Rencontre du pape François et des prêtres de Rome, L'Osservatore Romano

Rencontre du pape François et des prêtres de Rome, L'Osservatore Romano

Les heures supplémentaires des «grands pardonneurs»

Rencontre avec les prêtres de Rome à l’occasion du carême et du jubilé

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Les prêtres selon le cœur du pape François ne sont ni des « princes », ni des « patrons », mais « serviteurs », des « pères » et de « grands pardonneurs », qui font des « heures supplémentaires ».
Le pape a rencontré le clergé de son diocèse de Rome, comme c’est la tradition à l’occasion du carême, ce jeudi 11 février, en sa cathédrale, la basilique du Latran, après sa visite à Sainte-Marie-Majeure, et avant son départ pour Cuba et le Mexique, vendredi matin, 12 février. Mais une nouveauté absolue de cette rencontre « pénitentielle » – comme la qualifie le cardinal Agostino Vallini – est que le pape François a entendu quelques prêtres en confession, rapporte Radio Vatican.
Les offrandes recueillies iront à la Caritas diocésaine. La rencontre a été guidée par Mgr Angelo De Donatis, responsable de la formation permanente du clergé. Le pape a offert à chacun son livre: « Le Nom de Dieu est Miséricorde ».
« Soyez miséricordieux comme le Père, de grands « pardonneurs », a exhorté le pape avant d’ajouter : « Je vous remercie du travail que vous faites, parce que je crois qu’il y aura cette année des heures supplémentaires qui ne vous seront pas payées ! (rires) Mais que le Seigneur nous donne la joie de faire des heures supplémentaires pour être miséricordieux comme le Père ! »
« Nous, les prêtres, a dit notamment le pape, nous ne sommes pas des princes mais des serviteurs des personnes. »
Il a invité les confesseurs à « comprendre les gens » et à « pardonner » car Dieu « pardonne toujours, il pardonne tout ».
Il a insisté sur les souffrances des gens : problèmes familiaux, manque de travail, difficulté à se libérer du péché. Que ces personnes « trouvent en nous un père ! », s’est exclamé le pape.
Le pape a fait observer que même si « on ne peut pas donner l’absolution », il faut continuer à être « père » : « Qu’au moins ils sentent qu’il y a un père, là ! » Il suggérait de dire quelque chose comme : « Je ne te donne pas le sacrement, mais je te donne la bénédiction, parce que Dieu t’aime ; ne te décourage pas ; avance et reviens ! », avant d’ajouter : « Voilà ce qu’est un père, qui ne laisse pas son enfant s’éloigner. »
En ce jubilé de la miséricorde, le pape a demandé à ses prêtres de se monter « miséricordieux comme le Père » : « Ne donnez pas de coups de bâton aux gens ; caressez, comme Dieu nous caresse ! »
Plus encore, il a invité à « soulager les blessures comme peuvent le faire dans un hôpital le médecin ou l’infirmière », car « les prêtres aussi peuvent alléger les souffrances » : « La parole d’un prêtre fait beaucoup de bien, beaucoup de bien. Elle fait des miracles ! »
Le pape François a rappelé qu’avant lui les papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont souvent parlé de la miséricorde. Il a affirmé : « C’est Dieu, qui veut cette Année sainte de la miséricorde ! » et il en a tiré les conséquences: « Si le Seigneur veut un Jubilé de la miséricorde, c’est pour qu’il y ait de la miséricorde dans l’Église, pour que les péchés soient pardonnés. Et ce n’est pas facile parce que bien souvent la rigidité vient de nous. Nous sommes rigides ou des patrons. »
Puis le pape a diagnostiqué « la maladie du cléricalisme », invitant à en guérir : « La maladie du cléricalisme… Tous ! Tous ! Moi aussi. Nous avons tous cela… Nous ne sommes pas des princes, nous ne sommes pas des patrons. Nous sommes des serviteurs des personnes. »
Plus encore, a affirmé le pape, « la miséricorde, c’est Jésus », c’est « Dieu qui s’est fait chair », et c’est le Père qui a envoyé Jésus : « Et si tu ne crois pas que Dieu est venu dans la chair, tu es l’antéchrist. Et cela, ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’apôtre Jean. »
Voilà donc la mission par le Christ aux prêtres « qu’ils aillent aider les gens, avec humilité et miséricorde ». La miséricorde, a continué le pape, « c’est l’amour, l’étreinte du Père, c’est la tendresse, la capacité de comprendre, de se mettre à la place de l’autre ».
Il a invité les confesseurs à se montrer « généreux en pardon » et à « comprendre les différents langages des gens » : « Il y a le langage des paroles, mais il y a aussi le langage des gestes. »
Il a donné cet exemple : « Quand quelqu’un vient au confessionnal, c’est parce qu’il sent que quelque chose ne va pas, il voudrait changer ou demander pardon, mais il ne sait pas comment le dire et il devient muet. « Si tu ne parles pas, je ne peux pas te donner l’absolution ». Non ! Il a parlé en faisant le geste de venir et quand quelqu’un vient, c’est parce qu’il ne veut pas, il ne voudrait pas refaire la même chose encore une fois. »
Et si une personne dit, à propos de la résolution de ne plus refaire le même péché: « Je ne peux pas le promettre », et ceci, a expliqué le pape, parce qu’elle se trouve « dans une situation irréversible ». Il a rappelé « un principe moral » : « À l’impossible nul n’est tenu ».
Et d’ajouter : « S’il lui est impossible de comprendre… » Et il a invité les prêtres à « chercher toujours comment pardonner ».
Avec une traduction de Constance Roques

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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