CITE DU VATICAN, Jeudi 12 décembre 2002 (ZENIT.org) – Selon un évêque philippin, l’Eglise doit comprendre que les travailleurs immigrés catholiques sont autant d’évangélisateurs potentiels, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie, dans le bulletin du 1er décembre (EDA, cf. http://eglasie.mepasie.org), N°364.
A l’occasion d’un colloque organisé du 18 au 20 octobre derniers à Singapour qui a rassemblé 63 agents pastoraux actifs dans dix-huit pays différents au sein des communautés philippines expatriées, Mgr Ramon Arguelles, président de la Commission épiscopale philippine pour le soin pastoral des migrants et des gens du voyage, a déclaré que l’Eglise en tant qu’institution devait prendre conscience de l’immense potentiel que représentent les travailleurs catholiques émigrés dans le domaine de l’évangélisation.
« Les migrations doivent être mises au service de l’évangélisation », a déclaré l’évêque philippin, ajoutant que « plus nous reconnaissons la valeur qui est présente au sein des personnes et moins nous raisonnons en termes institutionnels dans notre approche de l’évangélisation, plus l’Eglise se montrera capable de répondre à l’appel de ce millénaire ». Un appel que le pape Jean-Paul II a exprimé lorsqu’il a rendu publique l’exhortation apostolique « Ecclesia in Asia », à la suite du Synode pour les évêques d’Asie, et qu’il a déclaré que la moisson serait abondante en Asie au troisième millénaire.
Pour Mgr Arguelles, l’évangélisation en Asie aujourd’hui est entre les mains des « catholiques ordinaires qui font sans doute les jobs aux trois ‘D’ (dirty, dangerous, difficult) mais qui le font avec un cœur joyeux ». Le témoignage de vie, simple et silencieux, de nombreux migrants catholiques sur leurs lieux de vie et de travail, au sein des familles chez lesquelles ils sont employés, est essentiel pour l’évangélisation. De ce fait, a poursuivi l’évêque philippin, le travail pastoral auprès des migrants ne peut se résumer à les aider à améliorer leurs conditions de vie ou de travail mais doit s’enraciner plus profondément.
Pour les migrants, il ne s’agit pas de bâtir « une Eglise philippine à Singapour ou ailleurs, mais de construire ‘l’Eglise’ », a ajouté Mgr Arguelles. Du côté des Eglises qui reçoivent les migrants, un véritable accueil doit être mis en place ; elles ne doivent pas avoir peur des « incursions » de ces migrants en leur sein. Dans ce contexte, l’accueil de « ceux qui ne partagent pas notre foi » est essentiel, « dans le respect des croyances mais sans crainte d’annoncer la Bonne Nouvelle ».
Selon Mgr Arguelles, l’Eglise aux Philippines dénonce à juste titre le coût humain et social que représente l’expatriation de près de sept millions de Philippins à travers le monde et la Commission qu’il préside a mis en place des programmes de réintégration pour les émigrés qui choisissent de revenir définitivement au pays. Mais, ne pouvant empêcher ce phénomène migratoire, l’Eglise doit savoir l’utiliser pour l’évangélisation. Il a cité deux exemples en ce sens : à Taiwan, les Philippins, même non catholiques, s’identifient à l’Eglise ; en Israël, une employée de maison philippine a été tuée lors d’une attaque suicide ; son employeur israélien, venu identifier le corps, a déclaré à la police qu’elle était une « femme au grand cœur, qui [le] servait avec dévouement ».
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