CITE DU VATICAN, Mardi 19 novembre 2002 (ZENIT.org).- Des religieux catholiques et musulmans d’Indonésie s’opposent à un projet de loi visant à légaliser l’avortement, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie (EDA, http://eglasie.mepasie.org) dans son édition du 15 novembre.
Des religieux catholiques et musulmans ont uni leurs voix pour manifester leur opposition à un projet de loi qui aboutirait à légaliser l’avortement en Indonésie. D’origine allemande, âgé de 73 ans et présent en Indonésie depuis 41 ans, le P. Adolf Heuken, jésuite, théologien spécialisé en morale fondamentale, a rappelé l’enseignement de l’Eglise catholique en la matière : « Tuer un être humain est contraire à la foi catholique et à son enseignement moral et contraire à la morale universelle. » Ses propos venaient en écho de ceux du président du Conseil indonésien des oulémas, Zakiah, qui a récemment déclaré que l’islam, religion professée par la majorité des Indonésiens, interdit l’avortement « quelles qu’en soient les motifs ».
La prise de position de ces deux responsables religieux intervient tandis que l’Association nationale du planning familial (PKBI), organisation dépendante du gouvernement, fait campagne pour que la chambre basse du Parlement légalise l’avortement des fœtus âgés de moins de 10 semaines. Depuis le mois de septembre dernier, la commission parlementaire qui suit les affaires sociales et les questions de population examine un projet de loi visant à réviser l’actuelle législation, qui date de 1992 et qui autorise l’avortement uniquement en cas de danger pour la vie de la mère.
Selon Azrul Awar, président du PKBI, la légalisation de l’avortement est devenue nécessaire pour faire face au taux élevé et en constante augmentation de grossesses non désirées dues à l’échec du contrôle des naissances en Indonésie. Toujours selon lui, de 30 à 50 % des Indonésiennes enceintes d’une grossesse non désirée recourent à des pratiques abortives dangereuses. Azrul Azwar, qui est aussi directeur général de la Promotion de la Santé publique au ministère de la Santé, explique que ces pratiques contribuent à la hausse du taux de décès en couche, taux qui se situe aujourd’hui autour de 450 décès pour 100 000 naissances viables. Selon I. B. Tjitarsa, médecin et vice-président du PKBI, médecin, le PKBI a traité 6 000 cas d’avortements en 2001, dont 80 % concernaient des grossesses non désirées chez des couples mariés. Il estime entre 2,5 millions et 3 millions le nombre des avortements pratiqués chaque année en Indonésie.
Pour le P. Heuken, ancien secrétaire général de la Commission pour la Famille de la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie, légaliser l’avortement revient à autoriser l’infanticide. Or, rappelle-t-il, le devoir de l’Etat est « de protéger la vie humaine et non pas de faire une loi pour tuer ». Le P. Heuken précise également que les avortements sont devenus une affaire de gros sous où les profits sont importants. Les personnes engagées dans ces activités devraient être sévèrement punies, a-t-il déclaré. Il a exprimé l’espoir que les catholiques indonésiens s’uniront pour empêcher la légalisation de l’avortement. Il en appelle aux familles catholiques pour répondre à ce défi en se fondant sur leur conscience et l’enseignement moral de l’Eglise. Il espère aussi que les évêques feront pression sur les législateurs pour qu’ils reconsidèrent sérieusement cette question. Pour le contrôle de la croissance de la population, le P. Heuken recommande les méthodes de régulation naturelle des naissances qui sont « plus efficaces, moralement acceptables et fiables ».
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