Femmes catholiques: Crier les injustices, le non-respect des droits humains

Card. Poupard: : « Dieu vous a choisies, chacune personnellement »

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CITE DU VATICAN, Vendredi 23 mars 2001 (ZENIT.org)
– « Il s’agit aussi pour vous de promouvoir la formation des femmes, de sensibiliser au respect des diversités culturelles, d’œuvrer pour la réconciliation pour surmonter les divisions, et de relever – parfois même de crier – les injustices nées du non-respect des droits humains, plus particulièrement pour les femmes et pour les enfants, tant la culture dominante, souligne le Saint-Père dans le Message qu’il vous a adressé, « diffuse et impose des modèles de vie contraires à la nature la plus intime de la femme » ». Tel est le message que le cardinal Paul Poupard a adressé aux femmes catholiques.

Nous publions ci-dessous le texte intégral de l´homélie du cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture, mercredi dernier, 21 mars, à la Domus Pacis de Rome, en conclusion des journées d´étude de l´Union mondiale des organisations féminines catholiques.

Le cardinal Poupard encourageait : « Dieu vous a choisies, chacune personnellement, pour se révéler aux hommes et aux femmes de notre monde ». Il soulignait que ´´la vocation unique des femmes et leur mission propre au sein de l’Église, mission prophétique qui s’enracine dans la foi transmise par les Apôtres ». Son homélie rappelle aussi la mission confié par Jean-Paul II aux femmes catholiques: « procurer un secours matériel et moral croissant aux femmes en difficulté, victimes de la pauvreté et de la violence ». Et cette parole du pape reprise cette semaine par les media catholiques: « La sainteté féminine est indispensable à la vie de l’Église ».

Texte de l´homélie

« Chères amies,
1. Nous sommes dans la joie de cette Messe d’envoi, au terme de ces Journées d’étude sur La Mission prophétique des femmes au cœur de la mission de l’Église. Au lendemain du Jubilé, vous avez choisi de vous retrouver à Rome, près de la tombe des saints Apôtres Pierre et Paul, soulignant ainsi la vocation unique des femmes et leur mission propre au sein de l’Église, mission prophétique qui s’enracine dans la foi transmise par les Apôtres. Cette célébration est pour moi une joie, la joie même du Jubilé qui par votre présence se renouvelle et me donne l’occasion de rendre grâce pour le précieux travail accompli depuis de nombreuses années par l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques. Avec vous, je désire prier le Seigneur en pensant à tant de femmes qui, dans le monde, accomplissent généreusement, souvent dans le silence et l’obscurité, leur mission prophétique reçue avec la grâce du baptême. Je me souviens avec émotion et gratitude de ma maman, à qui je dois, avec la grâce de la vie, le sens même de ma vie, et qui ne manquait jamais une réunion de la ligue féminine d’action catholique. Votre mission prend modèle et inspiration sur celle de la Vierge Marie. A sa suite, Dieu vous a choisies, chacune personnellement, pour se révéler aux hommes et aux femmes de notre monde. Votre mission prophétique s’inscrit à l’intérieur de celle de l’Église tout entière, mais elle prend une tonalité propre, celle qui caractérise toute femme selon le dessein d’amour de Dieu. C’est lui qui est la source de votre amour tendre et maternel, de votre amour fidèle qui se donne jusqu’à l’oubli de soi, de votre humble et douce attention aux plus faibles, aux plus pauvres, aux plus nécessiteux, en particulier, comme le Saint-Père vous y invite dans son Message, à « procurer un secours matériel et moral croissant aux femmes en difficulté, victimes de la pauvreté et de la violence ».

Madame la Présidente, j’ai eu la joie de vous recevoir ces jours derniers et de me réjouir avec vous de l’engagement des unes et des autres dans les différents pays du monde afin de promouvoir l’indispensable présence des femmes au cœur des cultures, votre participation active et la prise de conscience de votre co-responsabilité dans l’œuvre de l’évangélisation. Il s’agit aussi pour vous de promouvoir la formation des femmes, de sensibiliser au respect des diversités culturelles, d’œuvrer pour la réconciliation pour surmonter les divisions, et de relever – parfois même de crier – les injustices nées du non-respect des droits humains, plus particulièrement pour les femmes et pour les enfants, tant la culture dominante, souligne le Saint-Père dans le Message qu’il vous a adressé, « diffuse et impose des modèles de vie contraires à la nature la plus intime de la femme ».

2. Comme Président du Conseil Pontifical de la Culture, je suis particulièrement heureux de vous inviter à poursuivre l’œuvre de l’inculturation de l’Évangile. Le prophète reçoit de Dieu une lumière particulière pour transmettre aux hommes un message. La mission prophétique s’enracine dans la foi reçue au baptême, et elle est pour le monde d’aujourd’hui, ce monde si varié, aux multiples visages et aux langues innombrables. Le Christ est le même, hier, aujourd’hui et pour toujours. Mais son unique évangile demande à être compris par tous, à travers un message d’amour compréhensible par tous, adapté à chacun des peuples, à chaque culture. Ce qui atteste la crédibilité du prophète, vous le savez, c’est la conformité de sa vie à ce qu’il annonce. Ainsi, la mission prophétique que les femmes accomplissent au sein de l’Église, au sein de toutes les cultures du monde, exige de vous non seulement une écoute de Dieu en qui s’enracine cette mission, mais aussi une écoute attentive de ceux et celles à qui vous êtes envoyées, dans un profond respect pour les valeurs culturelles et humaines propres à chacune. Certes, la foi est unique pour tous et son contenu ne doit pas être dénaturé, mais son mode de transmission diffère d’une culture à l’autre. La grande diversité des membres de l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques est votre richesse, et je sais que vous désirez accueillir un nombre croissant de femmes d’horizons les plus divers pour enrichir vos débats, élargir vos vues, et diffuser votre action apostolique dans le monde pluriel de notre temps, en pleine mutation culturelle à l’aube du IIIe millénaire.

3. « Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les aromates qu’elles avaient préparés. » Cette phrase si évocatrice de l’Évangile que vous avez choisi, manifeste d’une manière étonnante quelque chose du charisme propre aux femmes. Jésus est mort. Les soldats se sont acharnés sur lui de la façon la plus ignoble. Son corps reçu de la Vierge Marie a été profondément défiguré par la flagellation, le portement de croix et la crucifixion. Et ces saintes femmes, dès la première heure après le Sabah, veulent donner à son corps les ultimes gestes de respect et d’affection. C’est par amour, par fidélité, qu’elles montent au tombeau, sans savoir qu’elles seront les premières à recevoir la mission prophétique d’annoncer la résurrection du Seigneur. Elles n’auront pas à s’occuper de son Corps – « Noli me tangere », dit Jésus à Marie-Madeleine –, mais à annoncer « aux Onze, et à tous les autres » que l’Agneau de Dieu a vaincu la mort de l’homme, qu’une formidable espérance est née pour notre monde, que le Sépulcre du Christ n’a pu enfermer dans les liens de la mort le Messager de la Paix.

Cette mission prophétique n’a pas été facile à remplir pour ce groupe de femmes. L’évangile rapporte que les Apôtres « tinrent ces discours pour des rêveries ». Affronter l’incompréhension, le manque de confiance, les railleries parfois, est toujours une épreuve particulièrement blessante, beaucoup d’entre vous le savent et en souffrent.

Toutefois, deux des Apôtres se lèvent et courent jusqu’au tombeau. L’évangile de Luc ne nous parle que de Pierre, mais Jean dans son Évan
gile nous précise qu’il était accompagné du « disciple que Jésus aimait ». Ainsi, la mission prophétique des femmes porte ses fruits à travers Pierre, celui que Jésus choisit pour fonder son Église, et Jean, celui à qui Jésus confia le mystère de Marie.

4. Ces paroles de l’Évangile résonnent d’une manière particulière, ici même, à Rome, près du Successeur de Pierre. Elles soulignent le lien particulier entre la mission prophétique des femmes, et celle de Pierre et de ses successeurs. Vous savez l’affection que le Saint-Père vous accorde, et vous gardez encore en mémoire sa belle Lettre aux femmes. À son invitation, nous avons célébré dans la joie et l’action de grâce le Grand Jubilé de l’An 2000. Chacune, chacun d’entre nous garde en son cœur le souvenir émerveillé de ces véritables moments de grâce. Après trois années d’humble et patiente préparation spirituelle, ici à Rome, dans les diocèses, les paroisses, les familles chrétiennes, le Christ a fait le don de sa miséricorde, mettant au cœur même de son Église le désir de la conversion et d’une plus grande fidélité à la mission reçue par l’Évangile. Cette année jubilaire a été la joie de l’Église. A vous de la poursuivre ! Avec le Saint-Père, je vous redis : « La sainteté féminine est indispensable à la vie de l’Église ».

Au début du nouveau millénaire, le Pape Jean-Paul II a voulu s’adresser à toute l’Église pour l’inviter, à la suite de Jésus, à continuer sa route. En effet, après avoir de la barque de Simon Pierre parlé aux foules, Jésus invite l’Apôtre à « avancer au large » : Duc in altum ! A sa suite, le Pape nous invite, confiants comme Pierre et ses compagnons, à répondre à l’invitation du Seigneur, à jeter à travers le vaste monde les filets de la mission. L’Évangéliste nous rapporte que « l’ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons ». Je souhaite, chères amies, à toute l’UMOFC, le même succès apostolique auprès des milliards de femmes qui peuplent l’Océan du monde entier.

5.Fort de cette espérance, je vous redis avec le Saint-Père l’invitation du Christ : Duc in altum ! Allez vers le large ! Cette parole retentit de la place Saint-Pierre comme en écho au bruit de la Porte Sainte qui s’est refermée le 6 janvier dernier. Une porte se ferme pour nous faire comprendre l’urgence du témoignage. Après avoir bu à la source, il faut avancer au large, tourner notre regard vers les étendues de terre où tant d’hommes et de femmes ont besoin de la lumière, soit qu’ils ignorent la Bonne nouvelle, soit que la culture dominante soit dans l’épreuve douloureuse de l’éclipse de Dieu. En toutes les cultures, l’Église, par votre mission prophétique de femmes de notre temps, « prophétise », c’est-à-dire annonce la merveilleuse nouvelle de l’amour de Jésus notre Sauveur.

Chères Amies, n’ayez pas peur ! A l’exemple de Déborah, la prophétesse, ayez confiance dans le Seigneur et redonnez courage quand il le faut aux Baraq qui en manquent. Les saintes femmes, de l’Ancien au Nouveau Testament, nous donnent l’exemple de la foi dans la force de Dieu. C’est votre mission prophétique. Ensemble, en cette eucharistie, nous prions le Seigneur qu’il vous aide, jour après jour, à l’accomplir ».

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ZENIT Staff

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