Le Saint-Siège demande que « la question des discours haineux visant les minorités nationales » soit inscrit à l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’OSCE sur les minorités.
Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, est intervenu lors d la 1102ème réunion du Conseil permanent de l’Organisation pour la sécurité et le développement en Europe (OSCE), hier, jeudi 2 juin 2016, sur le « Rapport présent par Madame Astrid Thors, haut-commissionnaire pour les minorités nationales à l’ OSCE ».
Mgr Urbanczyk souligne aussi l’importance de l’éducation dans la prévention des conflits. Il demande donc que « la question des discours haineux visant les minorités nationales, ainsi que le rôle de l’éducation dans la promotion de la paix » soit inscrits à l’agenda de la prochaine SHDM (Réunion supplémentaire sur la dimension humaine) sur les minorités nationales ».
Voici notre traduction intégrale du discours du représentant du Saint-Siège qui est membre de l’OSCE, et pas seulement « observateur » comme à l’ONU.
A.B
Intervention de Mgr Janusz Urbanczyk
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège tient une fois encore à exprimer sa gratitude envers le haut-commissionnaire de l’OSCE pour les minorités nationales, Madame Astrid Thors, pour son travail compétent et assidu, un travail qui cherche à éviter les tensions ayant un potentiel de se développer en conflit, et donc à promouvoir la paix et la stabilité dans notre région. Par conséquent, je me joins volontiers aux orateurs précédents pour accueillir Madame Thors au Conseil permanent ainsi que pour la remercier pour le rapport complet qu’elle vient de nous présenter.
Permettez-moi de m’arrêter sur trois points :
Premièrement, le rapport du haut-commissaire souligne les avantages de la coopération entre les États participants et le Haut Commissariat aux minorités nationales (HCMN) pour promouvoir la participation des minorités nationales à la vie sociale, économique et politique. La délégation du Saint-Siège encourage une telle coopération, tout en reconnaissant la liberté de chaque État participant de faire usage des différentes structures de notre Organisation selon ses besoins et situations.
Deuxièmement, ma délégation est profondément concernée par l’augmentation des discours haineux visant les minorités nationales dans plusieurs États participants, comme l’a rapporté le haut-commissaire, et nous partageons son point de vue selon lequel « si on les laisse sans réponse, les discours haineux peuvent mener à des actes de violence et contribuer au conflit à une plus grande échelle. Empêcher les discours haineux, c’est de la prévention des conflits ». En fait, la violence ne sort pas de nulle part. Elle est la conséquence tragique de cette pente glissante qui commence si souvent par de la dérision ou par d’autres formes d’exclusion sociale ou de sectarisme, qui mènent à leur tour à des actes de discrimination – parfois même entérinés dans la législation – et déclenchent une intolérance qui tourne à la violence.
En plus, nous devons reconnaître la montée de discours politiques visant les minorités nationales ou faisant usage de stéréotypes profondément ancrés au sujet de ces minorités pour promouvoir un agenda politique ; c’est là une autre tendance qui se reflète clairement dans le rapport du haut-commissaire, qui devrait être contrée par l’avancement continu de la participation politique de tous les citoyens.
Ma délégation est aussi préoccupée par le fait que la langue, et en particulier la discrimination basée sur la langue, peut-être – et est, de fait – une source de tension et elle tient à rappeler les nombreux engagements de longue date en matière de non-discrimination basée sur la langue. Ces engagements ne semblent pas avoir reçu une attention suffisante de la part des États participants.
Et enfin, le Saint-Siège partage le point de vue exprimé par le haut commissaire aux minorités nationales d’après lequel « l’éducation a joué [et elle continue de le faire] un rôle clé dans le travail de prévention des conflits ». Puisque l’éducation, en particulier celle des jeunes, contribue à faire de chaque être humain un artisan de paix et un promoteur de la véritable tolérance et de la non-discrimination, les programmes éducatifs devraient être développés et renforcés afin de promouvoir une meilleure compréhension et le respect des différentes cultures, ethnies et religions. Ces programmes devraient aussi inculquer des valeurs universelles, telles que le respect de la dignité de chaque personne, la solidarité entre les personnes et le respect de la religion de l’autre, dans la mesure où de telles valeurs réduiraient aussi les incompréhensions et les stéréotypes blessants.
L’éducation, par conséquent, en plus d’être un moyen de promouvoir la participation active des minorités nationales à la vie sociale et politique, devient un lieu où la tolérance et la non-discrimination sont nourris et où des ponts pour la paix et la stabilité sont construits, pour la société dans son ensemble.
S’appuyant sur les points mentionnés ci-dessus, ma délégation saisit cette occasion pour exhorter la présidence allemande à inclure la question des discours haineux visant les minorités nationales, ainsi que le rôle de l’éducation dans la promotion de la paix dans l’agenda de la prochaine SHDM (Réunion supplémentaire sur la dimension humaine) sur les minorités nationales.
En conclusion, Monsieur le Président, ma délégation renouvelle sa gratitude à l’égard de Madame Thors pour sa direction et ses efforts afin de permettre aux minorités nationales de se rapprocher toujours plus de la pleine jouissance de leurs droits, et elle lui adresse, ainsi qu’à tout le personnel du HCMN, ses meilleurs vœux pour leurs projets futurs.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Janusz Urbanczyk - Stift Klosterneuburg
Europe: "non" aux discours haineux visant des minorités
Intervention de Mgr Janusz Urbanczyk à l’OSCE (traduction complète)