Résumé : Nous venons de voir que le fondement du mythe platonicien de la chute est incompatible avec le réel. Il faudra être très prudents et ne pas confondre les différentes sortes de chutes. L’Eglise refusera celle des gnoses et du jansénisme car elle est beaucoup plus inspirée du platonisme que de la Bible.
Ce n’est pas pour des raisons théologiques ou de préférences philosophiques ou religieuses que nous affirmons l’erreur des mythes platoniciens et orphiques (1), mais grâce à la confrontation au réel, selon la méthode de nos enquêtes. En effet, nous constatons que l’individuation par la matière ne résiste pas à l’épreuve du réel. Pour que cette théorie soit vraie, il aurait fallu pouvoir confirmer que je suis constitué d’une « matière » différente de la « matière » dont est fait mon voisin. Or ce n’est pas le cas. C’est exactement le contraire ! Nous sommes faits d’atomes et de molécules rigoureusement identiques. Alors, puisque ce n’est pas la « matière » qui nous différencie, qu’est-ce que c’est ?
Eh bien nous le savons aujourd’hui : ce qui nous différencie, c’est notre plan de construction. Ce qui nous différencie, ce n’est pas du tout la « matière », les atomes et les molécules, mais la façon dont cette »matière » est organisée. Or nous savons depuis 1953 que nos atomes ne s’organisent pas tous seuls : ils sont organisés par un véritable plan de construction qui donne les instructions pour définir la couleur de mes yeux, la couleur de ma peau, de mes cheveux, et bien sûr, c’est ce plan qui précise si je suis masculin ou féminin, si j’appartiens à l’espèce humaine, ou à celle des hamsters ou des marronniers…
Au passage, on notera que cette découverte de l’ADN et de ses « messages » semble apporter une réponse à la très vieille querelle des universaux qui ne sont donc pas des pures abstractions comme le prétendait Guillaume d’Okham, puisque nous observons que de longs chapitres génétiques donnent les instructions pour décrire l’espèce « cheval », par exemple, qui est commune à tous les chevaux, en général, avant d’aller vers le particulier par des chapitres qui définissent CE cheval précis qui est en face de moi… Mais nous y reviendrons sans doute…
En attendant, nous savons désormais que c’est bien le message génétique qui donne des instructions pour que les atomes soient organisés en vue de construire tel cheval, tel marronnier, tel être humain, avec des chapitres entiers communs à tous les chevaux, tous les marronniers, tous les êtres humains. Ce message génétique avec sa double hélice contenue dans chacune de mes cellules, ce n’est autre que de l’information.
Comme un livre qui est fait de matière : encre, papier, carton, cuir, le message génétique est fait avec de la matière (atomes molécules) mais comme pour un plan d’architecte ou un livre, toute la matière est au service du contenu du message qui, lui, n’est pas matériel. Que dit-on du contenu d’un livre ? Qu’il est spirituel ? Un roman policier, un annuaire du téléphone ne sont pas vraiment « spirituels » … Mais tout le monde s’accorde pour reconnaitre que le contenu d’un livre est toujours : de l’information. La « matière » (encre et papier) ne sert qu’à transmettre de l’information. La « matière » est au service de l’information.
Sur ce sujet, Platon s’était donc trompé : ce n’est pas la « matière » qui est responsable de mon individuation, mais c’est l’information contenue dans le « livre » de mon ADN, qui transmet toutes les informations pour me construire. Platon ne pouvait pas connaitre l’ADN, bien entendu, mais Aristote non plus, et il a pourtant réussi à comprendre que c’est l’information qui est première. Quant aux hébreux bibliques, ils ont écrit que ce qui est à la source, ce qui est premier, ce qui est « au commencement » ce sont les messages venant du Créateur Unique, les instructions venant de sa Parole. Ils ont compris que c’est l’information contenue dans les Paroles Créatrices qui est première. Ils appellent ces instructions « Parole de Dieu »…
Selon le paradigme biblique, il y a Création progressive respectueuse des étapes, alors que dans l’Orphisme et le platonisme il n’y a pas de Création, mais une chute. La raison d’être de ce Monde matériel est une déchéance, une dégradation, exactement comme pour le jansénisme qui emploie les termes de « corruption entière de la nature humaine ».
L’Eglise de Rome et le « parti jansénistes » ne pouvaient pas être d’accord : leurs points de vue sont radicalement contradictoires.
(A suivre…)
- Voir à partir de la Chronique 57 http://brunor.fr/PAGES/Pages_Chroniques/57-Chronique.html
- Illustration tirée du Tome 6 des indices pensables : Le Secret de l’ADAM inachevé. (Brunor éditions). Dans toutes les bonnes librairies en précisant « diffusion Salvator », pour aider le libraire à les commander. Si non, sur internet.