite au concile (n° 30). Les abus ainsi provoqués ont été « motifs de souffrance pour beaucoup ».
Les diacres. Ils ont l’obligation de suivre les normes liturgiques contenues dans les rituels (n° 35).
Les fidèles laïcs. On leur rappelle qu’ils ont droit à une action liturgique « qui exprime la vie de l’Église selon sa tradition et sa discipline » (n° 11).
Tous les fidèles. Tous ont le droit de se plaindre des abus liturgiques auprès de l’évêque du lieu ou auprès du Siège apostolique (n° 184). Mais le document suggère de commencer auprès de l’évêque du lieu.
4. Quelques rappels heureux
Le document aborde des questions très diverses et d’importance variable. À l’occasion, l’instruction rappelle quelques principes législatifs ou liturgiques utiles pour évaluer les situations. En voici une brève énumération.
– Rôle de l’évêque de veiller à préserver la liberté prévue pour des célébrations adaptées au lieu, au groupe de fidèles et aux circonstances pastorales. (n° 21)
– Les prêtres doivent cultiver la science et l’art liturgiques. (n° 33)
– Promouvoir et manifester la participation active des fidèles en utilisant l’espace laissé à une liberté d’adaptation opportune aux besoins des participants. (n° 39)
– Importance de maintenir l’échange de la paix avant la communion. (nos 71-72)
– Que les fidèles puissent communier avec des hosties consacrées au cours de la messe à laquelle ils participent. (n° 89)
– Que la communion sous les deux espèces manifeste plus clairement la plénitude du signe dans le banquet eucharistique. (n° 100)
– Qu’il ne faut pas multiplier les messes, contre la norme du droit. (n° 116)
– La purification des vases peut se faire aussi à la crédence. (n° 119)
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Dans le cas des adaces, que l’évêque diocésain doit évaluer avec prudence s’il faut ou non distribuer la communion; que ces célébrations soient animées par une équipe plutôt que par une seule personne. (n° 165)
– Pour les célébrations en semaine, attention à la question de la distribution de la communion en dehors de la messe. (n° 166)
– Le remède contre les abus : la formation biblique et liturgique de tous. (n° 170)
5. Quelques abus signalés par l’instruction
Tous ces abus n’ont pas la même gravité; il convient d’en évaluer l’importance. Outre les cas très graves de sacrilège, de simulation, de concélébration avec des ministres en dehors de la succession apostolique, mentionnons :
– L’usage d’un pain eucharistique qui ne soit pas de pain azyme de pur froment. (n° 48)
– L’usage d’utiliser une autre boisson que le vin naturel de raisins, pur et non corrompu. (n° 50)
– L’usage de prières eucharistiques non autorisées ou le fait d’en composer. (n° 51)
– La musique durant la prière eucharistique, sauf les acclamations dûment approuvées. (n° 53)
– Le fait de rompre le pain eucharistique au moment du récit de l’institution ou de la consécration. (n° 55)
– L’omission des noms du Pape et de l’évêque dans la prière eucharistique. (n° 56)
– L’introduction de changements ou de variations dans les textes liturgiques officiels. (n° 59)
– Séparer la liturgie de la Parole de la liturgie eucharistique par un intervalle de temps ou par un changement de lieu. (n° 60)
– Des laïcs ne peuvent prononcer l’homélie. (n° 64) Ni les séminaristes, ni les étudiants en théologie, ni les « assistants pastoraux ». (n° 66)
– L’utilisation de professions de foi autres que celles approuvées dans les livres liturgiques. (n° 69)
– Joindre un repas ordinaire à la célébration de l’eucharistie. (n° 77)
– Que les fidèles laïcs prennent eux-mêmes le pain eucharistique ou la coupe, ou se les transmettent de main à main; que les époux se donnent réciproquement la communion à leur mariage. (n° 94)
– Distribuer des hosties non-consacrées ou autres choses comestibles à l’instar de la communion. (n° 96)
– Que le prêtre célébrant ou concélébrant attende la fin de la communion des fidèles pour communier lui-même. (n° 97)
– Verser le sang du Christ d’un calice à l’autre (ce qui est qualifié d’outrage). (n° 106)
– Pour le prêtre, célébrer la messe sans revêtir les vêtements liturgiques, même avec la participation d’un seul assistant. (n° 126)
– Pour les prêtres, sauf en cas exceptionnels et pour une juste cause, participer à la messe comme s’ils étaient des fidèles laïcs. (n°128)
Conférence des évêques catholiques du Canada
Le 23 avril 2004