L’Osservatore Romano en langue française publie cette traduction de l’homélie:
Dans la matinée du jeudi 16 octobre 2003, jour du XXV anniversaire de son Pontificat, le Pape Jean-Paul II, en présence de plus de 120 Cardinaux du monde entier, ainsi que des Présidents des Conférences épiscopales du monde, des chefs et des secrétaires des dicastères de la Curie Romaine, a signé l’Exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis », rassemblant les fruits de la X Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques, qui s’était déroulée à Rome du 30 septembre au 27 octobre 2001. Le Saint-Père y a prononcé le discours suivant:
Messieurs les Cardinaux,
vénérés Frères dans l’Episcopat!
1. C’est avec une joie profonde que je signe et remets à l’Eglise tout entière et, idéalement, à chacun de ses Evêques, l’Exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis ». Je l’ai rédigée en rassemblant les diverses contributions offertes par les Pères de la X Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques, qui a eu pour thème: « L’Evêque, ministre de l’Evangile de Jésus Christ pour l’espérance du monde ».
J’adresse mon salut cordial et fraternel à Messieurs les Cardinaux, avec une pensée particulière et reconnaissante pour le Cardinal Jan Pieter Schotte, Secrétaire général du Synode des Evêques. Je salue également les Patriarches, les Présidents des Conférences épiscopales et les Archevêques et Evêques présents. Qu’à travers vous, vénérés Frères, l’expression de mon affection parvienne au Collège épiscopal tout entier. En lui se reflètent l’universalité et l’unité du Peuple de Dieu pèlerin dans le monde (cf. Lumen gentium, n. 22). J’étends ensuite mon salut à toutes les Eglises particulières dans chacune de leurs composantes: prêtres, diacres, personnes consacrées et fidèles laïcs. J’assure chacun de ma proximité spirituelle.
2. Les Pères synodaux ont rappelé la grande importance du service épiscopal pour la vie du Peuple de Dieu. Ils se sont longuement arrêtés sur la nature collégiale de l’épiscopat; ils ont souligné que les fonctions d’enseigner, de sanctifier et de gouverner doivent être exercées dans la communion hiérarchique et dans l’unité fraternelle avec le Chef et tous les autres membres du Collège épiscopal.
La figure évangélique du Bon Pasteur a été l’icône à laquelle les travaux du Synode ont constamment fait référence. L’Assemblée synodale a indiqué de façon concrète quel doit être l’esprit avec lequel l’Evêque est appelé à accomplir son service dans l’Eglise: connaissance du troupeau, amour pour tous et attention envers chaque personne, miséricorde et recherche de la brebis égarée. Telles sont certaines des caractéristiques qui distinguent le ministère de l’Evêque. Celui-ci est appelé à être un père, un maître, un ami et un frère pour chaque homme, à l’exemple du Christ. En parcourant fidèlement cette voie, il pourra atteindre la sainteté, une sainteté qui devra croître non pas à côté du ministère, mais à travers le ministère lui-même.
3. En tant que messager de la Parole divine, maître et docteur de la foi, l’Evêque a le devoir d’enseigner avec franchise apostolique la foi chrétienne, en la reproposant de façon authentique.
En tant que « dispensateur de la grâce du suprême sacerdoce » (cf. Lumen gentium, n. 26), il se préoccupera également de ce que les célébrations liturgiques soient une épiphanie du mystère. C’est-à-dire qu’elles soient une expression de la nature authentique de l’Eglise qui rend un culte actif à Dieu, pour le Christ, dans l’Esprit Saint.
En tant que guide du peuple chrétien, avec une autorité pastorale et ministérielle, l’Evêque devra se préoccuper de promouvoir la participation de tous les fidèles à l’édification de l’Eglise. Il accomplira son devoir spécifique avec la responsabilité personnelle qui lui provient de sa mission au service de la Communauté tout entière.
Attentif aux besoins de l’Eglise et du monde, il affrontera les défis de l’heure actuelle. Il sera prophète de justice et de paix, défenseur des droits des petits et des exclus. Il proclamera à tous l’Evangile de la vie, de la vérité et de l’amour. Il aura un regard de prédilection pour la multitude des pauvres qui peuple la terre.
Mémoire du désir du Christ « ut omnes unum sint » (Jn 1, 21), il soutiendra avant tout le chemin oecuménique, afin que l’Eglise resplendisse parmi les peuples comme un étendard d’unité et de concorde. Dans la société multi-ethnique de ce début du troisième millénaire, il se fera en outre le promoteur du dialogue interreligieux.
4. Messieurs les Cardinaux, vénérés Patriarches et Frères dans l’épiscopat, en remettant l’Exhortation apostolique post-synodale « Pastores gregis », je suis bien conscient de la multiplicité des devoirs que le Seigneur nous a confiés. La fonction à laquelle nous avons été appelés est difficile et grave. Où trouverons-nous la force de la remplir selon la volonté du Christ? Sans aucun doute uniquement en Lui. Etre Pasteurs de son troupeau aujourd’hui est particulièrement difficile et exigeant. Nous devons toutefois avoir confiance « contra spem in spem » (Rm 4, 18). Le Christ marche avec nous et nous soutient de sa grâce.
Que la Très Sainte Vierge Marie ravive en nous l’espérance, Elle qui, avec les Apôtres, attendit l’Esprit Saint dans la prière unanime et persévérante. Qu’elle intercède auprès de Dieu afin que le visage lumineux du Christ resplendisse toujours dans l’Eglise.
Très chers frères dans l’Episcopat! Le Pape partage les sollicitudes, les préoccupations, les souffrances, les espérances et les joies de votre ministère. Il est spirituellement proche de vous, tandis qu’il donne à tous avec affection Sa Bénédiction.
(©L’Osservatore Romano – 21 octobre 2003)