France: Campagne pour la suppression complète de la pornographie télévisée

Pour la protection de l’enfant

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CITE DU VATICAN, Vendredi 15 novembre 2002 (ZENIT.org) – A propos du lancement, en France d’une campagne de protection des enfants contre la pornographie à la télévision, Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance pour les Droits de la Vie explique cette démarche pour les lecteurs de Zenit.

Tugdual Derville explique en particulier: « Les éducateurs constatent tous que les « normes pornographiques » constituent de plus en plus la référence initiatique pour les adolescents. Elles expliquent la montée de la violence sexuelle. Comment accepter qu’une image aussi dégradée des femmes les conduise à subir une telle violence ? Nous rejoignons là le combat de certaines associations féministes ».

ZENIT: Au moment où le débat sur la pornographie à l’Assemblée nationale approche, vous lancez une campagne de sensibilisation. Pouvez-vous nous dire ce que vous en attendez ?

TD: Nous demandons la suppression complète de la pornographie télévisée. On reconnaît aujourd’hui que c’est par la télévision que la pornographie s’est banalisée et que de nombreux jeunes et même des enfants sont traumatisés à cause d’elle. Il est essentiel que notre société traduise cette prise de conscience en actes. C’est le sens de notre campagne.

ZENIT: Par quels moyens agissez-vous ?

TD: Nous avons choisi d’aller à la rencontre d’un maximum de nos concitoyens dans la rue en leur distribuant un dépliant argumentaire. Plus de 1000 volontaires commenceront cette diffusion à partir du vendredi 15 novembre à 17H. Nous avons déjà fait parvenir dans toute la France les 500.000 premiers dépliants à diffuser. Nos équipes vont également distribuer aux décideurs, aux associations, aux établissements scolaires etc. une affiche qui reprend et synthétise le dépliant.
Un site Internet (www.sosenfance.org)
vient enrichir ce débat, mais surtout il propose de recueillir les témoignages des Français à propos de la pornographie. Nous avons en effet eu depuis des années des courriers qui nous disaient quelles blessures les images pornographiques pouvaient causer dans les couples. Certains ce sont séparés parce que l’homme s’était enfermé dans une forme de dépendance qui avait brisé sa relation conjugale. Je me souviens des appels poignants d’un homme conscient de sa dépendance et nous demandant d’agir.

ZENIT: Mais votre campagne parle d’abord des enfants ?

TD: Oui, parce que nous pouvons tous être d’accord pour au moins éviter que des enfants voient ces images qui constituent pour eux (je cite les experts du CIEM qui ont rendu un rapport au gouvernement en mai dernier) « un traumatisme analogue à celui d’un abus sexuel » ! Une enquête en classe de CM2 a déduit qu’on pouvait estimer qu’un enfant de 11 ans sur 2 a visionné une séquence pornographique… Et les éducateurs constatent tous que les « normes pornographiques » constituent de plus en plus la référence initiatique pour les adolescents. Elles expliquent la montée de la violence sexuelle. Comment accepter qu’une image aussi dégradée des femmes les conduise à subir une telle violence ? Nous rejoignons là le combat de certaines associations féministes.

ZENIT: Comment analysez-vous les positions politiques sur ce sujet ?

TD: Il y a un vrai début de prise de conscience. Au moins en ce qui concerne les enfants et les jeunes, et peut être la condition des femmes. Par contre le phénomène d’addiction que subissent beaucoup d’hommes est totalement passé sous silence. C’est pourquoi les politiques recherchent simplement une solution pour protéger les enfants.
Sur ce point, nous saluons le courage de Dominique Baudis et aussi de Blandine Kriegel qui a rendu publiques hier les conclusions de son rapport. L’un comme l’autre ont le mérite de s’opposer aux chaînes de télévision, au risque de passer pour des censeurs ; mais faut-il rappeler que la liberté d’expression s’inscrit dans un cadre qui ne permet pas n’importe quoi ? Proférer des propos racistes ou diffamatoires n’est pas accepté : pourquoi accepte-t-on de diffuser des scènes dont la violence blesse au plus profond notre intimité ?

ZENIT: Pensez-vous qu’on s’oriente vers une loi plus stricte ?

TD: Nous le souhaitons, d’abord au nom des enfants. Notre crainte actuelle est qu’un consensus mou s’établisse autour de la notion de « double cryptage », celle-là même que propose Canal +, chaîne qui entend maintenir ses profits et ses 20 % d’abonnés qu’on estime dus à la pornographie. Ce serait pour nous une situation insatisfaisante, et, d’une certaine façon hypocrite. Car le double-cryptage n’est pas techniquement au point : rien ne prouve qu’il protégera les enfants, notamment dans les familles qui n’assument pas leur responsabilité. Il y aurait quelque chose de douteux de se ranger à l’avis des diffuseurs de films X.

ZENIT: La pornographie est présente sur bien d’autres supports que la télévision…

TD: Malheureusement oui. La télévision reste cependant le vecteur principal de banalisation. Nous savons bien l’impact des vidéos cassettes, de certaines émissions radiophoniques « pour les jeunes », et surtout d’Internet.
Et nous voulons participer à une prise de conscience pour que les outils modernes de communication ne soient plus détournés de leur vocation au point de devenir des outils anti-humain. Je pense que la plupart des personnes se rendent compte, à cause de la révélation de réseaux pédophiles, qui échangent des images pornographiques particulièrement odieuses, qu’on est allé trop loin et qu’il faut pouvoir protéger les plus faibles. J’ajoute que nous avons de nombreux témoignages de personnes qui se sentent agressées par l’utilisation de codes pornographiques dans les affiches, les spots publicitaires commerciaux et les encarts dans la presse.

ZENIT: Peut-on proposer sur ces questions quelque chose de positif ?

TD: D’abord nous avons souhaité communiquer d’une façon douce et non agressive, ce que, je l’espère, le choix des visuels de notre campagne permet. La réponse à la violence de la pornographie doit à notre avis se faire par une résistance paisible. De façon positive également, il est important de témoigner que corps et cœur sont étroitement reliés dans l’expression de la sexualité alors que la pornographie est trompeuse en dissociant la génitalité des relations affectives, laissant croire qu’une telle dissociation peut combler. A cet égard il faudra développer d’autres programmes d’éducation sexuelle que ceux que proposent certains groupes qui ont de l’amour une vision à la fois pessimiste et strictement hygiénique. Nous savons bien que la sexualité est intime et personnelle (c’est ce qui fait sa beauté), mais qu’elle est aussi un lieu de fragilité et souvent de blessures. C’est justement pour cela qu’il faut protéger les relations sexuelles de leur exposition en public. Elles ne regardent que ceux qui les vivent.

ZENIT: Agissez-vous seuls ?

TD: Les équipes de l’Alliance pour les Droits de la Vie, agissent, pour diffuser cette campagne, en partenariat avec le Comité Protestant pour la Dignité Humaine (CPDH) et la Fédération Familles Médias qui est une association de téléspectateurs. Et nous appelons bien entendu toute personne de bonne volonté à participer personnellement à cette diffusion, en lui demandant de partager avec nous l’intention de fermeté et de douceur qui l’anime.

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ZENIT Staff

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