Le passage à la mort, entrée solennelle dans la plénitude de la vie

Messe pour les cardinaux et des évêques décédés cette année

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CITE DU VATICAN, Dimanche 17 novembre 2002 (ZENIT.org).- « Le passage à la mort est en réalité l’entrée solennelle dans la plénitude de la vie »: sous ce titre, L’Osservatore Romano en français du 12 novembre publie la traduction de l’homélie de Jean-Paul II lors de la célébration eucharistique en mémoire des cardinaux et des évêques décédés au cours de l’année, le mardi 5 novembre 2002, en la Basilique Saint-Pierre.

Le rite était célébré par le cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d’Etat. Au cours de la célébration, le Saint-Père a prononcé l’homélie suivante:

1. « Le Seigneur est bon pour qui se fie à lui, pour l’âme qui le cherche » (Lm 3, 25).

La solennité de la Toussaint et la Commémoration de Tous les fidèles défunts suscite chaque année dans la communauté ecclésiale une atmosphère de prière intense et diffuse. Une atmosphère à la fois triste et douce, dans laquelle la certitude réconfortante de la communion des saints atténue la douleur, qui ne disparaît jamais entièrement, pour les personnes disparues.

Entourés par cette atmosphère spirituelle particulière, nous nous retrouvons autour de l’autel du Seigneur, unis en prière pour les Cardinaux et les Evêques qui ont conclu leur séjour terrestre au cours des douze derniers mois. Et alors que, par l’intercession du Christ, nous offrons nos prières d’intercession pour eux, nous sommes reconnaissants des exemples qu’ils nous ont laissés afin d’accompagner notre chemin.

2. En ce moment, les prélats défunts sont vivement présents dans notre esprit. Nous étions attachés à certains d’entre eux par des liens de profonde amitié et je sais, en parlant ainsi, que j’exprime également les sentiments d’un grand nombre d’entre vous. J’ai à coeur de mentionner de façon particulière, les vénérés Cardinaux qui nous ont quittés: Paolo Bertoli, Franjo Kuharic, Louis-Marie Billé, Alexandru Todea, Johannes Joachim Degenhardt, Lucas Moreira Neves, François-Xavier Nguyên Van Thuân, John Baptist Wu Cheng-Chung. A leur souvenir s’unit celui des Archevêques et des Evêques qui, dans les différentes parties du monde, sont parvenus au terme de leur chemin terrestre.

Ces frères sont arrivés au but. Il y a eu un jour où chacun d’eux, encore plein d’énergie, a prononcé son « Me voilà! » au moment d’être ordonné prêtre. D’abord dans leur coeur, puis à haute voix, ils ont dit: « Me voilà! ». Tous ont été de façon particulière unis au Christ, associés à son Sacerdoce.

A l’heure de leur mort, ils ont prononcé le dernier « Me voilà! », accompagnant celui de Jésus, qui mourut en remettant son esprit entre les mains du Père (cf. Lc 23, 46). Au cours de toute leur vie, en particulier après l’avoir consacrée à Dieu, ils ont « cherché les choses d’en haut » (Col 3, 1). Et à travers la parole et l’exemple, ils ont exhorté les fidèles à en faire tout autant.

3. Ils ont été des pasteurs, des pasteurs du troupeau du Christ. Combien de fois, avec le Peuple saint de Dieu, ont-ils récité le Psaume « De profundis »! Lors des obsèques, dans les cimetières, dans les maisons où était entrée la mort: « De profundis clamavi ad te, Domine / … quia apud te propitiatio est / …speravit anima mea in Domino / … quia apud Dominum misericordia / et copiosa apud eum redemptio » (Ps 129, 1.4.5.7).
Chacun d’entre eux a donné sa propre vie pour annoncer ce pardon du Christ, la miséricorde du Christ, la rédemption du Christ. Jusqu’au moment où est venue la dernière heure pour chacun d’eux. A présent, nous sommes ici pour prier pour eux, pour offrir le Sacrifice divin à l’intention de leurs âmes élues: « Domine, exaudi vocem meam » (Ps 129, 2)!

4. Ils ont été des pasteurs. Grâce au service de la prédication, ils ont communiqué au coeur des fidèles la vérité bouleversante et réconfortante de l’amour de Dieu: « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Au nom du Dieu d’amour, leurs mains ont béni, leurs paroles ont réconforté, leur présence – même silencieuse – a témoigné avec éloquence que la miséricorde de Dieu n’a pas de fin, que sa compassion est inépuisable (cf. Lm 3, 22).

Certains d’entre eux ont eu la grâce d’offrir ce témoignage de façon héroïque, en affrontant de dures épreuves et des persécutions inhumaines. Dans cette Eucharistie, nous en rendons louange à Dieu, en implorant de pouvoir honorer dignement leur mémoire et le lien éternel d’amitié fraternelle, dans l’attente de pouvoir les embrasser à nouveau dans la maison du Père.

5. « Quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire » (Col 3, 4).
Ces paroles de saint Paul, qui ont retenti dans la deuxième lecture, nous invitent à regarder la vie éternelle, vers laquelle nos vénérés frères ont accompli le dernier pas. A la lumière du Mystère pascal du Christ, leur mort est, en réalité, l’entrée dans la plénitude de la vie. Le chrétien, en effet – comme le dit l’apôtre – est déjà « mort » pour le Baptême et son existence est mystérieusement « cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3, 3).

Sous cette lumière de la foi, nous nous sentons donc encore plus proches de nos frères défunts: la mort nous a apparemment séparés, mais la puissance du Christ et de son Esprit nous unit de façon encore plus profonde. Nourris du pain de la vie, nous aussi, avec ceux qui nous ont précédés, nous attendons avec une ferme espérance notre pleine manifestation.

Que la Vierge Marie veille sur eux comme sur nous, et nous permette de parvenir tous à occuper la « place » que le Christ, notre vie, nous a préparée dans la maison du Père (cf. Jn 14, 2-3).
« Salve Regina! ».

© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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