Pape François, audience générale du 3 août 2016 © CTV

Pape François, audience générale du 3 août 2016 © CTV

Cracovie2016: une "mosaïque de fraternité" dans un monde en guerre

Audience générale du 3 août 2016 (traduction intégrale)

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Les Journées mondiales de la jeunesse, devenues « un signe prophétique » pour le monde, sont « une mosaïque de fraternité », a affirmé le pape François trois jours après la clôture des JMJ de Cracovie. « Parce que, justement dans ce monde en guerre, il faut la fraternité, il faut la proximité, il faut le dialogue, il faut l’amitié », a assuré le pape lors de l’audience générale du 3 août 2016.
Reprenant ses audiences après une pause estivale d’un mois, le pape a dressé le bilan de son voyage apostolique en Pologne, du 27 au 31 juillet. Il a rendu hommage à « cette noble nation qui a beaucoup souffert et qui, avec la force de la foi (…), s’est toujours relevée ».
Dans la salle Paul VI du Vatican, il a aussi évoqué sa visite aux camps nazis d’Auschwitz et Birkenau : « Dans ce grand silence, j’ai prié pour toutes les victimes de la violence et de la guerre. (…) En regardant cette cruauté, dans ce camp de concentration, j’ai aussitôt pensé aux cruautés d’aujourd’hui qui sont semblables : non pas comme cela, concentrées dans ce lieu, mais partout dans le monde ; ce monde qui est malade de cruauté, de douleur, de guerre, de haine, de tristesse. »
Et il a salué la volonté des jeunes des JMJ « d’être ensemble, de faire des ponts, de fraternité ». « Je ne sais pas comment ils font, a plaisanté le pape : ils parlent des langues différentes mais ils réussissent à se comprendre ! ».
AK
Catéchèse du pape François
Aujourd’hui, je voudrais réfléchir brièvement sur le voyage apostolique que j’ai effectué ces derniers jours en Pologne.
L’occasion du voyage était la Journée mondiale de la jeunesse, 25 ans après celle, historique, célébrée à Czestochova peu après la chute du « rideau de fer ». En ces 25 ans, la Pologne a changé, l’Europe a changé et le monde a changé, et cette JMJ est devenue un signe prophétique pour la Pologne, pour l’Europe et pour le monde. La nouvelle génération de jeunes, héritiers et continuateurs du pèlerinage lancé par saint Jean-Paul II, a donné la réponse au défi d’aujourd’hui, a donné le signe d’espérance, et ce signe s’appelle la fraternité. Parce que, justement dans ce monde en guerre, il faut la fraternité, il faut la proximité, il faut le dialogue, il faut l’amitié. Et c’est là le signe de l’espérance : lorsqu’il y a la fraternité.
Partons justement des jeunes, qui ont été le premier motif de ce voyage. Une fois encore ils ont répondu à l’appel : ils sont venus du monde entier – certains d’entre eux sont encore là [le pape indique les pèlerins dans la salle] – une fête de couleurs, de visages différents, de langues, d’histoires diverses. Je ne sais pas comment ils font : ils parlent des langues différentes mais ils réussissent à se comprendre ! Et pourquoi ? Parce qu’ils ont cette volonté d’être ensemble, de faire des ponts, de fraternité. Ils sont aussi venus avec leurs blessures, avec leurs interrogations, mais surtout avec la joie de se rencontrer ; et une fois encore ils ont formé une mosaïque de fraternité. On peut parler d’une mosaïque de fraternité. Une image emblématique  des Journées mondiales de la jeunesse réside dans l’étendue multicolore de drapeaux agités par les jeunes : en effet, à la JMJ, les drapeaux des nations deviennent plus beaux, ils se purifient » pour ainsi dire, et même les drapeaux des nations qui sont en conflit entre elles flottent côte à côte. Et c’est beau, cela ! Ici aussi il y a des drapeaux… montrez-les !
Ainsi, dans leur grande rencontre jubilaire, les jeunes du monde ont accueilli le message de la miséricorde, pour le porter partout dans leurs œuvres spirituelles et corporelles. Je remercie tous les jeunes qui sont venus à Cracovie ! Et je remercie ceux qui se sont unis à nous de tous les coins de la terre ! Parce que, dans de nombreux pays, il y a eu des petites Journées de la jeunesse, en lien avec celle de Cracovie. Que le don que vous avez reçu devienne une réponse quotidienne à l’appel du Seigneur. Une pensée pleine d’affection pour Susanna, la jeune romaine de ce diocèse qui est morte aussitôt après avoir participé à la JMJ, à Vienne. Que le Seigneur, qui l’a certainement accueillie au ciel, réconforte sa famille et ses amis.
Dans ce voyage, j’ai aussi visité le sanctuaire de Czestochova. Devant l’icône de la Vierge Marie, j’ai reçu le don du regard de notre Mère qui est d’une manière particulière la Mère du peuple polonais, de cette noble nation qui a beaucoup souffert et qui, avec la force de la foi et de sa main maternelle, s’est toujours relevée. J’ai salué quelques Polonais ici [dans la salle]. Vous êtes bons, vous êtes bons, vous ! Là, sous ce regard, on comprend le sens spirituel du chemin de ce peuple dont l’histoire est liée d’une façon indissoluble à la Croix du Christ. Là, on touche du doigt la foi du peuple, saint et fidèle, de Dieu, qui garde l’espérance dans les épreuves ; et qui garde aussi cette sagesse qui est l’équilibre entre tradition et innovation, entre la mémoire et l’avenir.
Et aujourd’hui, la Pologne rappelle à toute l’Europe qu’il ne peut pas y avoir d’avenir pour ce continent sans ses valeurs fondatrices qui, à leur tour, mettent au centre la vision chrétienne de l’homme. Parmi ces valeurs, il y a la miséricorde dont deux enfants de cette terre polonaise ont été les apôtres particuliers : sainte Faustine Kowalska et saint Jean-Paul II.
Et enfin, ce voyage avait aussi pour horizon le monde, un monde appelé à répondre  au défi d’une guerre « par morceaux » qui le menace. Et là, le grand silence de la visite à Auschwitz-Birkenau a été plus éloquent que toute parole. Dans ce silence, j’ai écouté, j’ai senti la présence de toutes les âmes qui sont passées par là ; j’ai senti la compassion, la miséricorde de Dieu que quelques âmes saintes ont su apporter même dans cet abîme. Dans ce grand silence, j’ai prié pour toutes les victimes de la violence et de la guerre. Et là, en ce lieu, j’ai compris plus que jamais la valeur de la mémoire, non seulement comme un souvenir d’événements passés, mais comme un avertissement et une responsabilité pour aujourd’hui et pour demain, pour que la semence de la haine et de la violence ne s’enracine pas dans les sillons de l’histoire. Et dans cette mémoire des guerres et de toutes les blessures, de toutes les douleurs vécues, il y a aussi tant d’hommes et de femmes d’aujourd’hui qui souffrent des guerres, tant de nos frères et sœurs. En regardant cette cruauté, dans ce camp de concentration, j’ai aussitôt pensé aux cruautés d’aujourd’hui qui sont semblables : non pas comme cela, concentrées dans ce lieu, mais partout dans le monde ; ce monde qui est malade de cruauté, de douleur, de guerre, de haine, de tristesse. Et pour cela, je vous demande de toujours prier : que le Seigneur nous donne la paix !
Je remercie pour tout cela le Seigneur et la Vierge Marie. Et j’exprime à nouveau ma gratitude au président de la Pologne et aux autres autorités, au cardinal archevêque de Cracovie et à tout l’épiscopat polonais, et à tous ceux qui, de mille façons, ont permis cet événement qui a offert un signe de fraternité et de paix à la Pologne, à l’Europe et au monde. Je voudrais remercier aussi les jeunes bénévoles qui, pendant plus d’un an, ont travaillé pour mener à bien cet événement ; et aussi les médias, ceux qui ont travaillé dans les médias : merci d’avoir fait en sorte que cette Journée soit vue dans le monde entier. Et là, je ne peux pas oublier Anna Maria Jacobini, une journaliste italienne qui a perdu la vie là-bas, à l’improviste. Prions aussi pour elle ; elle est partie pendant son service.
Merci !
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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