CITE DU VATICAN, Mercredi 25 décembre 2002 (ZENIT.org) – Dans son homélie de Noël, le patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabbah, a invité les fidèles à la “patience” et à la “paix”, rappelant le commandement de l’amour. Il a aussi demandé une nouvelle fois, la fin de l’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne.
Le patriarche a en effet comme chaque année, célébré de la messe de minuit dans la basilique de la Nativité, à Bethléem. Cette année, une absence, notée par les media du monde, celle du président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, encerclé à Ramallah, parce que le gouvernement de M. Sharon l’accuse d’inefficacité contre le terrorisme.
Le patriarche invitait en ces termes à la paix: “Frères et soeurs, mettez vous en présence de Dieu Très-Haut et devant le mystère profond de son amour. En Lui, malgré toutes les oppressions des hommes, vous trouverez la force et la paix”.
“ Cette année encore, nous sommes venus à Bethléem, en cette vénérable basilique afin de prier, affirmait d’emblée le patriarche. Nous nous prosternons devant le Très-Haut et devant le mystère de la Nativité de son Verbe Eternel fait homme. Celui que le monde ne peut contenir, une grotte l’a accueilli et une Vierge l’a conçu. Il est venu prince de la paix, porter à toute personne humaine la paix avec Dieu, avec soi-même et avec tous ses frères et sœurs dans l’humanité, sans distinction de race, de religion ou de couleur. Il est venu pour sauver l’humanité”.
“Cette nuit sainte, continuait Mgr Sabbah, nous remet à la fois devant le mystère de Dieu et de son amour et devant le mystère des souffrances de cette terre, dans laquelle Dieu a voulu cependant manifester sa miséricorde. Et nous devons reconnaître que nous avons été jusqu’aujourd’hui impuissants à être pleinement conscients du mystère de Dieu et de son amour dans notre terre, et également impuissants à nous reconnaître comme frères et sœurs”.
S’adressant ensuite eu président absent, le patriarche disait: “ Monsieur le Président Yasser Arafat, pour vous aussi nous prions avec votre peuple venu prier en cette nuit sainte. Vous auriez voulu être présent avec nous, mais la confusion croissante dans la vérité de cette terre et dans la manière de traiter avec la personne humaine ont empêché cela. Nous demandons à Dieu de vous accorder sagesse et courage, dans le siège qui vous est imposé, afin que vous poursuiviez la recherche si difficile de la justice et de la paix”.
S’adressant aux fidèles, et commentant saint Jean, le patriarche rappelait le commandement de l’amour: “Nous parlons de l’amour, alors que nous vivons dans des temps durs, face aux difficultés, aux démolitions, à la haine et à la mort. Car nous croyons en la signification profonde de Noël et en l’amour difficile dont nous parle l’Apôtre. Il a vécu ce commandement, nouveau pour lui et les autres disciples et pour la société de leur temps. Pour nous aussi, ce commandement nouveau est difficile, et nous met dans la perplexité: comment l’appliquer et le vivre face à la mort qui nous est imposée? Et nous vous disons, frères et soeurs : pour le croyant cela n’est pas impossible. Il n’est pas impossible d’aimer, aimer tous ceux avec qui nous vivons, tous nos frères et sœurs musulmans, juifs, druzes et chrétiens, et même avec les soldats israéliens qui nous imposent siège, couvre-feu et humiliations”.
“Dans la situation actuelle, il demandait: “Comment joindre les deux exigences : d’un côté ce commandement si exigeant et de l’autre la réalité difficile de notre vie quotidienne?”
Et de répondre: “A tous ceux qui posent cette question nous disons: d’abord la fête veut dire prier et nous mettre en présence de Dieu et non des hommes. Deuxièmement, notre réalité difficile ne doit pas faire arriver le croyant aux portes du désespoir et à ses conséquences. Nous croyons en Dieu, en son amour ; un jour, au moment qu’il veut, il inspirera ceux qu’il a créé et mis dans cette terre qui est la sienne, son amour et sa justice. En attendant cette heure, nous patientons et nous résistons, la résistance de l’esprit face au découragement, la résistance de l’esprit face à la tentation de ne pas croire en la bonté de l’homme, et la résistance de l’esprit à toute effusion de sang, tout en persévérant à réclamer notre liberté et notre dignité”.
“ Quant au siège de Bethléem, disait le patriarche, tout comme le siège imposé partout à la personne humaine palestinienne, – qui elle aussi, comme toute personne humaine et comme tout peuple dans le monde, est précieuse aux yeux de Dieu-, nous disons que ce siège ne doit pas durer et sous aucun prétexte. D’ailleurs comme mesure de sécurité, l’expérience a montré qu’il n’a pas porté la sécurité voulue”.
Il lançait cet appel: “C’est pourquoi nous nous adressons au peuple israélien et aux autorités israéliennes et nous disons : à vous tous paix et sécurité. Vous aussi votre sang a été répandu dans vos villes et vos rues et parmi des innocents. Cependant, nous vous disons que les voies de la paix ne sont pas celles que vous prenez. Vous avez la force, faites-en une force de paix et vous récolterez la paix et la sécurité. Croyez à la paix en cette phase de l’histoire après cent ans de conflit. Le peuple palestinien vous veut la sécurité et la tranquillité, comme il veut la paix pour lui-même. Vous dites : violence et terrorisme et il nous veut la paix? Oui, il en est ainsi. Il veut la paix pour vous, et pour lui-même, et, avec la paix, il veut sa liberté et la fin de l’occupation”.
“Nous disons non à la violence, continuait le patriarche, mais nous disons aussi non à l’oppression qui la fait naître (…). Votre action militaire a démoli tant de choses et a écrasé la personne humaine palestinienne ; elle a fait la guerre et produit la terreur ; mais elle n’est pas arrivée à faire la paix et ne vous a pas procuré la sécurité désirée. Vos armées ont gagné des guerres et jusqu’aujourd’hui n’ont pas gagné la paix. Vous avez besoin de chefs nouveaux qui aient de nouvelles visions pour faire la paix, qui puissent non pas vous promettre mais vous procurer la sécurité, en accordant aux Palestiniens leur droit, leur liberté et leur sécurité”.
Evoquant le siège de la basilique de la Nativité, le patriarche exprimait son “estime” et son “amour”, à la fois “pour les Pères et les religieux franciscains, les moines grecs orthodoxes et arméniens orthodoxes, durant cette dure période. Nous saluons leur courage, leur foi et leur amour pour tous”.